Intervention de Mgr Augustine SHAO, Évêque de Zanzibar (TANZANIE)
S. Exc. Mgr Augustine SHAO, C.S.Sp., Évêque de Zanzibar (TANZANIE)
L'intervention
a été remise par écrit, mais elle n’a pas été prononcée en Salle.
Je
souhaite le répéter: le thème de ce synode touche ma région de travail qui est à 99%
musulmane. Mon défi est: comment apporter la réconciliation dans une situation où
une seule personne prétend connaître toute la vérité et où tous les modes de vie –
qu’il s’agisse de culture, d’économie – et les hommes politiques sont dirigés et contrôlés
par une seule religion? Le plus gros problème que nous devons affronter est l’inégalité
de la distribution des rentrées du gouvernement, qui ne finance et ne supporte qu’une
seule religion, tandis que les autres sont des groupes tolérés sinon convertis!
Réconciliation-justice
et paix ne peuvent être une réalité en Afrique que si nous, les responsables religieux,
modifions notre état d’esprit sur nos propres cultures, traditions et interdits, ceux
utilisés et pratiqués par les religions traditionnelles africaines. La langue et les
noms donnés à ces groupes n’encourage pas du tout le dialogue et l’ouverture. Les
noms tels que “païens” et “animistes” font que personne n’ose révéler la vérité sur
sa foi. Résultat: on a des chrétiens le dimanche et des pratiquants de la religion
traditionnelle africaine les six autres jours de la semaine. L’Église en Afrique devrait
se battre sur tous les fronts pour harmoniser et pacifier la consciences des fidèles
africains qui cherchent à devenir de véritables disciples du Christ, mais se trouvent
à la croisée des chemins. Aussi je suggère que cette Deuxième Assemblée Synodale prenne
sérieusement en main le problème du dialogue et de l’inculturation. Que cela soit
clair: le dialogue appelle une pensée positive sur le peuple. Le peuple devrait être
d’abord et avant tout considéré comme des être humains indépendamment de leur croyance
religieuse, et accepter les autres demande une espèce de sacrifice de soi.
L’histoire
de Tanzanie a fait preuve de tolérance religieuse, mais cette valeur très appréciée
est menacée par le fondamentalisme religieux. Alors que l’île de Zanzibar demeure
à 99% musulmane avec des tribunaux islamiques (Tribunaux Kathi), ce n’est pas le cas
de la Tanzanie. Tandis que la Tanzanie se débat pour rester un État séculier, mais
avec la liberté de religion, elle subit désormais des pressions pour instaurer des
tribunaux islamiques et rejoindre l’Organisation de la conférence islamique à la charge
des contribuables. La stratégie de l’islam qui cherche à prouver qu’il est majoritaire
dans le pays, se base sur la prolifération des constructions de mosquées sur les autoroutes
ainsi que sur le contrôle du commerce et des hommes politiques. En Tanzanie, 80à
90% des transports long-courriers appartiennent aux musulmans et demandent en conséquence
que le vendredi soit un jour chômé.