Des français et des belges, des polonais et des espagnols en grand nombre étaient
présents ce dimanche matin dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Ils étaient venus
assister à la proclamation par Benoît XVI de cinq nouveaux saints. Des délégations
officielles de très haut niveau avaient fait le déplacement pour cette liturgie solennelle.
Le couple royal belge, le Président polonais et le Premier ministre français étaient
présents. L’héroïsme de la sainteté – a souligné le Pape dans son homélie – exige
que l’on fasse un saut de qualité pour suivre le Christ, dans un geste d’amour et
de confiance sans réserves. C’est ce qu’ont fait les cinq nouveaux saints : Zygmunt
Szczęsny Feliński, Francisco Coll y Guitart, Jozef Damiaan de Veuster, Rafael Arnáiz
Barón e Marie de la Croix (Jeanne) Jugan. Benoît XVI a prononcé son homélie en espagnol,
flamand, français, italien, polonais.
Il a eu une pensée pour les nombreuses
personnes âgées qui souffrent de solitude et de multiples pauvretés, car elles ont
été abandonnées parfois par leurs propres familles. Benoît XVI évoquait la figure
de la nouvelle Sainte française, Marie de la Croix, dans le siècle Jeanne Jugan, fondatrice
des Petites Sœurs des Pauvres qui a consacré une partie de sa vie à l’assistance des
personnes âgées, qui a soigné leurs plaies et leurs souffrances, avec douceur et humilité,
qui a défendu la dignité de ces frères et sœurs en humanité que l’âge a rendus vulnérables.
Nos sociétés doivent redécouvrir la place et la contribution unique de cette saison
de la vie.
Le Pape a souhaité que les nouveaux saints, dont le charisme est
toujours d’actualité, servent d’exemple aux jeunes, qu’ils insufflent une nouvelle
vigueur à la vie intérieure des chrétiens. Évoquant un des nouveaux saints espagnols
Rafael Arnaiz, mort à l’âge de 27 ans, des suites d’une grave maladie alors qu’il
était encore novice, Benoît XVI a tourné ses pensées vers les jeunes qui aspirent
à la vérité pleine, à la joie indescriptible, des valeurs que l’on ne peut atteindre
que grâce à l’amour de Dieu. Le 2e nouveau saint espagnol, François Coll, a consacré
sa vie à l’éducation des enfants et des jeunes pour qu’ils puissent découvrir la richesse
insondable du Christ, l’ami fidèle qui ne nous abandonne jamais, qui ne se lasse pas
de se tenir à nos cotés et de revigorer notre espérance par sa Parole de vie
Zygmunt
Szczęsny Feliński, archevêque de Cracovie, fondateur de la congrégation des Franciscaines
de la Famille de Marie, a été un grand témoin de la foi et de la charité pastorale
en des temps très difficiles pour la nation et pour l’Église polonaises. Il a courageusement
défendu les opprimés lors de la répression russe de l’insurrection polonaise de 1863,
ce qui lui a valu 20 ans d’exil.
Le Père Damien, dans le siècle Jozef
De Veuster, membre de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, a quitté
sa terre natale, les Flandres, pour annoncer l’Évangile aux îles Hawaï et a consacré
la dernière partie de sa vie aux lépreux sur l’île de Molokai, devenant lui-même lépreux.
« En
ce 20e anniversaire de la canonisation d’un autre saint belge, le Frère Mutien-Marie,
l’Église en Belgique – a relevé Benoît XVI dans son homélie – est unie une nouvelle
fois pour rendre grâce à Dieu pour l’un de ses fils reconnu comme un authentique serviteur
de Dieu. Nous nous souvenons devant cette noble figure que c’est la charité qui fait
l’unité : elle l’enfante et la rend désirable. À la suite de saint Paul, saint Damien
nous entraîne à choisir les bons combats (cf. 1 Tm 1, 18), non pas ceux qui portent
la division, mais ceux qui rassemblent. Il nous invite à ouvrir les yeux sur les lèpres
qui défigurent l’humanité de nos frères et appellent encore aujourd’hui, plus que
notre générosité, la charité de notre présence servante ».
« Par son œuvre
admirable au service des personnes âgées les plus démunies, Sainte Marie de la Croix
est aussi comme un phare pour guider nos sociétés qui ont toujours à redécouvrir la
place et l’apport unique de cette période de la vie. Née en 1792 à Cancale, en Bretagne,
Jeanne Jugan a eu le souci de la dignité de ses frères et de ses sœurs en humanité,
que l’âge a rendus vulnérables, reconnaissant en eux la personne même du Christ. « Regardez
le pauvre avec compassion, disait-elle, et Jésus vous regardera avec bonté, à votre
dernier jour ». Ce regard de compassion sur les personnes âgées, puisé dans sa profonde
communion avec Dieu, Jeanne Jugan l’a porté à travers son service joyeux et désintéressé,
exercé avec douceur et humilité du cœur, se voulant elle-même pauvre parmi les pauvres.
Jeanne a vécu le mystère d’amour en acceptant, en paix, l’obscurité et le dépouillement
jusqu’à sa mort. Son charisme est toujours d’actualité, alors que tant de personnes
âgées souffrent de multiples pauvretés et de solitude, étant parfois même abandonnées
de leurs familles. L’esprit d’hospitalité et d’amour fraternel, fondé sur une confiance
illimitée dans la Providence, dont Jeanne Jugan trouvait la source dans les Béatitudes,
a illuminé toute son existence. Cet élan évangélique se poursuit aujourd’hui à travers
le monde dans la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, qu’elle a fondée et qui
témoigne à sa suite de la miséricorde de Dieu et de l’amour compatissant du Cœur de
Jésus pour les plus petits. Que sainte Jeanne Jugan soit pour les personnes âgées
une source vive d’espérance et pour les personnes qui se mettent généreusement à leur
service un puissant stimulant afin de poursuivre et de développer son œuvre ! »