Benedetto
XVI in Turchia – Discorso 8 –Originale (francese) Santa Messa nella Cattedrale
dello Spirito Santo Cattedrale dello Spirito Santo, Istanbul – 01/12/06
– Ore 9.00 Turchia (8.00 Italia)
Chers Frères
et Sœurs, Au terme de mon voyage pastoral en Turquie, je suis heureux de rencontrer
la communauté catholique d’Istanbul et de célébrer avec elle l’Eucharistie pour rendre
grâce au Seigneur de tous ses dons. Je tiens à saluer en tout premier lieu le Patriarche
de Constantinople, Sa Sainteté Bartholomaios Ier, ainsi que le Patriarche
arménien, Sa Béatitude Mesrob II, Frères vénérés, qui ont tenu à se joindre à nous
pour cette célébration. Je leur exprime ma profonde gratitude pour ce geste fraternel
qui honore toute la communauté catholique. Chers Frères et Fils de l’Église catholique,
Évêques, prêtres et diacres, religieux et religieuses, fidèles laïcs, appartenant
aux différentes communautés de la ville et aux divers rites de l’Église, je vous salue
tous avec joie, reprenant pour vous les mots de saint Paul aux Galates : «Que la grâce
et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ
!» (Ga 1, 3). Je tiens à remercier les Autorités civiles présentes pour leur
accueil courtois, en particulier toutes les personnes qui ont permis que ce voyage
puisse se réaliser. Je veux saluer enfin les représentants des autres communautés
ecclésiales et des autres religions qui ont souhaité être présents parmi nous. Comment
ne pas penser aux différents événements qui ont forgé ici-même notre histoire commune ?
En même temps, je sens le devoir de rappeler de manière particulière les nombreux
témoins de l’Evangile du Christ, qui nous pressent de travailler ensemble à l’unité
de tous ses disciples, dans la vérité et la charité !
Dans cette cathédrale
du Saint-Esprit, j’ai souhaité rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il accomplit dans
l’histoire des hommes et invoquer sur tous les dons de l’Esprit de sainteté. Comme
vient de nous le rappeler saint Paul, l’Esprit est la source permanente de notre foi
et de notre unité. Il suscite en nous la vraie connaissance de Jésus et il met sur
nos lèvres les paroles de la foi pour que nous reconnaissions le Seigneur. Jésus l’avait
déjà déclaré à Pierre après la Confession de foi de Césarée : «Heureux es-tu, Simon
fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père
qui est aux cieux» (Mt 16, 17). Oui, heureux sommes-nous quand l’Esprit Saint
nous ouvre au bonheur de croire et quand il nous fait entrer dans la grande famille
des chrétiens, son Église, si multiple à travers la variété des dons, des fonctions
et des activités, et en même temps déjà une, «car c’est toujours le même Dieu qui
agit en tous». Paul ajoute : «Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du
bien de tous». Manifester l’Esprit, vivre selon l’Esprit, ce n’est pas vivre pour
soi seulement, mais c’est apprendre à se conformer au Christ Jésus lui-même en devenant,
à sa suite, serviteur de ses frères. Voilà un enseignement bien concret pour chacun
de nous, Évêques, appelés par le Seigneur à conduire son peuple en nous faisant serviteurs
à sa suite ; cela vaut encore pour tous les ministres du Seigneur et également pour
tous les fidèles : en recevant le sacrement du Baptême, nous avons tous été plongés
dans la mort et la résurrection du Seigneur, «nous avons été désaltérés par l’unique
Esprit», et la vie du Christ est devenue la nôtre pour que nous vivions comme lui,
pour que nous aimions nos frères comme lui nous a aimés (cf. Jn 13, 34 ).
Il
y a vingt-sept ans, dans cette même cathédrale, mon prédécesseur le Serviteur de Dieu
Jean-Paul II formait le vœu que l’aube du nouveau millénaire puisse «se lever sur
une Église qui a retrouvé sa pleine unité, pour mieux témoigner, au milieu des tensions
exacerbées de ce monde, de l’amour transcendant de Dieu manifesté en son Fils Jésus
Christ» (Homélie à la cathédrale d’Istanbul, n. 5) . Ce vœu ne s’est pas encore
réalisé, mais le désir du Pape est toujours le même et il nous presse, nous tous disciples
du Christ qui marchons avec nos lenteurs et nos pauvretés sur le chemin qui veut conduire
à l’unité, d’agir sans cesse «en vue du bien de tous», mettant la perspective œcuménique
au premier rang de nos préoccupations ecclésiales. Nous vivrons alors vraiment selon
l’Esprit de Jésus, au service du bien de tous.
Réunis ce matin dans cette
maison de prière consacrée au Seigneur, comment ne pas évoquer l’autre belle image
qu’emploie saint Paul pour parler de l’Église, celle de la construction dont les pierres
sont toutes solidaires, agencées les unes aux autres pour former un seul édifice,
et dont la pierre angulaire, sur qui tout repose, est le Christ. C’est lui la source
de la vie nouvelle qui nous est donnée par le Père, dans l’Esprit Saint. L’Évangile
de saint Jean l’a proclamé tout à l’heure : «Des fleuves d’eau vive jailliront de
son cœur». Cette eau jaillissante, cette eau vive que Jésus a promise à la Samaritaine,
les prophètes Zacharie et Ézéchiel la voyaient surgir du côté du Temple, pour qu’elle
régénère les eaux de la Mer morte : image merveilleuse de la promesse de vie que Dieu
a toujours faite à son peuple et que Jésus est venu accomplir. Dans un monde où les
hommes ont tant de mal à partager entre eux les biens de la terre et où l’on commence
à s’inquiéter avec raison de la raréfaction de l’eau, ce bien si précieux pour la
vie du corps, l’Église se découvre riche d’un bien encore plus grand. Corps du Christ,
elle a reçu la charge d’annoncer son Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (cf.
