Père Federico Lombardi : "Ceux qui nient la Shoah ignorent la Croix"
Le père Federico Lombardi, directeur général de Radio Vatican et du bureau de presse
du Saint-Siège propose une réflexion en réponse aux déclarations négationnistes sur
l’Holocauste de l’évêque lefebvriste, Mgr Richard Williamson et du chef de la communauté
lefebvriste du nord-est de l’Italie, le père Floriano Abrahamovicz.
Nous publions
ci-dessous une traduction de son éditorial :
« “La Shoah conduit l’humanité
à réfléchir sur la puissance imprévisible du mal quand il gagne le cœur de l’homme”.
Par ces paroles prononcées au terme de l’audience générale de mercredi 28 janvier,
le Pape a repris la profonde méditation de son discours au camp de concentration d’Auschwitz. Il
a non seulement condamné toute forme d’oubli et de négation de la tragédie de l’extermination
de six millions de juifs, mais a également rappelé les questions dramatiques que ces
événements posent à la conscience de chaque homme et de chaque croyant. Parce
que c’est la foi dans l’existence même de Dieu qui est mise au défi par cette manifestation
épouvantable de la puissance du mal. La plus évidente pour la conscience contemporaine,
même si elle n’est pas la seule. Benoît XVI l’a clairement reconnu dans
le discours d’Auschwitz, en s’appropriant les questions radicales des psalmistes à
un Dieu qui apparaît silencieux et absent. Face à ce double mystère – de
l’horrible puissance du mal, et de l’apparente absence de Dieu – la seule et dernière
réponse de la foi chrétienne est la passion du Fils de Dieu. Ce sont là
les questions les plus profondes et décisives de l’homme et du croyant face au monde
et à l’histoire. Nous ne pouvons et ne devons pas les éviter, et encore moins les
nier. Sinon, notre foi est vide et trompeuse. Celui qui nie la Shoah ne
sait rien du mystère de Dieu, ni de la Croix du Christ. Cela est d’autant plus grave,
donc, si la négation vient de la bouche d’un prêtre ou d’un évêque, c’est-à-dire d’un
ministre chrétien qu’il soit uni ou non à l’Église catholique ». Les
propos négationnistes tenus par des membres de la Fraternité sacerdotale Saint Pie
X continuent de susciter de profonds remous, y compris au sein de l’Eglise catholique,
une semaine après l’annonce de la levée des excommunications qui pesaient sur les
4 évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Plusieurs épiscopats se sont associés à l’intervention
du Pape mercredi appelant tous les peuples à reconnaître la Shoah. Dans un communiqué,
les évêques canadiens qualifient le négationnisme et le révisionnisme d’attitude odieuse;
ils rappellent que la levée de l’excommunication ne signifie pas la pleine réhabilitation
des bénéficiaires, et réaffirment leur détermination à poursuivre le dialogue avec
les juifs. En France, le vice-président de la Conférence des évêques a adressé une
lettre ouverte aux fidèles catholiques « qui ont le sentiment d’avoir été un peu trahis
en cette affaire » pour les inviter à méditer la parabole du fils prodigue. « Ayez
confiance en vous-mêmes et en l’Esprit qui conduit l’Eglise et qui a aussi guidé le
concile Vatican II» - écrit Mgr Hippolyte Simon qui déplore l’amalgame entre l’évêque
négationniste et le pape et qui demande « à qui profite cette provocation ? ».