Commentaire de l’Évangile du troisième dimanche du temps ordinaire
Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (1, 1-4 ; 4, 14-21) du troisième
dimanche du temps ordinaire.
Texte
intégral du commentaire
En ce troisième dimanche du temps ordinaire,
nous prions pour l’unité des chrétiens dont la semaine, qui lui fut consacrée, s’achève.
Les textes de ce jour nous invitent à cette unité. Le prophète Esdras, dans la première
lecture, lit le livre de la Loi devant tout le peuple rassemblé après l’exil : ainsi
ceux qui furent déportés, ceux qui sont restés, et ceux qui avait fuit, se retrouve
d’un seul cœur pour écouter cette parole de vie. Et ils pleurent d’entendre ces paroles
qu’ils avaient peu ou prou entretenues dans leur cœur et dont ils redécouvrent qu’elles
sont leur existence et leur unité. Saint Paul va nous rappeler dans la seconde
lecture, que les membres d’un corps ne peuvent se détacher ou refuser d’accomplir
leur fonction : ils forment un tout et chacun, le plus faible ou fort qu’il soit,
est une partie indispensable dont le bon ou le mauvais fonctionnement rejailli sur
tout le corps. Ainsi nous sommes uns. Non par une origine commune,
ni par une volonté commune mais par le désir et la volonté de Dieu de nous faire un
en lui et avec lui. En commençant son évangile, Luc nous révèle que cette
unité se construit pas à pas. S’il a voulu offrir à son ami Théophile un exposé complet
des événements de Jésus et de la foi annoncée, il en a pris les moyens, en collectant
tous les sources capables de construire son récit dans la vérité : « afin que tu te
rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus ». Cette
unité tant recherchée et cette cohérence de la vie ne proviennent pas d’un événement
particulier, « miraculeux », déclencheur, comme chez les autres évangélistes. En Jean,
Cana et l’heure du Fils de l’homme ; en Marc, le baptême et l’expulsion d’un démon
pour signifier la puissance du Fils de Dieu ; en Matthieu, le baptême et la guérison
de toute infirmité dans le peuple marquent l’action de Dieu à l’œuvre dans le monde. En
Luc les événements découlent d’eux-mêmes, Jésus enseigne, vient à Nazareth et comme
tout un chacun lit un morceau de la Torah. Mais il s’arrête au début de la promesse
en Isaïe 61, 1-2, sur les bénédictions promises : « L’Esprit du Seigneur est sur moi
(…) Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils
sont libres (…) annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur ». Mais il
ne poursuit pas sur le jour de vengeance, qui suit dans le texte. Et là où
les auditeurs, ayant les yeux fixés sur lui, attendent un long commentaire de la Parole,
il déclare simplement : « Cette parole de l’écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ! ». Les
promesses viennent à leur accomplissement. C’est aujourd’hui. Et leur accomplissement
découle de Jésus lui-même : Il est véritablement le réalisateur des promesses. Il
ne s’arroge rien, il pourrait dire : « je suis celui qui a reçu l’onction, je suis
l’envoyé » Non, c’est aujourd’hui ! Il faut une reconnaissance intérieure,
une foi entretenue pour, avec le regard ouvert à Dieu, voir qu’il accomplit ses promesses,
délicatement, simplement, humblement. Celui qui regarde, comme le fait et le dit Luc,
voit Jésus comme l’aujourd’hui de Dieu. Il mesure, sans à-coup, cette présence de
Dieu qui accomplit ses promesses, en moi, en mes frères, en l’Église. Point n’est
besoin d’éboulements, de feu tombé du ciel ni d’ouragan, simplement d’un « silence
évocateur, d’une fine brise légère » qui me rappelle que c’est « aujourd’hui que cela
s’accomplit ». En cette année aurons-nous la patience et la disponibilité
de cœur pour écouter le Seigneur en tout ce que nous vivons ? C’est aujourd’hui, maintenant
que ma parole s’accomplit en toi, nous rappelle-t-il.