Mt 28, 19), c’est-à-dire de transmettre aux hommes et aux femmes de ce temps
une Bonne Nouvelle qui non seulement éclaire mais bouleverse leur vie, jusqu’à passer
et vaincre la mort elle-même. Cette Bonne nouvelle n’est pas seulement une Parole,
mais elle est une Personne, le Christ lui-même, ressuscité, vivant ! Par la grâce
des Sacrements, l’eau qui s’est écoulée de son côté ouvert en croix est devenue une
source jaillissante, «des fleuves d’eau vive», un don que personne ne peut arrêter
et qui redonne vie. Comment les chrétiens pourraient-ils garder pour eux seulement
ce qu’ils ont reçu ? Comment pourraient-ils confisquer ce trésor et enfouir cette
source ? La mission de l’Église ne consiste pas à défendre des pouvoirs, ni à obtenir
des richesses, sa mission c’est de donner le Christ, de donner la Vie du Christ en
partage, le bien le plus précieux de l’homme que Dieu lui-même nous donne en son Fils.
Frères
et Sœurs, vos communautés connaissent l’humble chemin du compagnonnage de chaque jour
avec ceux qui ne partagent pas notre foi mais qui déclarent «avoir la foi d’Abraham
et qui adorent avec nous le Dieu unique et miséricordieux»(Lumen gentium, n.
16). Vous savez bien que l’Église ne veut rien imposer à personne, et qu’elle demande
simplement de pouvoir vivre librement pour révéler Celui qu’elle ne peut cacher, le
Christ Jésus qui nous a aimés jusqu’au bout sur la Croix et qui nous a donné son Esprit,
vivante présence de Dieu au milieu de nous et au plus intime de nous-mêmes. Soyez
toujours accueillants à l’Esprit du Christ et, pour cela, rendez-vous attentifs à
ceux qui ont soif de justice, de paix, de dignité, de considération pour eux-mêmes
et pour leurs frères. Vivez entre vous selon la parole du Seigneur : «Ce qui montrera
à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns
pour les autres» (Jn 13, 35). Frères et Sœurs, remettons en cet instant
notre désir de servir le Seigneur à la Vierge Marie, la Mère de Dieu et la Servante
du Seigneur. Elle a prié au Cénacle avec la communauté primitive, dans l’attente de
la Pentecôte. Avec elle, prions le Christ Seigneur : Envoie ton Esprit Saint, Seigneur,
sur toute l’Église ; qu’il habite chacun de ses membres et qu’il fasse d’eux des messagers
de ton Évangile ! Amen.
Benedetto XVI in
Turchia – Discorso7 –Originale (inglese) Visita di preghiera Cattedrale
Armena Apostolica Cattedrale Armena Apostolica di S. Maria,
Istanbul-30/11/06 –Ore 17.45 Turchia (16.45 Italia) Distribuzione 30/11/06
L’indirizzo
di saluto al Papa del Patriarca Mesrob (in inglese) è stato distribuito con la CSD
2243
Dear Brother in Christ,
I am pleased to have this opportunity to
meet Your Beatitude in this very place where Patriarch Kalustian welcomed my predecessors
Pope Paul VI and Pope John Paul II. With great affection I greet the entire Armenian
Apostolic community over which you preside as shepherd and spiritual father. My fraternal
greeting goes also to His Holiness Karekin II, Catholicos of Holy Etchmiadzin, and
the hierarchy of the Armenian Apostolic Church. I give thanks to God for the Christian
faith and witness of the Armenian people, transmitted from one generation to the next,
often in very tragic circumstances such as those experienced in the last century.
Our meeting is more than a simple gesture of ecumenical courtesy and friendship.
It is a sign of our shared hope in God’s promises and our desire to see fulfilled
the prayer that Jesus offered for his disciples on the eve of his suffering and death:
“that they may all be one. As you, Father, are in me and I in you, may they also
be one in us, so that the world may believe that you have sent me” (Jn 17:21).
Jesus gave his life on the Cross to gather into one the dispersed children of
God, to break down the walls of division. Through the sacrament of Baptism, we have
been incorporated into the Body of Christ, the Church. The tragic divisions which,
over time, have arisen among Christ’s followers openly contradict the Lord’s will,
give scandal to the world and damage that most holy cause, the preaching of the Gospel
to every creature (cf. Unitatis Redintegratio, 1). Precisely by the witness
of their faith and love, Christians are called to offer a radiant sign of hope and
consolation to this world, so marked by conflicts and tensions. We must continue
therefore to do everything possible to heal the wounds of separation and to hasten
the work of rebuilding Christian unity. May we be guided in this urgent task by the
light and strength of the Holy Spirit.
In this respect I can only offer
heartfelt thanks to the Lord for the deeper fraternal relationship that has developed
between the Armenian Apostolic Church and the Catholic Church. In the thirteenth
century, Nerses of Lambron, one of the great Doctors of the Armenian Church, wrote
these words of encouragement: “Now, since we all need peace with God, let its foundation
be harmony among the brethren. We have prayed to God for peace and continue to do
so. Look, he is now giving it to us as a gift: let us welcome it! We asked the Lord
to make his holy Church solid, and he has willingly heard our plea. Let us climb therefore
the mountain of the Gospel faith!” (Il Primato della Carità, Ed. Qiqajon, p.
81). These words of Nerses have lost nothing of their power. Together let us continue
to pray for the unity of all Christians, so that, by receiving this gift from above
with open hearts, we may be ever more convincing witnesses of the truth of the Gospel
and better servants of the Church’s mission.
Benedetto
XVI in Turchia – Discorso 6 – Originale (francese) Dichiarazione
Congiunta (Avv. 30 - 5) Chiesa Patriarcale di S. Giorgio, Istanbul –
30/11/06 – Ore: 12,15 Turchia (11,15 Italia) Distribuzione: 29/11/2006 DÉCLARATION
COMMUNE ENTRE LE PAPE BENOÎT XVI ET LE PATRIARCHE BARTHOLOMAIOS I
« Voici
le jour le Seigneur a fait, qu’il soit notre bonheur et notre joie » (Ps 117,
24) !
La rencontre fraternelle que nous avons eue, nous, Benoît XVI, Pape
de Rome, et Bartholomaios Ier, Patriarche œcuménique, est l’œuvre de Dieu,
et en quelque sorte un don venant de Lui. Nous rendons grâce à l’Auteur de tout bien,
qui nous permet encore une fois, dans la prière et l’échange, d’exprimer notre joie
de nous sentir frères et de renouveler notre engagement en vue de la pleine communion.
Cet engagement nous vient de la volonté de notre Seigneur et notre responsabilité
de Pasteurs dans l’Eglise du Christ. Puisse notre rencontre être un signe et un encouragement
pour nous tous, à partager les mêmes sentiments et les mêmes attitudes de fraternité,
de collaboration et de communion dans la charité et dans la vérité. L’Esprit Saint
nous aidera à préparer le grand jour du rétablissement de la pleine unité, quand et
comme Dieu le voudra. Nous pourrons alors nous réjouir et exulter vraiment.
1.
Nous avons évoqué avec gratitude les rencontres de nos vénérés prédécesseurs, bénis
par le Seigneur, qui ont montré au monde l’urgence de l’unité et qui ont tracé des
sentiers sûrs pour y parvenir, dans le dialogue, la prière et la vie ecclésiale quotidienne.
Le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier, pèlerins de Jérusalem
sur le lieu même où Jésus Christ est mort et ressuscité pour le salut du monde, se
sont ensuite rencontrés de nouveau, ici au Phanar et à Rome. Ils nous ont laissé une
déclaration commune qui garde toute sa valeur, soulignant que le vrai dialogue de
la charité doit soutenir et inspirer tous les rapports entre les personnes et entre
les Eglises elles-mêmes, « doit être enraciné dans une fidélité totale à l’unique
Seigneur Jésus Christ et dans un respect mutuel de leurs propres traditions » (Tomos
Agapis, 195). Nous n’avons pas non plus oublié l’échange de visites entre Sa Sainteté
le Pape Jean Paul II et Sa Sainteté Dimitrios Ier. C’est précisément durant
la visite du Pape Jean Paul II, sa première visite œcuménique, que fut annoncée la
création de la Commission mixte entre l’Eglise romaine catholique et l’Eglise orthodoxe.
Celle-ci s’est réunie dans le but de déclarer et rétablir la pleine communion.
En
ce qui concerne les relations entre l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople,
nous ne pouvons pas oublier l’acte ecclésial solennel reléguant dans l’oubli les anciens
anathèmes qui, durant des siècles, ont affecté et affectent de manière encore
négative les rapports entre nos Eglises. Nous n’avons pas encore tiré de cet acte
toutes les conséquences positives qui peuvent en découler pour notre marche vers la
pleine unité, à laquelle la Commission mixte est appelée à porter une contribution
importante. Nous exhortons nos fidèles à prendre une part active dans cette démarche
par la prière et par des gestes significatives.
2. Lors de la session plénière
de la Commission mixte pour le dialogue théologique, qui s’est tenue récemment à Belgrade
et qui a généreusement été accueillie par l’Eglise orthodoxe serbe, nous avons exprimé
notre joie profonde pour la reprise du dialogue théologique. Après une interruption
de quelques années, due à diverses difficultés, la Commission a pu travailler à nouveau
dans un esprit d’amitié et de collaboration. En traitant le thème « Conciliarité et
autorité dans l’Eglise » au niveau local, régional et universel, elle a entrepris
une phase d’étude sur la conséquence ecclésiologique et canonique de la nature sacramentelle
de l’Eglise. Cela permettra d’aborder quelques-unes des principales questions encore
controversées. Nous sommes décidés à soutenir sans cesse comme par le passé, le travail
confié à cette Commission et nous accompagnons ses membres de nos prières.
3.
Comme Pasteurs, nous avons tout d’abord réfléchi à la mission d’annoncer l’Evangile
dans le monde d’aujourd’hui. Cette mission, « Allez donc, de toutes les nations faites
de disciples » (Mt 28, 19), est aujourd’hui plus que jamais actuelle et nécessaire
même dans les pays traditionnellement chrétiens. De plus, nous ne pouvons pas ignorer
la montée de la sécularisation, du relativisme, voire du nihilisme, surtout dans le
monde occidental. Tout cela exige une annonce renouvelée et puissante de l’Evangile,
adaptée aux cultures de notre temps. Nos traditions représentent pour nous, un patrimoine
qui doit être partagé, proposé et actualisé continuellement. C’est pourquoi nous devons
renforcer les collaborations et notre témoignage commun devant toutes les nations.
4.
Nous avons évalué positivement le chemin vers la formation de l’Union européenne.
Les acteurs de cette grande initiative ne manqueront pas de prendre en considération
tous les aspects qui touchent à la personne humaine et de ses droits inaliénables,
surtout la liberté religieuse, témoin et garante de respect de toute autre liberté.
Dans chaque initiative d’unification, les minorités doivent être protégées, avec leurs
traditions culturelles et leurs spécialités religieuses. En Europe, tout en demeurant
ouverts aux autres religions et à leur contribution à la culture, nous devons unir
nos efforts pour préserver les racines, les traditions et les valeurs chrétiennes
pour assurer le respect de l’histoire, ainsi que pour contribuer à la culture de la
future Europe, à la qualité des relations humaines en tous les niveaux. Dans ce contexte,
comment ne pas évoquer les très anciens témoins et illustre patrimoine chrétiens de
la terre où a lieu notre rencontre, en commençant par ce que nous dit le livre des
Actes des Apôtres, évoquant la figure de Saint Paul, Apôtre des nations. Sur cette
terre, le message de l’Evangile et l’ancienne tradition culturelle se sont rejoints.
Ce lien, qui a tant contribué à l’héritage chrétien qui nous est commun, demeure actuel
et portera encore des fruits dans l’avenir pour l’évangélisation et pour notre unité.
5.
Notre regard s’est porté sur les lieux du monde d’aujourd’hui où vivent les chrétiens
et sur les difficultés auxquelles ils doivent faire face, en particulier les pauvretés,
les guerres et le terrorisme, mais également les diverses formes d’exploitation des
pauvres, des émigrés, des femmes et des enfants. Nous sommes appelés à entreprendre
ensemble une action en faveur du respect du droit de l’homme, et de tout être humain,
créé à l’image de la ressemblance de Dieu, du développement économique, social et
culturel. Nos traditions théologiques et éthiques peuvent offrir une base solide de
prédication et d’action communes. Nous voulons avant tout affirmer que tuer des innocents
au nom de Dieu est une offense envers Lui et envers la dignité humaine. Nous devons
tous nous engager pour un service renouvelé de l’homme et pour la défense de la vie
humaine, de toute vie humaine.
