2008-02-02 11:51:09

Le commentaire de l'Evangile du 4ème dimanche ordinaire


Le Père Ludovic Danto commente l'Evangile de ce 4ème dimanche ordinaire, selon st Matthieu (5,1-12a) : "Notre vie : les béatitudes" RealAudioMP3


 Le texte du commentaire :
Admirables lignes que nous offre la liturgie de ce dimanche, sommet de la littérature spirituelle que nous transmet saint Matthieu, les qualificatifs manquent pour exprimer la beauté de ce message évangélique que nous entendons en ce jour, celui des Béatitudes. Oui, bienheureux sommes-nous de pouvoir méditer et vivre ce que le Seigneur enseigna un jour depuis les collines des bords de la mer de Galilée ; oui, heureux sommes-nous si nous pouvons encore nous laisser toucher par ce message intemporel proclamé il y a bientôt deux mille ans. De ces béatitudes que nous sommes appelées à méditer, je voudrais en ce jour en retenir deux.
La première sera : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés »… Pleurer, voilà une activité qui peut nous être familière – la vie n’est pas si simple – mais qui peut aussi nous révulser – nous voulons le bonheur… Une première lecture rapide nous pousserait à nous résigner et à penser qu’au ciel, les choses seront plus simples… Sans doute. Mais en rester à une lecture aussi horizontale, c’est prendre le risque d’un appauvrissement, voire de faire de cette béatitude un repoussoir pour qui cherche Dieu et un sens aux choses de ce monde – en effet, qui voudrait pleurer tous les jours de sa vie. Les Pères de l’Eglise nous offre une interprétation qui, sans exclure celle que nous avons rapidement évoquée, nous amène beaucoup plus profondément dans le message du Christ. Certains Pères nous enseignent que ce que nous sommes appelés d’abord et avant tout à pleurer, c’est la perte du paradis terrestre, en réalité la perte de la présence de Dieu dans notre quotidien. Voilà qui ouvre des perspectives pour l’accueil serein de cette béatitude… Ce que nous devons pleurer, c’est l’absence de Dieu qui se fait si présente à certaines heures de notre vie. Nous pleurons car nous savons que Dieu est là et que pourtant nous en sommes si loin. Cela suppose pour chacun d’entre nous d’avoir le goût des choses de Dieu, de désirer d’un grand désir l’avènement du Royaume, de savoir que le meilleur des mondes ne sera jamais aussi beau que ce monde où Dieu est présent et dans lequel il nous appelle à vivre… En résumé, Dieu fait-il partie de nos projets, de ce que nous espérons… Sinon il y a fort à parier que nous aurons du mal à pleurer, ou bien que nous pleurons pour de mauvaises raisons.
La seconde béatitudes sera : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde »… Puisque nous sommes appelés à pleurer le paradis perdu, n’est-il pas une plus belle activité que celle de se laisser bouleverser par l’une des conséquences immédiates de l’absence de Dieu : le péché et la détresse de nos frères… Nous sommes parfois durs avec nos frères, alors que notre première réaction devrait être d’être bouleversés par le péché et la misère d’autrui. La miséricorde est l’une des œuvres essentielles du chrétien… Combien d’entre nous se sont laissés emmurer dans un cœur devenu insensible à la détresse de ceux que nous rencontrons, surtout si cette détresse est liée à leur péché, et à un péché qui a pu parfois, il est vrai, nous atteindre ? Et pourtant la miséricorde est l’une des clés de toute vie.
Le grand écrivain Chateaubriand pouvait écrire : « Notre vie est une perpétuelle rougeur, parce qu’elle est une faute continuelle », notre vie, celle des autres… cependant si nous savons pleurer comme il faut, si nous savons pratiquer la miséricorde telle que le Christ nous l’enseigne, de cette blessure originelle qu’est la perte de la proximité de Dieu dans nos vies, de cette rougeur qui perpétuellement est présente sur notre front, nous pourrons voir fleurir un nouveau jardin, celui où s’épanouira l’amitié de Dieu pour chacun d’entre nous. Oui, frères et sœurs, en ce dimanche, réjouissons-nous, « réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux »… Et cette vie qui sent bon la bonne odeur de Dieu, elle commence dès aujourd’hui, elle est le fruit du désir de Dieu et de la miséricorde pour nos frères, elle est le fuit des béatitudes.







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