2009-03-22 19:03:17

Polémiques et manifestations contre Benoît XVI en France: éclairage du porte-parole de la Conférence des évêques


La polémique qui a suivi les propos du Pape sur le préservatif et le Sida, dans l’avion qui le conduisait au Cameroun mardi dernier, si elle est reléguée au second plan dans la plupart des pays, elle ne s’apaise pas en France. Au contraire. Le journal du dimanche a publié un sondage IFOP selon lequel 43% des catholiques français souhaiteraient que Benoît XVI démissionne. Par ailleurs les élus communistes au Conseil de Paris et les militants de l'association de lutte contre le Sida Act-Up organisé, ce dimanche, des manifestations ainsi qu’une distribution de préservatifs place Jean-Paul II, à Paris, c’est-à-dire sur le parvis de la cathédrale Notre Dame. Des affrontements ont éclaté avec des jeunes catholiques auxquels se seraient joints des militants d’extrême-droite.
Mathilde Auvillain a recueilli les explications du Père Podvin, porte-parole de la conférence des évêques. Ecoutez RealAudioMP3

Il y a deux jours, dans un entretien au Figaro, le cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris, avait déploré le lynchage dont Benoît XVI est victime et critiqué les catholiques qui veulent dévorer l’institution et ceux qui croient tout ce que disent les medias

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Lire aussi ci-dessous, une déclaration de l'évêque d'Ajaccio, Mgr Jean-Luc Brunin, rendue publique le 20 mars

" Soyez toujours prêts à justifier votre espérance » (1 Pierre 3, 15)

Une nouvelle fois, la polémique s’est engagée autour du pape Benoît XVI. Il me paraît utile d’apporter à la communauté catholique de Corse et, au-delà, aux personnes de bonne volonté troublées ou scandalisées par les propos rapportés dans les médias, les éléments d’information permettant de comprendre la portée réelle des paroles du Saint-Père lors de sa visite pastorale à l’Eglise en Afrique.

Pour éviter le « dé-lire », il est toujours prudent de « lire ». En l’occurrence, de prendre en considération l’ensemble des propos de Benoît XVI concernant ce fléau du sida qui frappe particulièrement les populations du continent africain.

Le pape n’a pas parlé du préservatif en termes d’interdit, comme certains raccourcis le laissent entendre. Il est évident qu’une personne contaminée par le virus IHV ne doit pas prendre le risque, dans une relation sexuelle, de transmettre le sida. C’est une question de bon sens et de respect de ce commandement fondamental : tu ne tueras pas ! Mais le pape a déplacé la question sur un terrain anthropologique beaucoup plus fondamental. Nous ne sommes pas, comme des commentateurs le prétendent pour disqualifier l’approche, face à une simple conception théologique ou une opinion morale, ou encore une position confessionnelle. Il s’agit bien d’une vision de l’homme et de sa dignité qui nous vient de l’Evangile et qui a une portée universelle.

Est-il scandaleux ou assassin de dire qu’on « ne peut résoudre ce fléau du sida par la distribution de préservatifs » ? Surtout lorsque le pape, dans la même déclaration, en appelle à une « humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre ».

Le pape mentionne les œuvres caritatives de l’Eglise, des organisations internationales comme Sant’Egidio ou des congrégations religieuses comme les Camilliens. L’Eglise en Afrique, comme d’autres O.NG, est quotidiennement présente auprès des malades du sida pour apporter des soins et du réconfort moral. Les chrétiens vivent une vraie proximité évangélique auprès des victimes de cette pandémie et de leur famille.

Le prochain Synode sur l’Afrique se tiendra en octobre prochain. Appelée à porter une parole de réconciliation, de paix et d’espérance, l’Eglise a autre chose à proposer aux africains qu’une vaste distribution de préservatifs pour faire face au fléau dévastateur du temps. Ce serait cautionner et promouvoir le zapping affectif et sexuel. Nous croyons qu’il est destructeur de l’homme, qu’il compromet l’équilibre et la stabilité de la famille, cellule de base de toute société.

Le message du Christ révèle une autre dimension de l’homme appelé à s’épanouir dans une vie relationnelle basée sur la confiance mutuelle, le respect de l’autre et la fidélité. C’est bien à cet idéal que le Saint-Père veut appeler dans son intervention. Cela participe clairement de l’annonce de l’Evangile de la vie qui détermine les prises de parole de l’Eglise catholique. Elle se reconnaît le droit et la mission d’intervenir sur tous les sujets concernant l’humanité. Elle le fait dans le domaine de la bioéthique, de la sexualité et de la famille, mais aussi sur la question du respect de l’environnement naturel, de la justice sociale, de la démocratie et du développement solidaire et durable. Elle le fait aussi sur les difficiles questions migratoires. Nous aimerions qu’en tous ces domaines aussi, la parole de l’Eglise soit entendue et répercutée largement. Ceux qui s’émeuvent légitimement du malheur des victimes du sida en Afrique, seront-ils aussi prompts à répercuter la parole de l’Eglise lorsqu’elle dénonce la misère qui continue de s’abattre sur le continent africain, ou la situation des centaines de migrants africains, - hommes, femmes et enfants -, qui viennent s’échouer et mourir sur les côtes de l’Europe ?

Prochainement, une initiative sera prise dans le diocèse, pour un temps de débat très large avec ceux et celles qui souhaiteront comprendre les raisons profondes et réelles qui poussent l’Eglise, dans l’esprit du Concile Vatican II, à prendre la parole sur tout ce qui touche l’homme et son avenir. Elle transmet, au nom du Christ, un idéal pour l’humanité. Même s’il demeure lointain et exigeant, cet idéal n’est ni ringard, ni disqualifié par un modernisme souvent réducteur et déshumanisant. La parole de l’Eglise que le pape porte courageusement, garde toute sa pertinence car elle dit des choses essentielles sur l’homme et pour l’homme.












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