Nous avons profondément à cœur la paix
au Moyen-Orient, où notre Seigneur a vécu, a souffert, est mort et ressuscité, et
où vivent, depuis tant de siècles une multitude de frères chrétiens. Nous désirons
ardemment que soit rétablie la paix sur cette terre, que se renforce la coexistence
cordiale entre ses diverses populations, entre les Eglises, et entre les différentes
religions qui s’y trouvent. Pour cela, nous encourageons l’établissement de rapports
plus étroits entre les chrétiens et d’un dialogue interreligieux authentique et loyal
en vue de lutter contre toute forme de violence et de discrimination.
6.
Actuellement, devant le grand danger concernant l’environnement naturel, nous voulons
exprimer notre souci face aux conséquences négatives pour l’humanité et pour la création
toute entière qui peuvent résulter d’un progrès économique et technologique qui ne
reconnaît pas ses limites. En tant que chefs religieux, nous considérons comme un
de nos devoirs d’encourager et de soutenir tous les efforts qui sont faits pour protéger
la création de Dieu et pour laisser aux générations futures une terre dans laquelle
elles pourront vivre.
7. Enfin, notre pensée se tourne vers vous tous, les
fidèles de nos Eglises présents partout dans le monde, Evêques, prêtres, diacres,
religieux et religieuses, hommes et femmes laïques engagés dans un service ecclésial
et tous les baptisés. Nous saluons en Christ les autres chrétiens, les assurant de
notre prière et de notre disponibilité au dialogue et à la collaboration. Avec les
paroles de l’Apôtre des Gentils, nous vous saluons tous : « À vous, grâce et paix
de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (2 Co 1, 2).
Au
Phanar, le 30 Novembre 2006.
Benedetto
XVI in Turchia – Discorso 5 – Originale (inglese) Divina
Liturgia Chiesa Patriarcale di S. Giorgio, Istanbul – 30/11/06 – Ore:
09,45 Turchia (08,45 Italia) This Divine Liturgy celebrated on the Feast of
Saint Andrew the Apostle, Patron Saint of the Church of Constantinople, brings us
back to the early Church, to the age of the Apostles. The Gospels of Mark and Matthew
relate how Jesus called the two brothers, Simon, whom Jesus calls Cephas or Peter,
and Andrew: “Follow me, and I will make you fishers of men” (Mt 4:19, Mk
1:17). The Fourth Gospel also presents Andrew as the first to be called, “ho protoklitos”,
as he is known in the Byzantine tradition. It is Andrew who then brings his brother
Simon to Jesus (cf. Jn 1:40f.).
Today, in this Patriarchal Church
of Saint George, we are able to experience once again the communion and call of the
two brothers, Simon Peter and Andrew, in the meeting of the Successor of Peter and
his Brother in the episcopal ministry, the head of this Church traditionally founded
by the Apostle Andrew. Our fraternal encounter highlights the special relationship
uniting the Churches of Rome and Constantinople as Sister Churches.
With
heartfelt joy we thank God for granting new vitality to the relationship that has
developed since the memorable meeting in Jerusalem in December 1964 between our predecessors,
Pope Paul VI and Patriarch Athenagoras. Their exchange of letters, published in the
volume entitled Tomos Agapis, testifies to the depth of the bonds that grew
between them, bonds mirrored in the relationship between the Sister Churches of Rome
and Constantinople.
On 7 December 1965, the eve of the final session of
the Second Vatican Council, our venerable predecessors took a unique and unforgettable
step in the Patriarchal Church of Saint George and the Basilica of Saint Peter in
the Vatican respectively: they removed from the memory of the Church the tragic excommunications
of 1054. In this way they confirmed a decisive shift in our relationship. Since
then, many other important steps have been taken along the path of mutual rapprochement.
I recall in particular the visit of my predecessor, Pope John Paul II, to Constantinople
in 1979, and the visits to Rome of the Ecumenical Patriarch Bartholomew I.
In
that same spirit, my presence here today is meant to renew our commitment to advancing
along the road towards the re-establishment – by God’s grace – of full communion between
the Church of Rome and the Church of Constantinople. I can assure you that the Catholic
Church is willing to do everything possible to overcome obstacles and to seek, together
with our Orthodox brothers and sisters, ever more effective means of pastoral cooperation
to this end.
The two brothers, Simon, called Peter, and Andrew, were fishermen
whom Jesus called to become fishers of men. The Risen Lord, before his Ascension,
sent them out together with the other Apostles with the mission of making all nations
his disciples, baptizing them and proclaiming his teachings (cf. Mt 28:19ff.;
Lk 24:47; Acts 1:8).
This charge left us by the holy brothers
Peter and Andrew is far from finished. On the contrary, today it is even more urgent
and necessary. For it looks not only to those cultures which have been touched only
marginally by the Gospel message, but also to long-established European cultures deeply
grounded in the Christian tradition. The process of secularization has weakened the
hold of that tradition; indeed, it is being called into question, and even rejected.
In the face of this reality, we are called, together with all other Christian communities,
to renew Europe’s awareness of its Christian roots, traditions and values, giving
them new vitality.
Our efforts to build closer ties between the Catholic
Church and the Orthodox Churches are a part of this missionary task. The divisions
which exist among Christians are a scandal to the world and an obstacle to the proclamation
of the Gospel. On the eve of his passion and death, the Lord, surrounded by his disciples,
prayed fervently that all may be one, so that the world may believe (cf. Jn
17:21). It is only through brotherly communion between Christians and through their
mutual love that the message of God’s love for each and every man and woman will become
credible. Anyone who casts a realistic glance on the Christian world today will see
the urgency of this witness. Simon Peter and Andrew were called together
to become fishers of men. This same task, however, took on a different form for each
of the brothers. Simon, notwithstanding his human weakness, was called “Peter”, the
“rock” on which the Church was to be built; to him in a particular way were entrusted
the keys of the Kingdom of Heaven (cf. Mt 16:18). His journey would take him
from Jerusalem to Antioch, and from Antioch to Rome, so that in that City he might
exercise a universal responsibility. The issue of the universal service of Peter
and his Successors has unfortunately given rise to our differences of opinion, which
we hope to overcome, thanks also to the theological dialogue which has been recently
resumed.
