Le Pape invite la communauté internationale à soutenir le peuple haïtien
L’Eglise suit avec attention la situation douloureuse que connaît la population d’Haïti.
Benoît XVI l’a réaffirmé ce jeudi matin en recevant les évêques haïtiens en visite
ad limina. Des évêques qui l’ont invité à se rendre dans leur pays dans deux ans pour
les cérémonies du 150° anniversaire de la signature du Concordat entre Haïti et Rome.
Ecoutez
le compte rendu de Romilda Ferrauto
Lisez le texte
intégral du discours du Pape Chers Frères dans l’Épiscopat, Je vous souhaite
une affectueuse bienvenue, au moment où vous effectuez votre visite ad limina Apostolorum,
occasion d’affermir votre communion avec le Successeur de Pierre et entre vous, ainsi
que de partager avec la Curie romaine les motifs de joie et d’espérance, ainsi que
d’inquiétude, vécus par le peuple de Dieu confié à votre soin pastoral. Je désire
tout d’abord remercier Mgr Louis Kébreau, nouvel Archevêque de Cap-Haïtien et Président
de la Conférence épiscopale, pour les paroles qu’il m’a adressées en votre nom, évoquant
la situation du pays et l’action de l’Église. Je salue particulièrement les Évêques
qui viennent de quitter leur charge pastorale et ceux qui en ont reçu une nouvelle.
Ma pensée va aussi à vos fidèles, ainsi qu’à tout le cher peuple haïtien. Je voudrais
rappeler le voyage en Haïti que fit mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, il y a
vingt-cinq ans, au terme du Congrès eucharistique national, évoquant le thème central
de ce rassemblement: «Il faut que quelque chose change ici». Les choses ont-elles
change ? Votre pays a connu des heures douloureuses, que l’Église suit avec attention:
divisions, injustices, misère, chômage, éléments qui sont source de profonde inquiétude
pour le peuple. Je demande au Seigneur de mettre au cœur de tous les Haïtiens, notamment
des personnes qui ont une responsabilité sociale, le courage de promouvoir le changement
et la réconciliation, afin que tous les habitants du pays aient des conditions de
vie dignes et qu’ils bénéficient des biens de la terre, dans une solidarité toujours
plus grande. Je ne peux oublier ceux qui sont obligés d’aller dans le pays voisin
pour subvenir à leurs besoins. Je souhaite que la Communauté internationale poursuive
et intensifie son soutien au peuple haïtien, pour lui permettre de prendre toujours
davantage en main son avenir et son développement. Parmi les soucis présentés
dans vos rapports quinquennaux, il y a la situation de la structure familiale, rendue
instable en raison de la crise que traverse le pays, mais aussi de l’évolution des
mœurs et de la perte progressive du sens du mariage et de la famille, mettant sur
le même plan d’autres formes d’union. C’est en grande partie à partir de la famille
que la société et l’Église se développent. Votre attention à cet aspect de la vie
pastorale est donc fondamentale, car il s’agit du lieu primordial d’éducation de la
jeunesse. «La famille chrétienne, parce qu’elle est issue d’un mariage, image et participation
de l’alliance d’amour qui unit le Christ et l’Église, manifestera à tous les hommes
la présence vivante du Sauveur dans le monde et la véritable nature de l’Église, tant
par l’amour des époux, leur fécondité généreuse, l’unité et la fidélité du foyer,
que par la coopération amicale de tous ses membres» (Concile Vatican II, Gaudium
et spes, n. 48). Je vous encourage donc à soutenir les époux et les jeunes foyers
par un accompagnement et une formation toujours plus appropriés, leur enseignant aussi
le respect de la vie. Dans votre ministère épiscopal, les prêtres occupent une
place de choix. Ils sont vos premiers collaborateurs. En étant attentifs à leur formation
permanente, en ayant avec eux des relations fraternelles et confiantes, vous les aiderez
à exercer un ministère fécond, les invitant aussi à s’abstenir d’engagements politiques.
Il importe que soient organisées régulièrement des rencontres entre les prêtres, pour
qu’ils fassent une expérience tangible du presbytérium et qu’ils se soutiennent par
la prière. Portez mes salutations affectueuses à tous vos prêtres; je connais la fidélité
et le courage dont ils doivent faire preuve pour vivre dans des situations souvent
difficiles. Qu’ils fondent leur apostolat sur leur relation au Christ, sur le mystère
eucharistique qui nous rappelle que le Seigneur s’est donné totalement pour le salut
du monde, sur le sacrement du pardon, sur leur amour de l’Église, portant par leur
vie droite, humble et pauvre un témoignage éloquent de leur engagement sacerdotal.
Vous êtes attentifs à la pastorale des vocations et à la formation des jeunes
qui se présentent et pour lesquels il faut effectuer un discernement profond. Pour
cela, vous recherchez des équipes de formateurs pour vos séminaires. Je vous invite
à envisager avec les épiscopats d’autres pays la mise à disposition de formateurs
expérimentés, ayant une vie sacerdotale exemplaire, pour accompagner au long des différentes
étapes de leur formation humaine, morale, spirituelle et pastorale, les futurs prêtres
dont vos diocèses ont besoin. L’avenir de l’Église en Haïti en dépend. Puissent des
Églises locales entendre cet appel et accepter de faire le don de prêtres pour vous
aider dans la formation des séminaristes, selon l’esprit de l’encyclique Fidei
donum; ce sera pour elles aussi une ouverture, une richesse et une source de nombreuses
grâces. Les écoles catholiques, malgré leurs faibles moyens, jouent un rôle important
en Haïti; elles sont appréciées par les Autorités et par la population. Je rends grâce
pour les personnes engagées dans la belle mission de l’éducation de la jeunesse. Portez-leur
mes salutations chaleureuses. À travers l’enseignement, c’est la formation et la maturation
des personnalités qui se réalisent, par la reconnaissance des valeurs essentielles
et par la pratique des vertus; c’est aussi une conception de l’homme et de la société
qui se transmet. L’École catholique est un lieu important d’évangélisation, par le
témoignage de vie donné par les éducateurs, par la découverte du message évangélique
ou par les célébrations vécues au sein de la communauté éducative. Faites savoir aux
jeunes Haïtiens que le Pape a confiance en eux, qu’il connaît leur générosité et leur
désir de réussir leur vie, que le Christ les appelle à une existence toujours plus
belle, se souvenant que Lui seul est porteur du véritable message de bonheur et donne
tout son sens à l’existence. Oui, vos jeunes sont pour moi motif de joie et d’espérance.
Un pays qui veut se développer, une Église qui veut être plus dynamique, doivent d’abord
faire porter leurs efforts sur la jeunesse. Il vous revient aussi de stimuler la formation
des laïcs adultes, pour qu’ils puissent remplir toujours mieux leur mission chrétienne
dans le monde et dans l’Église. Chers Frères dans l’Épiscopat, au terme de cette
rencontre, je tiens à exprimer à nouveau ma proximité spirituelle avec l’Église en
Haïti, priant le Seigneur de lui donner la force pour sa mission. Qu’il me soit permis
de saluer aussi le travail des religieux, des religieuses et des bénévoles, souvent
engagés auprès des plus pauvres et des plus déshérités de la société, montrant que,
en luttant contre la pauvreté, on lutte aussi contre de nombreux problèmes sociaux
qui en dépendent. Puissent-ils être soutenus par tous dans cette tâche. À chacun de
vous, j’accorde de grand cœur une affectueuse Bénédiction apostolique, ainsi qu’aux
prêtres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs de vos diocèses.