Le commentaire de l'Evangile du 29ème dimanche du temps ordinaire
29ème dimanche du temps ordinaire : le Père Ludovic Danto commente l'Evangile selon
saint Luc (18,1-8) : La parabole du juge inique
-- En
ce 29ème dimanche du temps ordinaire, nous continuons de cheminer sur les
routes de la foi en compagnie de saint Luc. Le Seigneur au moyen de la parabole du
juge inique veut nous faire entrer un peu plus profondément sur les chemins de la
prières et sur la confiance que nous devons avoir en la réponse de Dieu. Pourquoi
se décourager de prier puisque même un mauvais juge finit par répondre à la demande
d’une pauvre veuve ! Jésus nous le dit : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ces élus
qui crient vers Lui jour et nuit ? […] Sans tarder Il leur fera justice». Pour
bien comprendre la portée de cette parabole il faut la replacer dans le contexte immédiat
de l’Evangile de Luc. Les lignes qui ont précédé notre passage évangélique évoquent
la venue du Royaume de Dieu et le jour du Fils de l’homme. Nous sommes donc dans un
contexte de fin des temps, de Parousie. Face à cette situation qui à la fois tarde
à venir et parallèlement est déjà à l’œuvre dans ce monde – car l’avènement du Royaume
de Dieu, c’est dès aujourd’hui – la condition des disciples, la condition du disciple
que nous sommes actuellement, n’est pas toujours très simple. Devant les difficultés
et les oppositions de ce monde, devant les souffrances qui chaque jour contredisent
jusque parmi les membres du Corps de l’Eglise la venue du Royaume, devant toutes les
faillites de notre quotidien, notre monde en attente pourrait désespérer de l’avènement
du Fils, désespérer de la réponse de Dieu. Toute notre vie est orientée vers le grand
jour final, toute notre personne se doit d’attendre avec foi la Rédemption finale,
pleine et entière, mais – et c’est là que nous retrouvons la prière insistante de
la veuve – les heurs et malheurs que nous connaissons peuvent nous amener à douter
de l’utilité de notre prière, peuvent nous amener à douter de Dieu lui-même. Dès lors
notre foi s’en trouve ébranlée : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il
la foi sur la terre ? » s’interroge le Seigneur. La foi est à la source de notre
prière, comme la prière fidèle est à la source de notre foi. Nous connaissons tous
des grands hommes de foi qui ont pu traverser des moments de désert, de nuits spirituelles
mais qui ont toujours continué à prier Dieu. Voilà la clef de la réussite. Ces hommes
de Dieu ont su, comme nous devons le savoir, que Dieu n’abandonne pas les siens et
qu’Il répond sans cesse à la prière de ses élus. Depuis notre élection, depuis notre
baptême, nous sommes marqués du sceau indélébile des fils et filles de Dieu et notre
prière se doit de monter sans cesse vers le Seigneur : nous sommes ceux qui crions
« jour et nuit » sans nous lasser, certains de la réponse de Dieu : non, « il ne dort
pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël ». La prière fervente que nous devons
adresser au Père est celle de la venue du Royaume, celle où les pauvres et les aveugles
sont rendus à la vie, celle qui fait du bien à nos frères et sœurs. Si la prière parfois
nous semble veine, n’est-ce pas parce qu’elle se trouve trop souvent centrée sur nous-mêmes ?
Elle est tellement centrée sur notre personne qu’on peut se demander si elle se trouve
encore ordonnée à la venue du Royaume de Dieu. En ce dimanche décidons comme Moïse
de ne pas baisser les bras, décidons de prier sans cesse, prenons la ferme résolution
de demander la venue du jour du Fils de l’homme. Sinon, frères et sœurs, « le Fils
de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »