2009-10-15 13:22:37

Intervention de Mgr António Francisco JACA, Évêque de Caxito (ANGOLA)


S. Exc. Mgr António Francisco JACA, S.V.D., Évêque de Caxito (ANGOLA)

L'intervention a été remise par écrit, mais elle n’a pas été prononcée en Salle.



La guerre civile et fratricide qui a dévasté l’Angola au cours des trente dernières années, avec tout son cortège de morts, a laissé des traumatismes profonds dans nos populations: des milliers de familles détruites et désunies, des milliers de veuves et d’orphelins, des milliers d’anciens militaires insuffisamment aidés et, pour certains, totalement abandonnés, et une grande partie de notre population qui vit au seuil de la pauvreté, etc.

Si d’un côté, il y a eu des investissements significatifs pour la reconstruction des infrastructures détruites par la guerre - ce qui est digne d’éloges - d’un autre côté, très peu voire presque rien n’a été fait pour aider à reconstruire le tissu humain sérieusement blessé par les longues années de guerre civile. Les conséquences se font déjà sentir, surtout en ce qui concerne l’augmentation alarmante de la criminalité parmi les jeunes et les adolescents.

La préoccupation de la société angolaise à ce sujet est aujourd’hui connue. Le désespoir s’empare des familles les plus pauvres, privées du nécessaire pour vivre, et de nombreux parents ne savent plus comment donner une éducation à leurs enfants. Nos églises et nos Sanctuaires deviennent ainsi, très souvent, des lieux où se réfugier, demander de l’aide, pleurer sur leurs peines et rechercher une parole de consolation. Une parole de consolation que les familles ne trouvent pas toujours parce que - et je le dis avec beaucoup de tristesse - un grand nombre de nos prêtres, engagés dans beaucoup d’autres occupations, ne sont pas disponibles pour s’occuper d’elles et ne leur prêtent pas l’attention pastorale nécessaire surtout pour le sacrement de la réconciliation et le ministère de l’écoute.

L’exode de la population des villages vers les villes a causé des changements profonds dans le modus vivendi des populations. La famille a, encore une fois, été frappée, surtout en ce qui concerne l’éducation des enfants. À titre d’exemple: les enfants, dans les grandes villes en particulier, restent seuls à la maison, parce que leurs parents, contraints de partir à l’aube pour aller travailler, les laissent dormir et, en revenant chez eux le soir très tard, les trouvent déjà endormis. Qui prend soin de ces enfants pendant toute la journée? Abandonnés à leur sort, ils ont pour compagnie les autres enfants, la rue, la télévision, etc. Nous avons ainsi des enfants qui s’occupent d’autres enfants, éduqués dans la rue, à la merci de tout et de tous.

On assiste également à l’invasion tacite de la télévision dans la vie de famille. L’influence négative sur les enfants et sur les jeunes, de certains programmes transmis par des chaînes nationales et internationales, est indéniable: feuilletons télévisés, films de violence, vidéoclip, musiques au langage impropre (également transmises amplement par les radios), qui affichent un style de vie complètement étranger à notre réalité, qui encouragent la violence et les autres comportements anti-sociaux. Il convient aussi de signaler ici certains contenus diffusés à travers Internet ou le téléphone portable, avec les sms et les vidéo messages, moyens modernes de communication dont la nouvelle génération fait grand usage. Dans ce dernier domaine, ce sont précisément les adolescents et les jeunes qui sont les protagonistes de la transmission réciproque des messages inconvenants.

Dans de nombreux quartiers périphériques, surtout dans les grandes villes, il existe des “salles” cinématographiques improvisées, où les enfants et les adolescents “consomment” ingénument des films de violence ou non recommandés pour les mineurs.








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