Commentaire de l’Évangile du quatrième dimanche de l’Avent
Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (1, 39-45) du quatrième dimanche
de l’Avent.
Texte
intégral du commentaire
En ce quatrième dimanche de l’Avent, l’Évangile
de Luc nous invite à méditer sur la visitation de Marie à Élisabeth : « En ces jours-là,
Marie se mit rapidement en route vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra
dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth ». Cette visite pourrait paraître bien
anodine, celle de la rencontre de deux cousines vivant la même joie de donner la vie,
mais ici Luc nous fait toucher du doigt un fondement théologique essentiel : la continuité
de l’histoire du salut, même si l’avènement de Dieu s’incarnant en Jésus, est unique.
Ainsi
nous voyons rassemblées, en un unique moment, Élisabeth, dernière figure des promesses
de l’Ancien Testament, et Marie, figure de l’accomplissement de la promesse, qui inaugure
le Royaume advenu, dans ce Testament renouvelé. Leur dialogue va devenir une symphonie
d’actions de grâce, louant leur joie d’accomplir la volonté du Très-Haut. Cela culminera
par le magnificat qui chante l’âme de Marie répondant à son Seigneur, que beaucoup
de compositeurs transcriront dans la magnificence de leur art.
Mais, il
serait facile de penser que Luc, le seul nous faisant part de ces événements, aurait
« inventé » ces récits pour illuminer la partie inconnue de l’enfance de Jésus. Ce
serait nous méprendre que d’aller dans ce sens, car Luc a collecté nombre de témoignages
et pour rester dans la vérité de l’événement, il a tenu a reprendre des phrases d’hymnes
ou de récits de l’Ancien Testament pour autant souligner le dessein d’amour de Dieu
qu’en corroborer l’exactitude et leur accomplissement.
Ainsi, pour mieux
comprendre cette visitation, il nous faut nous replonger dans l’épisode du transfert
de l’Arche d’Alliance à Jérusalem par le roi David dans le deuxième livre de Samuel
au chapitre six.
David se leva et partit pour Balaa de Juda pour en faire
monter l’Arche de Dieu. Marie, de même, nous dit le texte de Luc, se leva et partit
dans la montagne vers une ville de Juda. Plus loin, David s’exclame : « Comment l’Arche
du Seigneur pourrait-elle entrer chez moi ? ». Comme Élisabeth s’exclamera en écho:
« Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ».
Le
récit sur David montre la joie du peuple et de son roi à cette présence, tout comme
celle d’Élisabeth et de Jean-Baptiste en présence de Marie et Jésus ; David va danser
de joie devant l’Arche ; Jean-Baptiste va tressaillir dans le sein de sa mère à la
présence de Jésus.
L’Arche monte vers Jérusalem et s’arrête dans la maison
d’Oved-Edom, durant trois mois, comme Marie s’arrête dans la maison de Zacharie et
y demeure trois mois.
Cette analogie nous fait vraiment toucher l’essentiel :
Marie est le « tabernacle » de la présence de Dieu qui s’incarne, comme l’Arche était
le « tabernacle » de la présence de Dieu signifié par les tables de la Loi. Et Dieu
nous fait passer de la pierre à la chair. Le règne de la Loi se transforme en règne
d’amour éternel, désormais et définitivement inscrit dans la chair, dans notre chair.
Méditons ce mystère qui s’accomplit. Mesurons cette figure de Marie offrant, dans
cette jubilation intérieure, le salut de Dieu au monde, comme Dieu nous invite, nous
aussi à le faire. Accueillons, au-delà des surabondances festives, humblement, simplement,
joyeusement, le don de Dieu qui nous est fait, à chacun, personnellement.