Le Père Ludovic Danto commente l'Evangile de ce dimanche de Pâques, selon St Jean
(20-1.9) Le Christ est vraiment ressuscité.
Le
texte du commentaire : Dimanche de Pâques ! Au terme du Triduum pascal, l’Eglise
nous offre le tombeau vide comme preuve de la Résurrection du Christ. Saint Jean en
effet se fait lapidaire lorsqu’il évoque la réaction en entrant dans le tombeau du
disciple que Jésus aimait : « Il vit et il crut ». L’absence du corps, loin de susciter
comme chez Marie à la vue de la pierre roulée la crainte qu’on ait dérobé la dépouille
du Christ tel qu’elle le dit : «On a enlevé le Seigneur de son tombeau et on ne sait
pas où on la mis », porte au contraire les apôtres à la foi. La réaction des deux
disciples qui pénètrent dans le tombeau est sans doute commandée aussi par la présence
des linges, ce que n’a pas vu apparemment celle qu’on a appelé l’apôtre des Apôtres :
si le corps avait été volé, on aurait tout emporté. Le fait que le linceul et le linge
qui avait recouvert la tête soient présents et soigneusement laissés à leur place
est le signe que quelque chose d’autre est advenu. Des voleurs dans la précipitation
et la peur d’être surpris au cours de leur odieux méfait, la violation d’une tombe,
n’auraient sans doute pas agi avec autant d’attention : tant qu’à faire disparaître
un corps, il fallait tout prendre et emporter ce que l’on trouvait avec hâte… Ici
il n’en est rien. Oui, quelque chose d’autre s’est passé, et l’inimaginable, ce que
même les disciples n’avaient pas compris, s’est réalisé : « d’après les Ecritures
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ». Comment la Résurrection est-elle
advenue ? nous n’en savons rien. Le texte reste silencieux sur l’évènement… La foi
nous dit qu’entre la mort et la Résurrection, le Christ est descendu aux enfers… Le
silence du condamné du vendredi saint, le silence du Maître absent du samedi saint
et le silence du tombeau vide du matin de Pâques ont vu se réaliser l’œuvre immense
de Dieu… En trois jours le monde a été silencieusement renouvelé en profondeur et
ce ne sont que quelques linges qui, pour l’heure, attestent de ce bouleversement universel.
Désormais plus rien ne sera comme avant. Il y a un bien un avant et un après : la
Résurrection a bouleversé l’histoire de l’humanité, même pour ceux qui n’ont pas cru
aux humbles signes de la mangeoire de Bethléem, de la Croix de Jérusalem, du tombeau
vide du jardin… Une nouvelle ère vient de commencer. Saint Jean nous le rappelle :
ce fut « le premier jour de la semaine » que Marie Madeleine se rendit au tombeau…
Ce dimanche, premier jour de la semaine, est le signe d’une nouvelle création qui
succède à la première. Dieu avait créé l’univers en sept jour, du dimanche au samedi,
jour consacré à Dieu où celui-ci s’était reposé. Il lui a fallu un huitième jour pour
faire entrer cette humanité dans un nouvel ordre, celui de la Rédemption. Avec le
matin de Pâques, l’humanité est entrée de plein pied dans le jour de Dieu, celui où
l’homme est appelé à vivre dans une amitié retrouvée avec son Créateur. Ce jour de
Dieu est un jour qui ne finit pas car la nuit ne peut y avoir sa part. La mort a été
vaincue et la créature est désormais appelée à vivre de cette lumière intense qui
s’est levée de « grand matin » en Judée et qui rejoint l’humanité pour ne plus l’abandonner.
En ce dimanche de Pâques, nous sommes appelés comme les disciples à nous rendre
au tombeau. L’évangélistes nous dit : « ils couraient tous les deux ensemble ». Il
nous faut en fait nous aussi courir au tombeau pour y voir les linges et méditer sur
les évènements. En ce matin de Pâques, la même interrogation se pose à nous et à toute
l’humanité : le tombeau est vide. Que s’est- il passé ? Beaucoup douteront, mais beaucoup
croiront. En tous les cas, personnes ne pourra rester indifférent ! Quant à nous,
frères et sœurs, précédés par ceux qui ont déjà parcouru les chemins de la foi, nous
serons appelés et nous sommes appelés à proclamer haut et fort notre espérance : « Le
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ».