Le Pape Benoît XVI rencontre les représentants des autres religions à Sydney. Extraits
du discours du Saint Père
Chers amis, À vous tous qui êtes ici pour représenter des diverses traditions
religieuses présentes en Australie, j’adresse une cordiale salutation de paix et d’amitié.
Je suis heureux de vous rencontrer et je remercie le Rabbin Jeremy Lawrence et le
Sheikh Femhi Naji El-Imam des mots de bienvenue qu’ils ont formulés en leur nom et
au nom de vos communautés respectives. L’Australie est (…) une nation qui tient
en grand considération la liberté de religion. Votre pays reconnaît que le respect
de ce droit fondamental permet aux hommes et aux femmes d’adorer Dieu selon leur conscience,
d’éduquer leur esprit et d’agir selon les convictions éthiques qui dérivent de leur
croyance. La relation harmonieuse entre les religions et la vie publique est d’autant
plus importante à une époque où certains en sont venus à considérer la religion comme
une cause de division plutôt que comme une force d’unité. Dans un monde menacé par
des formes inquiétantes et indiscriminées de violence, l’unité de pensée de tous ceux
qui ont une croyance religieuse stimule les nations et les communautés à résoudre
les conflits au moyen d’instruments pacifiques, en respectant pleinement la dignité
humaine. Une des multiples manières dont la religion se met au service de l’humanité
est celle d’offrir une vision de la personne humaine qui souligne notre aspiration
innée à vivre avec magnanimité, en tissant des liens d’amitié avec nos prochains.
Au sens le plus profond, les relations humaines ne peuvent être définies en termes
de pouvoir, de domination et d’intérêt personnel. Au contraire, elles reflètent et
perfectionnent l’inclination naturelle de l’homme à vivre en communion et en harmonie
avec les autres. Le sens religieux, enraciné dans le cœur de l’homme, ouvre les
hommes et les femmes à Dieu et les porte à découvrir que la réalisation personnelle
ne consiste pas dans la satisfaction égoïste de désirs éphémères. Il nous amène plutôt
à aller au-devant des nécessités des autres et à chercher des voies concrètes pour
contribuer au bien commun. Les religions ont un rôle particulier en ce sens, car elles
enseignent aux personnes qu’un service authentique demande sacrifice et autodiscipline,
qui, eux-mêmes, doivent être cultivés à travers l’abnégation, la tempérance et l’usage
modéré des biens de ce monde. (…) Chers amis, ces valeurs – je suis certain que
vous êtes de mon avis – sont particulièrement importantes pour une formation adéquate
des jeunes, qui sont très souvent tentés de considérer la vie elle-même comme un produit
de consommation. Ils sont aussi capables d’autocontrôle : comme par exemple dans le
sport, dans les arts créatifs et dans les études universitaires qu’ils sont facilement
prêts à accueillir comme un défi. (…) Dans cette perspective, les écoles confessionnelles
comme les écoles nationales peuvent faire davantage pour élever la dimension spirituelle
de chaque jeune. En Australie, comme ailleurs, la religion a été un facteur mobilisateur
dans la fondation de nombreuses institutions pédagogiques et, à juste titre, elle
continue à occuper aujourd’hui une place dans les programmes scolaires. Le thème de
l’éducation ressort fréquemment dans les délibérations de l’Organisation Interfaith
Cooperation for Peace and Harmony, et j’encourage vivement ceux qui y prennent part
à continuer leurs échanges sur les valeurs qui intègrent les dimensions intellectuelles,
humaines et religieuses d’une éducation solide. (…) Les hommes et les femmes ont
la capacité non seulement d’imaginer comment les choses pourraient être meilleures,
mais aussi d’investir leurs énergies pour les rendre meilleures. Nous sommes conscients
de notre relation unique avec l’ensemble de la nature. Alors, si nous croyons que
nous ne sommes pas soumis aux lois de l’univers matériel de la même manière que le
reste de la création, ne devrions-nous pas faire aussi de la bonté, de la compassion,
de la liberté, de la solidarité, et du respect de tout individu, une part essentielle
de notre vision d’un avenir plus humain ? Néanmoins, la religion, tout en nous
rappelant les limites et la faiblesse de l’homme, nous encourage également à ne pas
placer nos dernières espérances en ce monde qui passe. (…) L’universalité de l’expérience
humaine, qui dépasse toutes les frontières géographiques et toutes les limites culturelles,
permet aux disciples des religions de s’engager dans le dialogue afin d’affronter
le mystère des joies et des souffrances de la vie. À cet égard, l’Église cherche ardemment
toutes les occasions pour se mettre à l’écoute des expériences spirituelles des autres
religions. Nous pourrions affirmer que toutes les religions cherchent à pénétrer le
sens profond de l’existence humaine en le ramenant à une origine ou principe extérieur
à elle. Les religions offrent une tentative de compréhension du cosmos comme provenant
de cette origine ou principe et y retournant. Les chrétiens croient que Dieu a révélé
cette origine et principe en Jésus, que la Bible définit comme l’« Alfa et Omega »
(cf. Ap 1, 8 ; 22, 1). Chers amis, je suis venu en Australie comme ambassadeur
de paix. C’est pourquoi je suis heureux de vous rencontrer, vous qui partagez aussi
cette aspiration et le désir d’aider le monde à parvenir à la paix. Notre recherche
de la paix avance de pair avec notre recherche du sens, car c’est en découvrant la
vérité que nous trouvons le chemin assuré de la paix (cf. Message pour la Journée
Mondiale de la Paix 2006). Notre effort pour arriver à la réconciliation entre les
peuples découle de cette vérité et il est orienté vers cette vérité qui donne un but
à la vie. La religion offre la paix, mais, plus important encore, elle suscite dans
l’esprit humain la soif de la vérité et la faim de la vertu. (…)
La version
intégrale du Discours du Saint Père est disponible sur le site internet du Saint Siège
www.vatican.va et sur L'Osservatore Romano