2009-10-12 16:44:37

Intervention de Mgr Jean-Pierre TAFUNGA, Archevêque Coadjuteur de Lubumbashi (RDC)


S. Exc. Mgr Jean-Pierre TAFUNGA, S.D.B., Archevêque Coadjuteur de Lubumbashi (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)



Dans la plupart des cultures africaines, le mal est conçu comme une conséquence d’une transgression de ce qui est prescrit, qu’il s’agisse des préceptes divins - qui appellent inconditionnellement obéissance et soumission - ou d’une loi sociale dictée par les autorités qui gouvernent ou encore des interdits ou prescriptions rituelles. Tout acte qui diminue ou détruit la vie et tout acte ou attitude et comportement qui brise l’unité, l’ordre ou l’harmonie des choses est considéré comme étant un mal.

Suivant le genre de fautes commises, la personne concernée est appelée à avouer en toute franchise le mal commis. Cet aveu généralement se fait devant le chef, garant de l’ordre social ou devant un guérisseur. Dans certains cas, l’aveu se fait devant la communauté. L’incriminé est appelé à manifester sa ferme résolution de réparer nécessairement le tort causé.

Est concerné dans la réparation l’individu qui a commis le forfait ou à défaut, sa famille. La réparation se fait en payant les frais prescrits, les dommages et intérêts. Suivant les cultures, les frais équivalent à une somme d’argent prescrite par la tradition selon la gravité de la faute. Les dommages intérêts consistent à offrir un animal vivant ou un produit de la chasse.

Les personnes lésées peuvent alors accorder le pardon à ceux qui les ont offensées. La réparation clôt le processus aussitôt que la personne est pardonnée et la réparation effectuée.

Le point culminant de la réparation est le rite de réconciliation. Par peur de châtiment (mort subite, brutale, inopinée, etc) qui proviendrait directement de Dieu ou d’un féticheur, le transgresseur devrait accomplir le rite de réconciliation pour parfaire sa démarche et obtenir le pardon. Ce rite se déroulait en un endroit sacré, devant la communauté et l’officiant (mystagogue) qui présidait la cérémonie.

Les formules d’aveu, les attitudes du pénitent, les sévices corporels, les matières et objets utilisés et leur symbolisme ainsi que les gestes et formules que prononce l’officiant pour purifier le pénitent diffèrent suivant les tribus.

L’aveu est toujours suivi des conseils et des admonitions sévères pour aider à la conversion définitive. Il s’accompagne des rites parmi lesquels l’on doit signaler notamment : la cérémonie ritualisée de la bénédiction et du grand pardon ; le repas festif et communautaire, symbole de joie d’avoir recouvert la bonne situation d’avant la faute et d’avoir réconcilié les membres d’une communauté ; le paiement des honoraires à l’officiant; le rite d’apaisement des fétiches vengeurs ou des esprits lorsqu’on est maudit par l’offensé.








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