2009-10-07 14:38:46

Intervention de Mgr Antoine NTALOU, Archevêque de Garoua (CAMÉROUN)


S. Exc. Mgr Antoine NTALOU, Archevêque de Garoua (CAMÉROUN)



Au Cameroun, comme dans plusieurs autres pays d’Afrique, on note que bien des citoyens en situation de responsabilité, se reconnaissent enfants de la Mère-Église; on les rencontre pratiquement dans tous les secteurs de la vie, aussi bien dans le domaine de la santé que dans celui de l’éducation, de la politique, des affaires économiques, de la culture, de la vie associative etc.; il n’est d’ailleurs pas rare que ces personnes soient fières de ce qu’elles ont reçu de l’Église dans leur enfance ou leur jeunesse. Mais souvent, nous faisons aussi l’amère expérience de l’écart non négligeable qui existe entre l’organisation de la vie sociale et les exigences du message évangélique.

Nous nous trouvons là face à un problème très sérieux dont il faut déterminer la cause principale, pour chercher quel remède y apporter. Je crois, pour ma part, que l’âge de nos Églises d’Afrique aidant, certains manques dans l’organisation de la pastorale à l’intérieur de la plupart de nos diocèses expliquent, sans l’excuser, la situation que j’évoque. Il s’agit de l’insuffisance de formation doctrinale des chrétiens qui assument aujourd’hui des responsabilités au sein des structures de nos pays. Chez la majorité d’entre eux, le seul bagage doctrinal est celui qu’ils ont reçu au moment de la préparation aux sacrements d’initiation, et encore! Il ne faut donc pas s’étonner que souvent, dans le dialogue social, ils n’aient pas grand-chose à offrir, là où, par contre, plusieurs groupes d’intérêt ou de pression sont puissamment armés pour le combat idéologique; nos fidèles n’ont que leur bonne volonté à apporter.

Il est donc plus qu’urgent d’assurer une formation chrétienne solide aux fils et filles de notre Église qui s’engagent dans la politique, l’économie, et les autres secteurs-clefs de la vie de nos pays africains. Le programme de cette formation fera une large place à la doctrine sociale de l’Église, à la Bible, à la théologie, à la morale, à l’histoire de l’Église entre autres disciplines. L’on visera surtout à former la conscience de nos élites. Dieu merci, d’heureuses initiatives ont déjà vu le jour ici ou là sur le continent (écoles de théologie), et un laïcat conscient de ses responsabilités dans un monde à transformer de l’intérieur commence à se constituer. À l’heure actuelle, ces expériences sont encore très limitées, pour que l’impact du ferment de l’Évangile soit bien perceptible dans les réflexes et les habitudes des individus et des groupes. Mais on est dans la bonne direction.








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