Vingt-trois ans en état végétatif mal diagnostiqué
Pendant vingt-trois ans, ses médecins l’avaient cru dans le coma. Incapable de communiquer
car emprisonné dans un corps totalement paralysé, il se sentait pourtant éveillé :
« Je n’oublierais jamais le jour où ils ont finalement découvert ce qui n’allait pas,
ça a été ma seconde naissance », a expliqué cet ancien étudiant ingénieur et amateur
de sports de combat qui a appris à communiquer sur un ordinateur spécialement adapté. Victime
d’un accident de la route en 1983, il est depuis soigné dans un hôpital de Liège,
en Belgique, où médecins et infirmières l’avaient très vite considéré comme un cas
de coma végétatif. Il aura fallu des examens médicaux pratiqués à l’Université de
Liège pour découvrir, il y a trois ans, que son cerveau était intact. Le patient a
raconté le calvaire qu’il a vécu pendant des années, condamné à tout entendre de ce
qui se disait autour de lui, sans pouvoir intervenir. Aujourd’hui, il ne peut toujours
pas bouger, mais il peut lire grâce à un appareil placé au dessus de son lit et peut
communiquer par clavier interposé. Selon le médecin qui l’a libéré de sa prison, le
cas de Rom Houben ne serait pas un cas isolé. Il estime que plus de quatre patients
sur dix en état de conscience minimale « sont diagnostiqués de manière erronée comme
étant en état végétatif ». Dominique Jacquemin est aumônier de la clinique universitaire
de Mont Godinne en Belgique. Également enseignant-chercheur au centre d’éthique médicale
de Lille, il revient au micro d’Olivier Bonnel sur les nombreuses questions posées
par le cas Rom Houben.
Même réduit
à l’état « végétatif », l’homme ne devient jamais un « légume » : c’est en substance
ce que déclarait Jean-Paul II devant les participants au congrès de la Fédération
internationale des médecins catholiques, qui s’est tenu à Rome en mars 2004, au sujet
des personnes grabataires réduites à l’assistance alimentaire. « L’abandon ou l’interruption
des soins minimaux » de ces patients, devient une « vraie euthanasie par omission »,
déclarait alors le Pape qui contestait le terme d’« état végétatif ».