Commentaire de l’Évangile du dimanche du Christ-Roi
Le Père About commente l’Évangile selon saint Jean (18, 33b-37) du dimanche du Christ-Roi.
Texte intégral
du commentaire
« Es-tu le Roi des Juifs ? ». Cette question de Pilate
à Jésus nous introduit dans la dramatique la plus élevée du mystère du Christ. Car
sa réponse, à l’instant de sa Passion, peut induire sa mort mais surtout elle va le
définir par rapport à la loi et à l’annonce messianique.
Face à Pilate,
en répondant oui, Jésus se condamne car il se substitue à l’autorité instituée par
les romains et concurrence directement l’empereur : il ne peut qu’être éliminé par
la mort.
Face aux scribes, docteurs de la Loi et Grand Prêtre, sa
réponse est décisive car il revendique le titre accordé à David, de régner sur le
peuple au nom de Dieu en tant que Messie, l’envoyé de Dieu. Là aussi, la non-reconnaissance
par les autorités religieuses le condamne à mort.
Mais ce qui est
en jeu dépasse tout ce joli monde : pouvez-vous imaginer que le pouvoir de Dieu s’exprime
dans la faiblesse et la pauvreté de la nature humaine ? Pouvez-vous comprendre que
la Toute Puissance de Dieu peut, bien sûr, s’exprimer par une force terrible, mais
qu’il choisit de s’anéantir dans la nature humaine pour que chacun puisse le percevoir,
dans l’amour, la tendresse et la vulnérabilité, entre les mains de l’homme ?
Et
c’est précisément là que le cœur converti prend conscience du pas que Dieu veut lui
faire faire. La conversion, le retournement, lui fait comprendre que Dieu le touche
dans ce qu’il est : un être d’amour, non un quelconque sujet, encore moins un objet
entre ses mains.
Là où la puissance peut être synonyme de punition
face à la faute, Dieu se fait pardon aimant pour redonner espérance ;
Là
où la puissance peut être synonyme de pouvoir presque absolu, Dieu se fait serviteur
de tous dans la plus grande tendresse.
Là où la puissance peut être
synonyme d’invulnérabilité orgueilleuse, Dieu se laisse broyer et tuer par la main
de ses créatures.
Là où la puissance peut être synonyme d’indifférence
mortelle éternelle, Dieu s’anéantit pour que la vie soit dans la mort même.
Qui
peut dignement imaginer cela ? Et pourtant tout cela est devenu totalement réel !
La
Toute Puissance, comme répond le Christ, aurait pu mobiliser « des gardes qui se seraient
battus pour que je ne sois pas livré aux juifs » mais sa « royauté n’est pas de ce
monde », elle n’est que pour ceci : rendre témoignage à la vérité.
Et
la vérité, c’est le Père.
Alors, quand plus tard, Pilate posera
la question : « Qu’est-ce la vérité ? » Jésus ne répondra rien, non parce qu’il ne
peut pas, mais parce que pour la connaître, il faut totalement se confier au Père,
ce dont est incapable Pilate à ce moment-là. Tout comme les juifs et leurs responsables
incapables d’accepter un dieu fait homme, un dieu qui se rend vulnérable au pouvoir
humain alors qu’il a promis de les faire régner pour mille ans c’est-à-dire pour l’éternité.
Quelle
joie et quelle merveille de découvrir cette royauté du Christ-Jésus ! Quel embrasement
du cœur le croyant trouve-t-il en imitant son maître se confiant totalement au Père !
Oui,
Christ, tu es roi, roi d’amour, roi de vie, loin de toute fausse royauté humaine.
En ce jour de joie, donne-nous la grâce de ton humilité, donne-nous la grâce d’aimer
nos frères et de leur témoigner combien tu les aimes pour qu’ils découvrent enfin
la splendeur de vivre pour ton règne d’amour.