2009-09-30 13:55:00

Médias et religions en Afrique


On avait coutume de qualifier la radio africaine de « sourde s’adressant à des muets ». Le paysage médiatique a bien changé, permettant l’instauration d’un véritable dialogue avec la société. Aujourd’hui, les organes de presse se trouvent aussi bien entre des mains publiques que privées et même confessionnelles. Une pluralité de propriétés qui renforce le pouvoir des médias, dont le rôle potentiel en faveur du développement de l’Afrique n’est pas des moindres.
Entretien avec Alymana Bathily, sociologue spécialiste des médias et coordinateur pour l’Afrique de l’Association mondiale des radios communautaires. RealAudioMP3

Propos recueillis par Lisa Azorin.

Retranscription

Il y a de la place, en général, dans les médias publics, les médias qui relèvent de l’État donc. C’est une tradition assez ancienne d’ailleurs de leur faire une place, plus ou moins importante selon les pays. En général par exemple, il y a toujours le dimanche, dans les pays de tradition catholique, la retransmission de la messe, des homélies, à Noël. Dans d’autres pays, il y a même tous les jours un moment qui est dédié aux différentes religions. En dehors de cela, il est reconnu maintenant, dans la plupart des législations, que les religions, en tant que communautés spécifiques, ont droit à l’accès aux médias, notamment à l’attribution de fréquences. C’est le cas dans la plupart des pays.

Quel est l’impact de ces médias confessionnels ?

L’impact des médias confessionnels est important. Il y a un public fidélisé, plus ou moins important selon les pays, et un public divers, qui suit régulièrement ces médias.

Quel genre d’informations ces médias diffusent-ils ?

Les contenus de ces médias sont assez variés. Il y a un contenu religieux, qui représente en général la part la plus importante du contenu. Mais à côté de ce contenu strictement religieux, il y a un contenu que nous avons appelé de développement, c’est-à-dire qui traite des questions de développement. Développement au sens large, c’est-à-dire aussi bien les questions d’agriculture que de VIH/sida, des problèmes de jeunesse…donc des questions de développement en général. Et un autre contenu important, c’est la musique. La musique religieuse et la musique en général.

Est-ce que médias et acteurs religieux ont intérêt à travailler ensemble en Afrique ?

Oui. C’est un partenariat qui peut fonctionner pour différentes raisons. Visiblement pour répondre au besoin d’informations religieuses ou de complément de la pratique religieuse, c’est-à-dire que dans certains cas, le média sert un peu de prolongement à l’Église. C’est un besoin des communautés religieuses aujourd’hui, pas seulement d’aller à l’église, ou à la mosquée, mais de chez eux de participer, d’écouter ou de voir, afin de participer au culte même. Donc cela répond à ce besoin-là. Mais cela répond aussi à un besoin d’informations générales, notamment sur le développement, à une participation citoyenne des fidèles également, qui est un besoin nouveau, mais réel, auquel ces médias répondent quelquefois.

De quelle manière les médias peuvent-ils jouer un rôle pour le développement de l’Afrique ?

En renforçant ce pluralisme, en aidant au débat. Et les médias religieux peuvent bien le faire cela, et l’ont fait très bien dans certains cas. Débat pas seulement sur les questions strictement de développement, mais sur les questions en général, les questions des jeunes, des femmes, débat sur les maladies, sur le VIH/sida, etc. Aux questions aussi sur la liberté, la liberté d’informer notamment. Je pense qu’en faisant cela, les médias religieux, comme tous les autres médias, participent au développement de l’Afrique.








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