Après le recueillement priant des Vêpres à Notre-Dame, c'est
avec enthousiasme que vous me saluez ce soir, donnant ainsi un caractère festif et
très sympathique à cette rencontre. Elle me rappelle celle inoubliable de juillet
dernier à Sydney, à laquelle certains d'entre vous ont participé à l'occasion de la
Journée Mondiale de la Jeunesse. Ce soir, je voudrais vous parler de deux points profondément
liés l'un à l'autre, qui constituent un véritable trésor où vous pourrez mettre votre
cœur (cf. Mt 6, 21).
Le premier se rapporte au thème choisi pour Sydney. Il
est aussi celui de votre veillée de prière qui va débuter dans quelques instants.
Il s'agit d'un passage tiré des Actes des Apôtres, livre que certains appellent fort
justement l'Évangile de l'Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle du
Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). Le Seigneur
le dit maintenant à vous ! Sydney a fait redécouvrir à de nombreux jeunes l'importance
de l'Esprit Saint dans la vie du chrétien. L'Esprit nous met intimement en rapport
avec Dieu, chez qui se trouve la source de toute richesse humaine authentique. Tous,
vous cherchez à aimer et à être aimés ! C'est vers Dieu que vous devez vous tourner
pour apprendre à aimer et pour avoir la force d'aimer. L'Esprit, qui est Amour, peut
ouvrir vos cœurs pour recevoir le don de l'amour authentique. Tous, vous cherchez
la vérité et vous voulez en vivre ! Cette vérité, c’est le Christ. Il est le seul
Chemin, l'unique Vérité et la vraie Vie. Suivre le Christ signifie véritablement «
prendre le large », comme le disent à plusieurs reprises les Psaumes. La route de
la Vérité est en même temps une et multiple, selon les divers charismes de chacun,
tout comme la Vérité est une et à la fois d’une richesse inépuisable. Confiez-vous
à l'Esprit Saint pour découvrir le Christ. L'Esprit est le guide nécessaire de la
prière, l'âme de notre espérance et la source de la vraie joie.
Pour approfondir
ces vérités de foi, je vous encourage à méditer la grandeur du sacrement de la Confirmation
que vous avez reçu et qui vous introduit dans une vie de foi adulte. Il est urgent
de mieux comprendre ce sacrement pour vérifier la qualité et la profondeur de votre
foi et pour l’affermir. L'Esprit Saint vous fait approcher du Mystère de Dieu et vous
fait comprendre qui est Dieu. Il vous invite à voir dans votre prochain, le frère
que Dieu vous a donné pour vivre avec lui en communion, humainement et spirituellement,
pour vivre en Église, donc. En vous révélant qui est le Christ, mort et ressuscité
pour nous, Il vous pousse à témoigner. Vous êtes à l'âge de la générosité. Il est
urgent de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur vos lieux
d'études, de travail ou de loisirs. N'ayez pas peur ! Ayez « le courage de vivre l'évangile
et l'audace de le proclamer » (Message aux jeunes du Monde, 20 juillet 2007). Pour
cela, je vous encourage à avoir les mots qu'il faut pour annoncer Dieu autour de vous,
appuyant votre témoignage sur la force de l'Esprit demandé dans la prière. Portez
la Bonne Nouvelle aux jeunes de votre âge et aussi aux autres. Ils connaissent les
turbulences des affections, le souci et l'incertitude face au travail et aux études.
Ils affrontent des souffrances et ils font l'expérience de joies uniques. Témoignez
de Dieu, car, en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la communauté catholique
en vertu de votre baptême et en raison de la commune profession de foi (cf. Eph 4,
5). L'Église vous fait confiance, je tiens à vous le dire !
En cette année
dédiée à saint Paul, je voudrais vous confier un second trésor, qui était au centre
de la vie de cet Apôtre fascinant. Il s'agit du mystère de la Croix. Dimanche, à Lourdes,
je célèbrerai la fête de la Croix Glorieuse en me joignant à d'innombrables pèlerins.