My venerable predecessor, the Servant of God Pope John Paul II,
spoke of the mercy that characterizes Peter’s service of unity, a mercy which Peter
himself was the first to experience (Encyclical Ut Unum Sint, 91). It is on
this basis that Pope John Paul extended an invitation to enter into a fraternal dialogue
aimed at identifying ways in which the Petrine ministry might be exercised today,
while respecting its nature and essence, so as to “accomplish a service of love recognized
by all concerned” (ibid., 95). It is my desire today to recall and renew this
invitation.
Andrew, the brother of Simon Peter, received another task from
the Lord, one which his very name suggests. As one who spoke the Greek language,
he became – together with Philip – the Apostle of the encounter with the Greeks who
came to Jesus (cf. Jn 12:20ff.). Tradition tells us that he was a missionary
not only in Asia Minor and the territories south of the Black Sea, that is, in this
very region, but also in Greece, where he suffered martyrdom.
The Apostle
Andrew, therefore, represents the meeting between early Christianity and Greek culture.
This encounter, particularly in Asia Minor, became possible thanks especially to the
great Cappadocian Fathers, who enriched the liturgy, theology and spirituality of
both the Eastern and the Western Churches. The Christian message, like the grain of
wheat (cf. Jn 12:24), fell on this land and bore much fruit. We must be profoundly
grateful for the heritage that emerged from the fruitful encounter between the Christian
message and Hellenic culture. It has had an enduring impact on the Churches of East
and West. The Greek Fathers have left us a store of treasure from which the Church
continues to draw riches old and new (cf. Mt 13:52). The lesson
of the grain of wheat that dies in order to bear fruit also has a parallel in the
life of Saint Andrew. Tradition tells us that he followed the fate of his Lord and
Master, ending his days in Patras, Greece. Like Peter, he endured martyrdom on a cross,
the diagonal cross that we venerate today as the cross of Saint Andrew. From his
example we learn that the path of each single Christian, like that of the Church as
a whole, leads to new life, to eternal life, through the imitation of Christ and the
experience of his cross.
In the course of history, both the Church of Rome
and the Church of Constantinople have often experienced the lesson of the grain of
wheat. Together we venerate many of the same martyrs whose blood, in the celebrated
words of Tertullian, became the seed of new Christians (Apologeticum, 50, 13).
With them, we share the same hope that impels the Church to “press forward, like a
stranger in a foreign land, amid the persecutions of the world and the consolations
of God” (Lumen Gentium, 8, cf. Saint Augustine, De Civ. Dei, XVIII,
51, 2). For its part, the century that has just ended also saw courageous witnesses
to the faith, in both East and West. Even now, there are many such witnesses in different
parts of the world. We remember them in our prayer and, in whatever way we can, we
offer them our support, as we urge all world leaders to respect religious freedom
as a fundamental human right.
The Divine Liturgy in which we have participated
was celebrated according to the rite of Saint John Chrysostom. The cross and resurrection
of Jesus Christ have been made mystically present. For us Christians this is a source
and sign of constantly renewed hope. We find that hope beautifully expressed in the
ancient text known as the Passion of Saint Andrew: “I greet you, O Cross, consecrated
by the Body of Christ and adorned by His limbs as by precious pearls … May the faithful
know your joy, and the gifts you hold in store …”.
This faith in the redeeming
death of Jesus on the cross, and this hope which the Risen Christ offers to the whole
human family, are shared by all of us, Orthodox and Catholics alike. May our daily
prayer and activity be inspired by a fervent desire not only to be present at the
Divine Liturgy, but to be able to celebrate it together, to take part in the one table
of the Lord, sharing the same bread and the same chalice. May our encounter today
serve as an impetus and joyful anticipation of the gift of full communion. And may
the Spirit of God accompany us on our journey!
Benedetto
XVI in Turchia – Discorso 6 – Originale (francese) Dichiarazione
Congiunta (Avv. 30 - 5) Chiesa Patriarcale di S. Giorgio, Istanbul –
30/11/06 – Ore: 12,15 Turchia (11,15 Italia) Distribuzione: 29/11/2006 Per
il momento è disponibile solo l’originale francese che è stato letto dal cardinale
Kasper. Il testo pronunciato corrisponde integralmente a quello scritto. Alleghiamo
una sintesi in italiano dei punti salienti del documento. DÉCLARATION
COMMUNE ENTRE LE PAPE BENOÎT XVI ET LE PATRIARCHE BARTHOLOMAIOS I « Voici
le jour le Seigneur a fait, qu’il soit notre bonheur et notre joie » (Ps 117,
24) !
La rencontre fraternelle que nous avons eue, nous, Benoît XVI, Pape de
Rome, et Bartholomaios Ier, Patriarche œcuménique, est l’œuvre de Dieu,
et en quelque sorte un don venant de Lui. Nous rendons grâce à l’Auteur de tout bien,
qui nous permet encore une fois, dans la prière et l’échange, d’exprimer notre joie
de nous sentir frères et de renouveler notre engagement en vue de la pleine communion.
Cet engagement nous vient de la volonté de notre Seigneur et notre responsabilité
de Pasteurs dans l’Eglise du Christ. Puisse notre rencontre être un signe et un encouragement
pour nous tous, à partager les mêmes sentiments et les mêmes attitudes de fraternité,
de collaboration et de communion dans la charité et dans la vérité. L’Esprit Saint
nous aidera à préparer le grand jour du rétablissement de la pleine unité, quand et
comme Dieu le voudra. Nous pourrons alors nous réjouir et exulter vraiment.
1.
