Les évêques du Cameroun déplorent le traitement médiatique des propos du Pape sur
le SIDA
À la suite de la tourmente médiatique qui a suivi l’interprétation des propos du Pape
sur le préservatif, les évêques du Cameroun ont publié une déclaration relative aux
propos de Benoît XVI sur la lutte contre le SIDA. Les évêques camerounais déplorent
que les journalistes aient occulté toute l’action de l’Église sur la lutte contre
le SIDA et la prise en charge des malades. Ils s’étonnent surtout de ce que la presse
veuille faire croire à un malaise de l’opinion camerounaise pendant la visite du Pape.
Thomas Chabolle Vous pouvez lire
ci-dessous l’intégralité de la déclaration :
DÉCLARATION DE LA CONFERENCE ÉPISCOPALE
NATIONALE DU CAMEROUN RELATIVE AU MESSAGE DU SAINT-PÈRE SUR LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
LORS DE SA VISITE APOSTOLIQUE AU CAMEROUN.
Après la visite de Sa Sainteté le
Pape Benoît XVI au Cameroun, une certaine presse s’est fait l’écho d’un malaise qu’auraient
suscité les propos du Saint-Père sur l’usage des préservatifs et sur le VIH/SIDA.
Cette presse ne cesse de traiter d’irresponsable la position du Pape au sujet de l’usage
des préservatifs et donne à croire que ses propos sur ce sujet ont eu un effet négatif
et porté un coup de froid sur sa visite au Cameroun. Consciente des enjeux d’une
telle désinformation, la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun, par la voix
de son Président, S.E. Mgr. Victor Tonye Bakot, fait la mise au point suivante : Alors
que le Pape se trouvait dans l’avion qui devait l’amener jusqu’au Cameroun, il a accordé
une interview à la presse à bord du même avion. Cette interview s’est limitée à six
questions dont la cinquième à polémique posée par le journaliste de France2 Philippe
Visseyrias : « Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l’Afrique,
il y a également en particulier celui de la diffusion du Sida. La position de l’Église
Catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n’étant
pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ? ». Voici
in extenso la réponse du Saint-Père : « Je dirais le contraire : je pense que la
réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida
est précisément l’Église catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités.
Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui accomplit tant, de manière visible et
aussi invisible, pour la lutte contre le Sida, aux Camilliens, et tant d’autres, et
d’autres, à toutes les sœurs qui sont au service des malades. Je dirais qu’on ne peut
pas surmonter ce problème du sida uniquement avec de l’argent, pourtant nécessaire.
Si on n’y met pas de l’âme, si les Africains n’aident pas [en engageant leur responsabilité
personnelle], on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution des préservatifs
: au contraire, ils augmentent le problème. La solution ne peut se trouver que dans
un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire
un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter
l’un envers l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour
les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements
personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident
et qui et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force
de renouveler l’homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour
un juste comportement à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et cette
capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations
d’épreuve. Il me semble que c’est la juste réponse, et c’est ce que fait l’Église,
offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux
qui le font. » Les évêques du Cameroun s’étonnent de ce que les journalistes ne
retiennent de cette déclaration du Pape tout à fait complète que l’opposition aux
préservatifs, occultant toute l’action de l’Église sur la lutte contre le sida et
la prise en charge des malades. Ils s’étonnent surtout de ce que la presse veuille
faire croire à un malaise de l’opinion camerounaise pendant la visite du Saint-Père,
consécutivement à ses déclarations. L’épiscopat camerounais souligne et de manière
très forte, que les Camerounais ont accueilli avec joie et enthousiasme le Pape Benoît
XVI, confirmant ainsi leur hospitalité légendaire. Il ne nie pour autant pas la réalité
du sida, ni son effet dévastateur dans les familles au Cameroun. Le Saint-Père
met l’homme au centre de ses préoccupations et rappelle l’enseignement du Christ et
de l’Église. L’engagement de l’Église Catholique auprès des personnes vivant avec
le virus du Sida, l’accompagnement des personnes infectées et affectées sont des priorités
pour l’Église Catholique. L’accompagnement des personnes et des familles ainsi que
l’enseignement de l’Église permettent à chacun de se valoriser dans sa dignité de
fils adoptif de Dieu. Cette dignité oblige à porter un regard neuf sur l’autre et
sur le monde. Au lieu de chercher des expédients, l’Église propose à l’homme des valeurs
pérennes. L’Église catholique est partout engagée quotidiennement dans la lutte
contre le sida. À cet égard, elle a mis en place des structures adaptées pour l’accueil,
le suivi et le traitement des personnes infectées du VIH. Cette assistance est à la
fois morale, psychologique, nutritionnelle, médicale et spirituelle. Voilà le premier
message du Saint-Père sur le sida. À côté de cette action multiforme et constante,
l’Église, force morale, a l’impérieux devoir de rappeler aux chrétiens que toute pratique
sexuelle en dehors du mariage et non rangée est dangereuse et propice à la diffusion
du sida. C’est pourquoi elle prône l’abstinence pour les célibataires et la fidélité
au sein du couple. C’est son devoir. Elle ne saurait s’y soustraire. Voilà le second
message du Saint-Père. Les Évêques du Cameroun regrettent par conséquent que les
médias occidentaux notamment aient oublié les autres aspects pourtant essentiels du
message africain du Saint Père sur la pauvreté, la réconciliation, la justice et la
paix. Ceci est très grave, lorsqu’on sait le nombre de morts que causent d’autres
maladies en Afrique et sur lesquelles il n’y a aucune publicité véritable ; lorsqu’on
sait le nombre de morts que causent en Afrique les luttes fratricides dues aux injustices
et à la pauvreté. Avec le Pape, les Évêques du Cameroun rappellent à tous les chrétiens
et à tous les Camerounais : 1) Que les rapports sexuels ont pour finalité première
la procréation voulue par Dieu lui-même au début de la création. Le mariage entre
un homme et une femme est le cadre idéal voulu par Dieu pour cette procréation. 2) Que
l’Église catholique ne méprise pas les malades du Sida et n’encourage nullement la
propagation de la maladie ainsi qu lui prêtent certains médias. Elle est et restera
toujours active dans la lutte multiforme contre la maladie.