Interdiction des minarets en Suisse : la réaction du porte-parole des évêques
Contre toute attente et défiant tous les sondages, les Suisses se sont prononcés par
referendum, à une majorité écrasante, ce dimanche, en faveur de l’interdiction de
la construction de minarets. A l’origine de cette initiative populaire, la droite
populiste helvétique accuse les minarets d’être le «symbole apparent d’une revendication
politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux». La construction
de minarets est désormais interdite en Suisse, a annoncé le gouvernement helvétique
dans un communiqué officiel publié seulement quatre heures après la fermeture des
bureaux de vote. Les quatre minarets existants ne sont pas concernés. Seuls quatre
cantons sur 26 ont rejeté la proposition. Ce vote va entraîner la modification de
la Constitution suisse. C’est un désaveu pour le reste de la classe politique suisse,
qui s’était unie contre le projet. Un danger pour la paix religieuse. Un choc pour
les Églises catholique et protestante qui avaient unanimement condamné le projet.
«La peur est mauvaise conseillère», avaient mis en garde les évêques catholiques. Écoutez
la réaction du porte-parole de la Conférence épiscopale helvétique, Walter Müller,
interrogé par Olivier Bonnel.
Ci-dessous
le communiqué des évêques suisses :
Votation populaire pour l’interdiction
de la construction de minarets « Interpellés par le oui à l’initiative »
Le
peuple suisse a accepté aujourd’hui l’initiative populaire pour l’interdiction de
la construction de minarets. Les évêques ont pris connaissance avec une grande attention
de ce résultat.
Pour les évêques, la décision du peuple représente un obstacle
et un grand défi sur le chemin de l’intégration dans le dialogue et le respect mutuel.
On n’est manifestement pas parvenu à montrer au peuple que l’interdiction de la construction
de minarets ne contribue pas à une saine cohabitation des religions et des cultures,
mais au contraire la détériore. La campagne, avec ses exagérations et ses caricatures,
a montré que la paix religieuse ne va pas de soi et qu’elle doit toujours être défendue.
Le
oui à l’initiative augmente les problèmes de la cohabitation entre les religions et
les cultures. Le défi premier constitue à redonner à la population la confiance nécessaire
en notre ordre juridique et l’attention appropriée aux intérêts de tous. Cela exige
la collaboration de tous en Suisse, et spécialement les responsables de l’État et
de l’Église.
Les difficultés de coexistence entre les religions et les
cultures ne se limitent pas à la Suisse. Les pasteurs de l’Église catholique ont rappelé
avant le vote que l’interdiction de la construction de minarets ne servira pas les
chrétiens opprimés et persécutés dans des pays islamiques mais qu’elle détériore la
crédibilité de leur engagement dans ces pays. Les évêques suisses encouragent toutes
les personnes de bonne volonté à s’engager encore plus aujourd’hui pour ces chrétiens
et à se tenir à leur côté.
Fribourg, le 29 novembre 2009 Walter Müller Chargé
d’information de la CES