Nous avons évoqué avec gratitude les rencontres de nos vénérés prédécesseurs, bénis
par le Seigneur, qui ont montré au monde l’urgence de l’unité et qui ont tracé des
sentiers sûrs pour y parvenir, dans le dialogue, la prière et la vie ecclésiale quotidienne.
Le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier, pèlerins de Jérusalem
sur le lieu même où Jésus Christ est mort et ressuscité pour le salut du monde, se
sont ensuite rencontrés de nouveau, ici au Phanar et à Rome. Ils nous ont laissé une
déclaration commune qui garde toute sa valeur, soulignant que le vrai dialogue de
la charité doit soutenir et inspirer tous les rapports entre les personnes et entre
les Eglises elles-mêmes, « doit être enraciné dans une fidélité totale à l’unique
Seigneur Jésus Christ et dans un respect mutuel de leurs propres traditions » (Tomos
Agapis, 195). Nous n’avons pas non plus oublié l’échange de visites entre Sa Sainteté
le Pape Jean Paul II et Sa Sainteté Dimitrios Ier. C’est précisément durant
la visite du Pape Jean Paul II, sa première visite œcuménique, que fut annoncée la
création de la Commission mixte entre l’Eglise romaine catholique et l’Eglise orthodoxe.
Celle-ci s’est réunie dans le but de déclarer et rétablir la pleine communion.
En
ce qui concerne les relations entre l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople,
nous ne pouvons pas oublier l’acte ecclésial solennel reléguant dans l’oubli les anciens
anathèmes qui, durant des siècles, ont affecté et affectent de manière encore
négative les rapports entre nos Eglises. Nous n’avons pas encore tiré de cet acte
toutes les conséquences positives qui peuvent en découler pour notre marche vers la
pleine unité, à laquelle la Commission mixte est appelée à porter une contribution
importante. Nous exhortons nos fidèles à prendre une part active dans cette démarche
par la prière et par des gestes significatives.
2. Lors de la session plénière
de la Commission mixte pour le dialogue théologique, qui s’est tenue récemment à Belgrade
et qui a généreusement été accueillie par l’Eglise orthodoxe serbe, nous avons exprimé
notre joie profonde pour la reprise du dialogue théologique. Après une interruption
de quelques années, due à diverses difficultés, la Commission a pu travailler à nouveau
dans un esprit d’amitié et de collaboration. En traitant le thème « Conciliarité et
autorité dans l’Eglise » au niveau local, régional et universel, elle a entrepris
une phase d’étude sur la conséquence ecclésiologique et canonique de la nature sacramentelle
de l’Eglise. Cela permettra d’aborder quelques-unes des principales questions encore
controversées. Nous sommes décidés à soutenir sans cesse comme par le passé, le travail
confié à cette Commission et nous accompagnons ses membres de nos prières.
3.
Comme Pasteurs, nous avons tout d’abord réfléchi à la mission d’annoncer l’Evangile
dans le monde d’aujourd’hui. Cette mission, « Allez donc, de toutes les nations faites
de disciples » (Mt 28, 19), est aujourd’hui plus que jamais actuelle et nécessaire
même dans les pays traditionnellement chrétiens. De plus, nous ne pouvons pas ignorer
la montée de la sécularisation, du relativisme, voire du nihilisme, surtout dans le
monde occidental. Tout cela exige une annonce renouvelée et puissante de l’Evangile,
adaptée aux cultures de notre temps. Nos traditions représentent pour nous, un patrimoine
qui doit être partagé, proposé et actualisé continuellement. C’est pourquoi nous devons
renforcer les collaborations et notre témoignage commun devant toutes les nations.
4.
Nous avons évalué positivement le chemin vers la formation de l’Union européenne.
Les acteurs de cette grande initiative ne manqueront pas de prendre en considération
tous les aspects qui touchent à la personne humaine et de ses droits inaliénables,
surtout la liberté religieuse, témoin et garante de respect de toute autre liberté.
Dans chaque initiative d’unification, les minorités doivent être protégées, avec leurs
traditions culturelles et leurs spécialités religieuses. En Europe, tout en demeurant
ouverts aux autres religions et à leur contribution à la culture, nous devons unir
nos efforts pour préserver les racines, les traditions et les valeurs chrétiennes
pour assurer le respect de l’histoire, ainsi que pour contribuer à la culture de la
future Europe, à la qualité des relations humaines en tous les niveaux. Dans ce contexte,
comment ne pas évoquer les très anciens témoins et illustre patrimoine chrétiens de
la terre où a lieu notre rencontre, en commençant par ce que nous dit le livre des
Actes des Apôtres, évoquant la figure de Saint Paul, Apôtre des nations. Sur cette
terre, le message de l’Evangile et l’ancienne tradition culturelle se sont rejoints.
Ce lien, qui a tant contribué à l’héritage chrétien qui nous est commun, demeure actuel
et portera encore des fruits dans l’avenir pour l’évangélisation et pour notre unité.
5.
Notre regard s’est porté sur les lieux du monde d’aujourd’hui où vivent les chrétiens
et sur les difficultés auxquelles ils doivent faire face, en particulier les pauvretés,
les guerres et le terrorisme, mais également les diverses formes d’exploitation des
pauvres, des émigrés, des femmes et des enfants. Nous sommes appelés à entreprendre
ensemble une action en faveur du respect du droit de l’homme, et de tout être humain,
créé à l’image de la ressemblance de Dieu, du développement économique, social et
culturel. Nos traditions théologiques et éthiques peuvent offrir une base solide de
prédication et d’action communes. Nous voulons avant tout affirmer que tuer des innocents
au nom de Dieu est une offense envers Lui et envers la dignité humaine. Nous devons
tous nous engager pour un service renouvelé de l’homme et pour la défense de la vie
humaine, de toute vie humaine.
Nous avons profondément à cœur la paix au Moyen-Orient,
où notre Seigneur a vécu, a souffert, est mort et ressuscité, et où vivent, depuis
tant de siècles une multitude de frères chrétiens. Nous désirons ardemment que soit
rétablie la paix sur cette terre, que se renforce la coexistence cordiale entre ses
diverses populations, entre les Eglises, et entre les différentes religions qui s’y
trouvent. Pour cela, nous encourageons l’établissement de rapports plus étroits entre
les chrétiens et d’un dialogue interreligieux authentique et loyal en vue de lutter
contre toute forme de violence et de discrimination.
