Le Synode est entré depuis jeudi dans une phase cruciale : l’élaboration des propositions.
Les axes de réflexion de chaque groupe ont été présentés par leurs présidents à la
tribune sur la base du rapport présenté par le cardinal Turkson mercredi et des questions
associées a ce rapport. Parmi les points récurrents, sans surprise, la formation
qui apparait à tous comme un effort nécessaire à mener à tous les niveaux de la société,
mais aussi une attention accrue au rôle de la femme et bien sur le dialogue interreligieux :
avec l’Islam d’abord, fondamental dans de nombreux pays au Nord comme au Sud du Sahara,
mais aussi avec les religions traditionnelles. Un thème qui a retenu plus d’une fois
l’attention des pères synodaux.
Écoutez le compte-rendu de notre envoyée spéciale,
Armance Bourgois.
Une dizaine
de jours après le début des travaux de la seconde assemblée spéciale pour l’Afrique
du Synode des évêques, trois cardinaux africains sont intervenus devant la presse
au Vatican. Ils ont particulièrement dénoncé les conditions souvent imposées avec
l’aide apportée aux pays africains. « Il faut que certains peuples, les Occidentaux
en particulier, se départissent de leur conviction que tout ce qu’ils pensent et que
tout ce qu’ils font doit devenir la règle dans le monde entier », a lancé le cardinal
Théodore-Adrien Sarr devant les journalistes. L’archevêque de Dakar a déploré l’existence
d’une « espèce d’impérialisme culturel ». À ses yeux, les « peuples occidentaux »
peuvent garder pour eux « ce qu’ils pensent être la vérité » et ne doivent
pas « l’imposer ». À son tour, le cardinal Wilfrid Fox Napier, archevêque
de Durban, en Afrique du Sud n’a pas hésité à dénoncer lui aussi « l’impérialisme
culturel » de l’Occident. « Il existe des idéologies explicites, a-t-il
encore précisé, et il en existe une autre, très menaçante, qui consiste à modifier
petit à petit les valeurs morales qui sont les nôtres ». « L’Afrique se
trouve dans une situation difficile », a pour sa part reconnu le cardinal kenyan
John Njue, et « il n’y a pas de doute que nous avons besoin de la coopération,
et d’aide pour permettre aux populations de prendre en main leur vie, mais il faut
aussi que leur indépendance soit respectée ». L’archevêque de Nairobi a ainsi
invité l’Occident à respecter « la culture et la dignité humaine des personnes ».
En prenant l’exemple du commerce du café, il a ainsi dénoncé « une véritable injustice »
concernant le prix offert aux agriculteurs africains au regard du prix final du produit
sur le marché occidental.
Autre problème récurrent les conflits et les
guerres et toutes les problématiques liées à ces situations. Mgr Laurent Monsengwo,
l’archevêque de Kinshasa, qui participait déjà au précédent synode pour l’Afrique
de 1994, admet que le travail reste énorme en matière de réconciliation des peuples. Écoutons-le
au micro de notre confrère Albert Mianzoukouta.
Lui aussi
Congolais, Gustave Lunjiwire-Ntako-Nnanvume, secrétaire international du mouvement
d’action catholique « Xavéri », dans la région du Kivu, a regretté que les jeunes
« mènent généralement une vie sans idéal et sans espoir d’un lendemain sûr ».
Ce laïc congolais, présent en tant qu’auditeur, a aussi regretté que les jeunes, « moralement
vulnérables », « ne bénéficient pas d’une attention » suffisante, entraînant un
« chômage systématique » et une dispersion de la jeunesse caractérisée par
l’engagement dans les groupes armés, la fuite des cerveau et les immigrations clandestine,
la délinquance sous toutes ses formes.
Autre épine au flanc du continent
africain, la santé. De nombreux acteurs œuvrent sur le terrain pour apporter de l’aide
aux malades quand ils le peuvent, car les états sont parfois trop fragilisés pour
mettre en place des politiques efficaces de santé publique. C’est le cas de la Caritas,
largement représentée en République Démocratique du Congo. À Rome, ces questions sont
posées ces jours-ci dans le cadre de la conférence sur le traitement des enfants atteints
du VIH, un colloque organisé à l’Université de la Sainte-Croix à l’initiative de Caritas
Internationalis et de l’ambassade des États-Unis près le Saint-Siège. Bruno
Miteyo est directeur de la Caritas en RDC et vice-président du mouvement pour l’Afrique,
il est venu plaider pour une meilleure coordination des acteurs de terrain et rappeler
que les politiques ont leur part de responsabilité à prendre. Il répond aux questions
d’Olivier Bonnel. Cliquez ici pour écouter.