Commentaire de l’Évangile du deuxième dimanche de l’Avent
Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (3, 1-6) du deuxième dimanche de
l’Avent.
Texte
intégral du commentaire
En ce deuxième dimanche de l’Avent, nous nous acheminons
tout doucement vers la fête de Noël, la fête de l’incarnation du Fils de Dieu. Et
cette fête n’est pas simplement le souvenir d’un événement agréable, mais la mémoire
de l’éternité de Dieu qui s’insère dans le temps, dans notre temps. Voilà pourquoi
saint Luc va commencer l’Évangile de ce jour par citer tous les repères spatio-temporels
qui ont marqué ce changement du monde : l’an quinze du règne de Tibère, Ponce Pilate
étant gouverneur de la Judée. La Parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean,
fils de Zacharie. Il ne s’agit pas d’une légende néo-païenne, mais d’un fait historique
avéré que chacun peut mesurer. La contraposition des personnages du récit révèle
en même temps, l’universalité de l’appel évoqué et l’originalité du chemin à suivre
pour y répondre. D’un côté, les grands de ce monde sont évoqués, représentant toutes
les composantes humaines qui sont conviées, de l’autre côté est mis en relief un inconnu,
un pauvre de cœur, offert à l’irruption de la Parole de Dieu. D’un côté le monde et
sa puissance, de l’autre un homme et le désert ! Et c’est en lui que s’annonce le
chemin car il désignera le Messie, le Christ. Pourquoi est-il au désert et y prêche-t-il
alors qu’il aurait plus d’auditeurs en une grande ville. Parce que Dieu travaille
toujours les cœurs en les menant au désert. C’est le lieu du dépouillement, de la
saisie de l’essentiel sans autre interlocuteur que Dieu lui-même, dans un cœur à cœur.
D’ailleurs le peuple ne s’y trompe pas, il y rejoint Jean, car il sait que son histoire
s’y forge : Dieu n’a-t-il pas fait vivre sa pâque et donné sa Loi au désert ? N’a-t-il
pas régénéré ses prophètes découragés en ce lieu reculé ? Alors ils viennent à Jean
qui prépare leur cœur à une nouvelle pâque, définitive, et ils se laissent modeler
par la Parole : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin
sera comblé, toute montagne abaissée (…) et tout homme verra le salut de Dieu ». Oui,
préparez le chemin du Seigneur, marchez pour rencontrer Dieu, tel qu’il se donne humblement.
Marchez, à l’invite de Jean-le-Baptiste pour enfin découvrir vos cœurs, dans la vérité,
face à lumière de Dieu en ce petit enfant. Marchez, avec Jean, qui vous conduit
au Jourdain pour entrer dans la terre Promise. Il est le passeur, qui comme Moïse
semble s’arrêter et n’entre pas en terre promise, car c’est un autre qui doit traverser
et entraîner à sa suite un peuple nouveau. Le passage dans l’eau révélera qui il est
et qui nous sommes, en Lui, dans notre propre baptême. Voilà pourquoi nous devons
nous mettre en marche, comme dans un nouvel exode, chaque temps de Noël et de Pâques,
pour laisser Dieu nous redire qu’il il est et à quel salut il nous destine. C’est
un temps de préparation, à vivre sereinement, un temps d’austérité non triste mais
fécond, un temps de joie contenue mais si intense comme le violet de ce temps liturgique :
austère mais si évocateur d’espérance comme le germe et le bourgeon qui annoncent
l’éclatement de la vie.