6. Actuellement, devant
le grand danger concernant l’environnement naturel, nous voulons exprimer notre souci
face aux conséquences négatives pour l’humanité et pour la création toute entière
qui peuvent résulter d’un progrès économique et technologique qui ne reconnaît pas
ses limites. En tant que chefs religieux, nous considérons comme un de nos devoirs
d’encourager et de soutenir tous les efforts qui sont faits pour protéger la création
de Dieu et pour laisser aux générations futures une terre dans laquelle elles pourront
vivre.
7. Enfin, notre pensée se tourne vers vous tous, les fidèles de nos
Eglises présents partout dans le monde, Evêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses,
hommes et femmes laïques engagés dans un service ecclésial et tous les baptisés. Nous
saluons en Christ les autres chrétiens, les assurant de notre prière et de notre disponibilité
au dialogue et à la collaboration. Avec les paroles de l’Apôtre des Gentils, nous
vous saluons tous : « À vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur
Jésus Christ » (2 Co 1, 2).
Au Phanar, le 30 Novembre 2006.
Gemeinsame
Erklärung von Papst Benedikt XVI. und Patriarch Bartholomaios I. in einer von der
KNA leicht überarbeiteten Übersetzung, die das Ökumenische Patriarchat zur Verfügung
stellte:
«Das ist der Tag, den der Herr gemacht hat; lasst uns frohlocken und
seiner uns freuen!» (Psalm 118,24)
Die brüderliche Begegnung zwischen uns,
dem Papst von Rom Benedikt XVI. und dem Ökumenischen Patriarchen Bartholomaios
I., ist ein Werk Gottes und in einem gewissen Sinn ein Geschenk, das er uns
gemacht hat. Wir danken dem Spender alles Guten, der uns erneut gewährt hat, im
Gebet und in Erwiderung seiner Güte unsere Freude über das Empfinden unserer brüderlichen
Verbundenheit und die Erneuerung unserer Verpflichtung in der Perspektive vollendeter
Gemeinschaft untereinander zum Ausdruck bringen zu können. Diese Verpflichtung
ergibt sich aus dem Willen unseres Herrn und aus unserer Verantwortung als Hirten
in der Kirche Christi. Möge diese Begegnung ein Zeichen und eine Ermutigung für uns
sein, dieselben Empfindungen und dieselben Ideen der Brüderlichkeit, der Zusammenarbeit
und der Gemeinschaft untereinander in Liebe und Wahrheit miteinander zu teilen.
Der Heilige Geist wird uns helfen, den großen Tag der Wiederherstellung der
vollkommenen Einheit vorzubereiten, wenn und wie Gott es will. Dann werden wir
im Stande sein, uns wahrhaft zu freuen und zu frohlocken.
1. In Dankbarkeit
haben wir der Begegnungen unserer ehrwürdigen, im Herrn seligen Vorgänger gedacht,
die der Welt die Dringlichkeit der Einheit zeigten und den Weg bahnten, auf dem wir
durch Dialog, Gebet und tägliches kirchliches Leben zu ihr gelangen werden. Papst
Paul VI. und Patriarch Athenagoras I., die nach Jerusalem gepilgert waren, also
dahin, wo Jesus Christus für das Heil der Welt gestorben und auferstanden ist,
sind sich auch danach wieder begegnet, hier im Phanar und in Rom. Sie haben uns eine
gemeinsame Erklärung hinterlassen, die seitdem nichts von ihrem Wert verloren hat,
und betont, dass der wahre Dialog der Liebe alle Beziehungen zwischen den Menschen
und den beiden Kirchen unterstützt und inspiriert, «damit er in der vollkommenen Treue
zu dem einen Herrn Jesus Christus und im gegenseitigen Respekt der beiden Traditionen
gründe» (Tomos Agapis, 195).
Ebenso wenig haben wir die wechselseitigen Besuche
Seiner Heiligkeit des Papstes Johannes Paul II. und Seiner Allheiligkeit des
Patriarchen Dimitrios I. vergessen. Gerade anlässlich des Besuches von Papst Johannes
Paul II., also anlässlich seines ersten ökumenischen Besuchs, wurde die Einsetzung
der Gemeinsamen Kommission des theologischen Dialogs zwischen der römisch-katholischen
und der orthodoxen Kirche proklamiert. Diese Kommission hat im Namen unserer Kirchen
das erklärte Ziel, die vollkommene Gemeinschaft wiederherzustellen.
Was
die Beziehungen zwischen der Kirche von Rom und der Kirche von Konstantinopel anbelangt,
so ist es uns unmöglich, den offiziellen kirchlichen Akt zu vergessen, wodurch
die alten Kirchenbanne, die die Beziehungen zwischen unseren Kirchen jahrhundertlang
negativ beeinflusst haben, dem Vergessen anheim gegeben wurden. Wir haben seitdem
nicht alle sich aus diesem Akt ergebenden positiven Konsequenzen auf dem Weg zur
vollendeten Einheit ausgeschöpft, zu dem die Gemeinsame Kommission einen wesentlichen
Beitrag leisten soll. Wir ermahnen unsere Gläubigen, in diesem Zusammenhang durch
Gebet und maßgebliches Handeln einen tatkräftigen Beitrag zu leisten.
2.
Wir haben unsere tief empfundene Freude darüber zum Ausdruck gebracht, dass die
Gemeinsame Kommission des theologischen Dialogs jüngst in Belgrad vollzählig zusammengetreten
ist. Dabei durfte sie sich der großen Gastfreundschaft der orthodoxen Kirche von
Serbien erfreuen. Nach einer wenige Jahre dauernden Unterbrechung, die ihren Grund
in mehreren Schwierigkeiten hatte, konnte die Kommission wieder im Geist der Freundschaft
und der Zusammenarbeit tätig werden. Indem sie sich dem Thema «Konziliarität
und Autorität in der Kirche» in lokaler, regionaler und universaler Perspektive
widmete, ist sie in eine Phase der Untersuchung der ekklesiologischen und kirchenrechtlichen
Folgen der sakramentalen Natur der Kirche eingetreten. Diese Phase wird die Erörterung
einiger grundlegender Fragen ermöglichen, die noch kontrovers sind. Wie schon
in der Vergangenheit, so wollen wir auch jetzt das der Kommission aufgetragene
Werk entschieden unterstützen und ihre Mitlieder durch unsere Gebete begleiten.