Beaucoup d'entre vous portent autour de leur cou une chaîne avec une croix. Moi aussi,
j'en porte une, comme tous les Évêques d'ailleurs. Ce n'est pas un ornement, ni un
bijou. C'est le symbole précieux de notre foi, le signe visible et matériel du ralliement
au Christ. Saint Paul parle clairement de la croix au début de sa première Lettre
aux Corinthiens. A Corinthe, vivait une communauté agitée et turbulente qui était
exposée aux dangers de la corruption de la vie ambiante. Ces dangers sont semblables
à ceux que nous connaissons aujourd'hui. Je ne citerais que les suivants : les querelles
et les luttes au sein de la communauté des croyants, la séduction offerte par de pseudo
sagesses religieuses ou philosophiques, la superficialité de la foi et la morale dissolue.
Saint Paul débute sa Lettre en écrivant : « Le langage de la croix est folie pour
ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers le salut, pour nous, il
est puissance de Dieu » (1 Cor 1,18). Puis l'Apôtre montre l'opposition singulière
qui existe entre la sagesse et la folie, selon Dieu et selon les hommes. Il en parle
lorsqu'il évoque la fondation de l’Église à Corinthe et au sujet de sa propre prédication.
Il conclut en insistant sur la beauté de la sagesse de Dieu que le Christ et, à sa
suite, ses Apôtres sont venus enseigner au monde et aux chrétiens. Cette sagesse,
mystérieuse et demeurée cachée (Cf. 1 Cor 2, 7), nous a été révélée par l'Esprit car
« l’homme qui n’a que ses forces d’homme ne peut pas saisir ce qui vient de l’Esprit
de Dieu ; pour lui ce n’est que folie, et il ne peut pas comprendre, car c'est par
l’Esprit qu'on en juge » (1 Cor 2, 14).
L'Esprit ouvre l’intelligence humaine
à de nouveaux horizons qui la dépassent et lui fait comprendre que l'unique vraie
sagesse réside dans la grandeur du Christ. Pour les chrétiens, la Croix symbolise
la sagesse de Dieu et son amour infini révélé dans le don salvifique du Christ mort
et ressuscité pour la vie du monde, pour la vie de chacun et de chacune d'entre vous
en particulier. Puisse cette découverte d’un Dieu qui s’est fait homme par amour,
cette découverte bouleversante vous inviter à respecter et à vénérer la Croix ! Elle
est non seulement le signe de votre vie en Dieu et de votre salut, mais elle est aussi
- vous le comprenez - le témoin muet des douleurs des hommes et, en même temps, l'expression
unique et précieuse de toutes leurs espérances. Chers jeunes, je sais que vénérer
la Croix attire aussi parfois la raillerie et même la persécution. La Croix compromet
en quelque sorte la sécurité humaine, mais elle affermit, aussi et surtout, la grâce
de Dieu et confirme notre salut. Ce soir, je vous confie la Croix du Christ. L'Esprit
Saint vous en fera comprendre les mystères d'amour et vous crierez alors avec Saint
Paul : « Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil.
Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, comme moi pour le monde » (Gal
6, 14). Paul avait compris la parole de Jésus – apparemment paradoxale – selon laquelle
c’est seulement en donnant («en perdant ») sa propre vie qu’on peut la trouver (cf.
Mc 8,35 ; Jn 12,24) et il en avait conclu que la Croix exprime la loi fondamentale
de l’amour et est la formulation parfaite de la vraie vie. Puisse l'approfondissement
du mystère de la Croix faire découvrir à certains d'entre vous l'appel à servir le
Christ de manière plus totale dans la vie sacerdotale ou religieuse !
Il est
temps maintenant de commencer la veillée de prière pour laquelle vous vous êtes rassemblés
ce soir. N'oubliez pas les deux trésors que le Pape vous a présentés ce soir : l'Esprit
Saint et la Croix ! Je voudrais, pour conclure vous dire encore une fois que je vous
fais confiance, chers jeunes, et je voudrais que vous éprouviez aujourd'hui et demain
l'estime et l'affection de l'Église ! Maintenant, nous voyons ici : l’Église vivante…
Que Dieu vous accompagne chaque jour et qu'Il vous bénisse ainsi que vos familles
et vos amis. Bien volontiers, je vous donne la Bénédiction Apostolique ainsi qu'à
tous les jeunes de France. Merci pour votre foi et bonne veillée.