2009-10-10 18:26:59

Intervention du Card. Leonardo SANDRI, Préfet de la Congrégation pour les Églises Orientales


S. Ém. le Card. Leonardo SANDRI, Préfet de la Congrégation pour les Églises Orientales (CITÉ DU VATICAN)



Je rends grâce au Seigneur qui nous permet de nous rapprocher de l’Église de Dieu qui est en Afrique. Dans sa variété ecclésiale particulière l’Afrique abrite l’Église patriarcale d’Alexandrie des Coptes catholiques et l’Église alexandrine catholique de rite ge’ez de l’Éthiopie et de l’Érythrée. L’Égypte, avec l’Église latine, jouit de la présence des communautés arménienne, chaldéenne, grec-melkite, maronite et syrienne. J’adresse mon salut aux confrères orientaux ici présents, et je l’étends à tous les pasteurs latins et orientaux d’Afrique, spirituellement unis à cette assemblée à commencer par Sa Béatitude Antonios Naguib, Patriarche d’Alexandrie des Coptes catholiques: je les remercie tous pour leurs innombrables efforts apostoliques. C’est une Église en expansion. La valeur sociale de sa mission religieuse se mesure à sa fidélité à ce qui lui est propre: la sauvegarde de l’homme intégral, dont la vocation est supraterrestre. Le premier élan donné par les Évêques, les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles est celui de promouvoir la réconciliation grâce à leur conversion personnelle pour que Dieu continue à accomplir en Afrique aussi cette “divinisation” de tous et de tout mise en lumière par les Pères grecs. Le Synode entend relancer le “service de la réconciliation, de la justice et de la paix”. Cette proposition est urgente. Son efficacité, cependant, se mesurera toujours à l’indispensable vision théologique et pastorale qui l’accompagnera. Que les Églises en Afrique, qui se sentent en communion avec le Successeur de Pierre et avec l’Église universelle, continuent sans aucune crainte à confesser le saint nom de Jésus Christ, l’œuvre de salut qu’il a accompli une fois pour toutes et dont la grâce retombe éternellement sur nous, témoignant que le vrai nom de la réconciliation, de la justice et de la paix n’est autre que celui de Jésus Christ, le Crucifié Ressuscité, donneur d’Esprit, Pierre angulaire et Époux de l’Église. La réflexion synodale ne pourra se poursuivre avec profit que dans une forte conscience christologique et ecclésiologique. C’est en n’y renonçant jamais que devront être faits les pas qui pourront redessiner les stratégies œcuméniques et interreligieuses conformément au progrès spirituel et social de l’Afrique. La situation est différente de celle du Synode de 1994, mais les lourds problèmes du passé demeurent. Il est très important que les chrétiens, les pasteurs et les fidèles, aient la conscience certaine que l’Afrique a donné beaucoup de son sang, de sa sueur et de ses larmes en témoignage de sa foi, de son espérance et de son amour, ce qui est une véritable réponse à l’appel de la sainteté. Je voudrais souligner une particularité éthiopienne/érythréenne: parmi les saints cités dans le n. 36 de l’Instrumentum Laboris ne figure pas, en effet, Giustino De Jacobis (1800-1860), le lazariste qui avait compris l’importance de la liturgie ge’ez pour le christianisme de la Corne d’Afrique et s’était “inculturé” (cf. n. 73). L’Afrique, en effet, doit continuer de travailler à une inculturation adaptée du message chrétien. C’est l’Exhortation apostolique “Orientale lumen” qui présente les Églises orientales comme “un exemple de réussite d'inculturation digne d'intérêt” (cf O.L. n. 7). Une relation saine et équilibrée entre la “religion et la tradition africaine” permettra à l’Église avec la communauté civile de soigner les plaies de l’Afrique. Santé, éducation, développement socio-économique, protection des droits de l’homme, guérison des blessures, lutte contre l’émigration par des programmes économiques locaux qui limitent la fuite des jeunes (n. 25, n. 65); exploitation et néo-colonialisme (nn. 12, 64, 72, 140), analphabétisme (n. 31), corruption (n. 57), situation de soumission des femmes,... demandent des réponses de charité agissante et de formation dans tous les domaines (cf. nn. 54, 60, 85, 93, 97, 111, 116, 123, 126-128, 129, 133-136). La coexistence et la collaboration sincère entre tous les catholiques des différents rites s’imposent. Sans cette entente, on barre le chemin au dialogue œcuménique, qui donne la force aux chrétiens de défendre leur liberté personnelle et communautaire et de professer publiquement leur foi, permettant à l’Église d’être libre et missionnaire et à l’Afrique d’être une “société plurielle”. Loins de constituer un obstacle à l’unité, insérées comme elles le sont dans la situation et les mentalités locales, les Églises orientales catholiques peuvent “bâtir des ponts” (n. 90) en vue de la réconciliation, de la justice, de la paix et de la rencontre avec l’islam déjà en marche dans plusieurs pays. J’appelle cela de mes vœux, tandis qu’avec la communauté d’Éthiopie et d’Érythrée je considère la portée symbolique de ce “pan de terre africaine” abrité par les murs du Vatican: l’Église de Saint-Stéphane-des-Abyssins et le Collège pontifical éthiopien. Je verrais volontiers en eux une image de l’Église qui, une fois le Synode terminé, se lance avec force et espoir sur les routes de la réconciliation, de l’espoir et de la paix en Afrique, se sentant avec joie “sub umbra Petri”.








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