Rencontres interreligieuses pour la paix à Cracovie : une large place donnée à l’Afrique
Pendant trois jours, un millier de personnes ont participé en Pologne à une conférence
pour la paix organisée tous les ans, dans l’esprit d’Assise, par la communauté catholique
de Sant’Egidio. Organisé cette année avec le concours de Mgr Stanislaw Dziwisz, ancien
secrétaire personnel de Jean-Paul II, le congrès s’est situé dans le cadre du 70e
anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Mais à l’approche de
l’ouverture du deuxième synode pour l’Afrique, le 4 octobre prochain, les promoteurs
ont souhaité également accorder une large place au continent africain. Monseigneur
Benoît Alowonou, évêque de Kpalimé au Togo participait à une table ronde sur la renaissance
de l’Afrique. Alors que ce continent connait de nombreux problèmes politiques, économiques
et religieux, nous lui avons demandé si le dialogue, qu’il soit interreligieux ou
politique, pouvait jouer un rôle dans la résolution de ces problèmes.
Transcription
interview : En tant que religieux, en tant qu’évêque, je dirais que chaque
religion doit parler à ses enfants. L’africain est de nature croyant, quelle que soit
sa croyance, il a un maître et si ce maître est un bon maître qui est religieux, je
crois qu’il parlera toujours de l’unité et par conséquent il faut que l’être africain
soit fidèle à sa religion. Qu’en est-il du dialogue politique ? Est-ce que
les religieux peuvent dialoguer avec les politiques et mettre en pratique l’enseignement
de l’Église ?
Les politiques africains vont voir le religieux la nuit et
le jour ils font autre chose. Et par conséquent, il faut qu’ils soient conscients
de ce qu’ils pensent et que ce qu’on leur dit la nuit soit révélé au grand jour. Il
ne faut pas se montrer chrétien ici et se montrer anti-chrétien ailleurs. Donc comment
cela peut se faire entre religion et politique, c’est d’abord que le politique fasse
confiance à la religion ; que le politique ne pense pas que le religieux veut prendre
sa place et il ne faut pas que le politique croit que le religieux doit partager coûte
que coûte sa position, car la position du religieux n’est pas une position partielle
c’est une position générale qui cherche l’unité, qui cherche le bien, qui cherche
vraiment le bien de l’ensemble. Alors, ce rassemblement à Cracovie se tient
quelques semaines avant le synode pour l’Afrique. Qu’attendez-vous précisément de
ce synode ?
L’Afrique attend de ce synode d’abord que ce ne soit pas un
synode pour les Africains mais le synode de l’Église pour l’Afrique. Il faut que l’Afrique
ne se présente pas comme quelqu’un qui est victime de quelque chose, que l’Afrique
ne se présente pas à ce synode comme une entité qui demande mais une entité qui doit
montrer sa capacité religieuse, sa capacité de réussir et qu’elle a des atouts qu’elle
peut développer et dans ce sens qu’elle croit vraiment que l’Esprit agit dans sa terre,
que l’Esprit Saint agit dans ses activités et qu’elle s’ouvre pour apporter sa pierre
à la construction de la Cité mondiale, de l’espérance à la construction d’un monde
nouveau que nous attendons tous.