Commentaire de l’Évangile du premier dimanche de l’Avent
Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (21, 25-28.34-36) du premier dimanche
de l’Avent.
Texte intégral
du commentaire
En ce premier dimanche de l’Avent, nous ouvrons une nouvelle
année liturgique en compagnie de l’évangéliste saint Luc. Il va nous préparer à accueillir
le Messie en accentuant son récit, au long des quatre dimanches préparatoires, sur
la réalisation de la promesse de la venue du Seigneur : elle n’est pas anodine, pour
la comprendre il faut veiller et prier ; sa venue est proche comme l’annonce Jean
le baptiste ; elle mobilise toute personne de bonne volonté : « que devons-nous faire ? »
s’entendra dire Jean-Baptiste ; elle est présente et s’accomplit comme le confirme
la visitation de Marie à Élisabeth. La promesse n’est pas anodine, pour la comprendre,
il faut veiller et prier ! Le récit de ce dimanche semble nous replonger dans les
affres apocalyptiques des dimanches précédents mais en plus violent, comme si Jésus
désirait nous épouvanter pour mieux nous inciter à la conversion. Mais a-t-on obtenue
une foi qui dure en la sollicitant par la peur ? L’histoire nous prouve le contraire.
Non, Jésus, en fait, ne fait que répondre aux questions de ses disciples qui s’interrogent
sur la venue du Royaume : « quand cela arrivera-t-il ? » et « quel signe nous l’annoncera ? ».
Et pour leur montrer l’urgence de la mobilisation intérieure et spirituelle de l’homme
vers Dieu, il évoque des images qui manifestent que le temps et l’espace doivent s’accomplir
pour être insérés dans le Royaume qui advient. L’espace semble s’agiter, signes
et ébranlements surviennent dans le ciel ; sur terre, les nations sont affolées, les
hommes meurent de peur dans la crainte des malheurs. Et tout cela prépare un déchirement
des nuées pour que le ciel rejoigne la terre : le fils de l’homme vient sur les nuées.
Il n’y a plus d’en bas ni d’en haut. Ce que l’on prenait pour un chamboulement total
ne sera que l’introduction de ce monde dans le Royaume par le Fils de l’homme lui-même.
Et tout ce en quoi l’homme avait mis son espérance, futilement et temporairement,
disparaîtra, jusqu’à lui-même aussi. Seuls subsisteront tous ceux qui ont placés leur
confiance dans le Fils de l’homme. Alors ils pourront se redresser et relever la tête
car la rédemption, leur rédemption sera proche.
Oui, même le temps semble être
bouleversé, car ce que Jésus annonce n’est pas d’un seul temps et d’une seule époque
mais de toute vie : le salut s’opère et le Royaume advient en chacun et en ce monde
lorsqu’il adhère pleinement au Christ dans la foi et qu’il coopère saintement et simplement
à l’œuvre de Dieu. Notre temps et notre espace intérieurs ne peuvent plus se contenter
des critères de ce monde : espace et temps strictement personnels car l’espérance
dépasse tout temps et la foi ne tolère plus de limites. Si je vis de Dieu, je vis
pour mes frères et je ne peux plus m’arrêter à moi-même. Alors je dois, comme dit
Jésus, être sur mes gardes, de crainte que mon cœur ne s’alourdisse et retombe dans
la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie. Ces fléaux de notre temps dont
les illusions me font croire que je peux, par leurs usages, satisfaire ma désespérance
et contenter ma vie. Non, Pour le croyant, tout son être tend vers la rencontre
du Christ, pour toujours, quelque soit le temps et le lieu où il vit. Ainsi se perçoit
la proximité du Royaume. Et cette attente se fait dans la veille audacieuse : tout
faire pour que mon cœur et ma vie reste dans cette présence amoureuse de Dieu. Il
m’appartient réellement de rester éveillé pour cela. La prière en est le signe, et
l’attention « aux paroles qui ne passent pas », la garantie. Contemplation et action,
dans la grâce de Dieu, maintiennent mon cœur vigilant et me tiennent debout plein
d’assurance dans la venue du Seigneur. Alors la crainte et la peur ne sont plus
à l’ordre du jour, non, cet Évangile est écrit pour relever, ressusciter, éveiller,
délivrer, rappeler que Jésus parle, que l’évangéliste le transmet et que la liturgie
le proclame. Réveiller de la torpeur, annoncer le sens de l’histoire, délivrer
de la crainte…voilà l’Avent vraiment ouvert !