Intervention de Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
S. Exc. Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale
(RÉPUBLIQUE DU CONGO)
L’Église a une mission prophétique urgente en
Afrique : Ezéchiel 3, 17-18.
Devant le spectacle désolant qu’offre au monde
l’Afrique dont les peuples sont quasiment dépossédés de la souveraineté qui leur revient
et ce, en grande partie, par leur propres enfants, l’Église se doit de poser un regard
lucide sur toutes les situations où la dignité humaine est bafouée, d’en analyser
les causes, et d’en déceler les mécanismes et d’interpeller sans se lasser les responsables.
Le danger est que devant tant d’injustices et d’exploitation l’Église froisse par
ne plus s’en émouvoir, par s’y habituer, et par ne plus parler, devenant ainsi complice
du malheur des populations, alors que sa mission est d’être “la voix des sans voix’’.
Mais
cette mission prophétique ne pourra être exercée avec autorité morale que dans la
mesure où l’Église offrira en son sein le témoignage d’une communauté réconciliée.
À tous les niveaux (communautés ecclésiales de base, mouvements, communautés religieuses
et sacerdotales, etc.), l’Église est appelée à être un espace humain où la réconciliation
est toujours à l’ordre du jour. La fécondité de sa présence est liée à ce témoignage.
Enfin à l’Église incombe aussi le devoir de participer de manière active à l’élaboration
d’une pensée politique et économique autonome pouvant favoriser l’émergence d’une
Afrique réconciliée avec elle-même et maîtresse de son destin.