Benoît XVI au Quirinal: L’Eglise revendique la liberté de ne pas trahir l’Evangile
Pour la deuxième fois depuis le début de son pontificat, Benoît XVI a été reçu ce
samedi matin au Quirinal, la résidence du chef de l’Etat italien, qui a été pendant
deux siècles une des résidences des papes. L’histoire des rapports mouvementés entre
l’Eglise et l’Etat italien, Benoît XVI l’a longuement évoquée dans son discours. Il
a rappelé les épreuves et les persécutions et l’exil subis par des papes comme Pie
VI et Pie VII. Ce palais –a-t-il commenté – a été pendant un certain temps comme un
signe de contradiction, quand l’Italie d’une part aspirait à former un Etat unitaire
et le Saint Siège de l’autre était soucieuse de sauvegarder son indépendance pour
garantir sa mission universelle. Les accords du Latran ont permis d’apaiser les rapports
bilatéraux en garantissant le respect de la souveraineté de l’Etat et celle de l’Eglise.
Aujourd’hui, l’Eglise ne vise aucun pouvoir, elle ne prétend pas des privilèges, ou
des facilités économiques et sociales, mais elle doit, toujours et partout, pouvoir
bénéficier du droit à la liberté religieuse, dans son intégralité. Une liberté qui
ne se limite pas à l’exercice du culte, mais qui doit tenir compte de la dimension
publique des religions et permettre aux croyants de participer à la construction de
l’ordre social. Benoît XVI a alors souhaité que la contribution de la Communauté catholique
soit accueillie par tous les italiens avec le même esprit de disponibilité avec lequel
elle est offerte. Il n’y a aucune raison de craindre de la part de l’Eglise et de
ses membres une quelconque volonté de porter atteintes aux libertés. Mais l’Eglise
et ses membres s’attendent à ce que soient reconnue la liberté de ne pas trahir leur
propre conscience éclairée par l’Evangile. Une réponse à ceux qui accusent régulièrement
l'Eglise italienne d'ingérence dans les affaires publiques et d'atteinte aux liberté
de ses citoyens. Dans son discours le Pape a, par ailleurs, accordé une large place
à la question cruciale de l’éducation. L’Eglise se sent concernée par la formation
des jeunes – a-t-il dit. C’est par l’éducation des jeunes que passe la construction
d’une société réellement animée par le sens de la légalité Le président italien,
Giorgio Napolitano, a pour sa part rappelé la laïcité de la Constitution italienne,
une laïcité qui n’exclut pas les religions du débat politique. Il a par ailleurs déclaré
partager les préoccupations du pape sur des thèmes tels que la montée du racisme dans
plusieurs pays, la faim dans le monde, le partage inéquitable des ressources de la
planète