3.
Als Hirten haben wir vorrangig unsere Sendung zur Verkündigung des Evangeliums
in der heutigen Welt bedacht. Diese Sendung - «gehet hin und lehret alle Völker»
(Mt 28,19) - ist heute wie eh und je aktuell und unverzichtbar, und das sogar in
den traditionell christlichen Ländern. Überdies können wir auch das verstärkte
Auftreten von Säkularismus, Relativismus und Nihilismus besonders in der westlichen
Welt nicht ignorieren. All das erfordert eine erneuerte, massive Verkündigung des Evangeliums,
die auf die heutigen kulturellen Tendenzen abgestimmt ist. Unsere Traditionen sind
für uns ein Erbe, das wir miteinander teilen, manifestieren und beständig aktualisieren sollen.
Darum müssen wir unsere Zusammenarbeit und unser gemeinsames Zeugnis vor allen
Völkern stärken.
4. Den Weg zur Bildung der Europäischen Union haben wir positiv gewürdigt.
Die Pioniere dieses bedeutenden Unterfangens werden gewiss nicht versäumen, alle
Aspekte zu berücksichtigen, die die menschliche Person und ihre unveräußerlichen
Rechte betreffen, insbesondere die Religionsfreiheit, die der Beweis und Garant
des Respekts vor jeder anderen Freiheit ist. Bei jeder Initiative, Einheit herzustellen,
sollten die Minderheiten, ihre kulturellen Traditionen und ihre religiösen Besonderheiten
geschützt werden. In Europa müssen wir, ohne sich gegenüber den anderen Religionen und
ihrem kulturellen Beitrag zu verschließen, unsere Kräfte vereinen; um die Wurzeln,
Überlieferungen und christlichen Werte zu bewahren, um den Respekt vor der Geschichte
zu gewährleisten und um zur Kultur des Europa von morgen und zur Qualität der menschlichen
Beziehungen auf allen Niveaus beizutragen.
Wie könnten wir in diesem Zusammenhang
die ersten Märtyrer und das leuchtende christliche Erbe des Ortes übergehen, an
dem wir uns begegnen - angefangen bei den Worten der Apostelgeschichte über
die Person des heiligen Paulus, des Apostels der Völker? An diesem Ort sind sich
die Botschaft des Evangeliums und die kulturelle Tradition der Antike begegnet.
Diese Verbindung, die einen so großen Beitrag zu unserem gemeinsamen christlichen
Erbe geleistet hat, bleibt stets aktuell und wird in der Zukunft noch andere
Früchte zeitigen, die der Verkündigung des Evangeliums und unserer Einheit zugute
kommen.
5. Unsere Blicke richten sich auf diejenigen Regionen der heutigen
Welt, wo Christen leben, und auf die Schwierigkeiten, mit denen sie konfrontiert
sind: insbesondere Hunger, Kriege und Terror, aber auch unterschiedliche Formen
von Ausbeutung der Armen, der Migranten, der Frauen und der Kinder.
Wir
sind aufgerufen, uns gemeinsam für die Respektierung der Menschenrechte eines jeden
nach dem Bild und Gleichnis Gottes erschaffenen Menschen sowie für die wirtschaftliche, gesellschaftliche
und kulturelle Entwicklung einzusetzen. Unsere theologischen und moralischen Traditionen
sind ein solides Fundament für eine gemeinsame Verkündigung und ein gemeinsames Handeln.
Wir wollen vor allem mit größtem Nachdruck feststellen, dass die Ermordung Unschuldiger
im Namen Gottes ein Frevel gegen Gott und gegen die Menschenwürde ist. Wir müssen
uns alle zu einem erneuerten Dienst am Menschen und zum Schutz des menschlichen
Lebens, jedes menschlichen Lebens, verpflichten.
Ganz besonders liegt uns der
Friede im Mittleren Osten am Herzen, dort, wo unser Herr gelebt und gelitten hat,
gestorben und auferstanden ist und wo seit vielen Jahrhunderten eine große Zahl christlicher
Brüder lebt. Wie sehnen uns brennend nach der Wiederherstellung des Friedens in
diesem Land, nach der Stärkung des staunenswerten Miteinanders seiner unterschiedlichen Volksgruppen,
seiner Kirchen und der verschiedenen Religionen, die dort zu Hause sind. Darum
ermutigen wir auch die Entwicklung engerer Beziehungen zwischen den Christen und
das Gelingen eines authentischen und konsequenten interreligiösen Dialogs in der Perspektive
des Kampfes gegen jede Form von Gewalt und Diskriminierung.
6. In Anbetracht
der großen Gefahren für die Umwelt möchten wir heute unserer Besorgnis darüber
Ausdruck verleihen, welch negative Folgen für den Menschen und die gesamte Schöpfung
ein grenzenloser ökonomischer und technologischer Fortschritt hat. Als Religionsführer
halten wir es für unsere Pflicht, alle Bemühungen zu ermutigen und zu unterstützen,
die zum Schutz der Schöpfung Gottes unternommen werden und die dazu beitragen,
dass wir diesen Kosmos künftigen Generationen so hinterlassen, dass sie darin
leben können.
7. Am Ende richten wir unsere Gedanken an Euch alle: die Gläubigen
unserer Kirchen in aller Welt, Bischöfe, Priester, Diakone, Mönche und Nonnen,
Männer und Frauen im Laienstand, an alle, die einen kirchlichen Dienst üben, und
an alle Getauften überhaupt. Wir grüßen in Christus die anderen Christen und versichern
sie unseres Gebetes und unserer Bereitschaft zum Dialog und zur Zusammenarbeit.
Wir grüßen Euch alle mit den Worten des Völkerapostels: «Gnade sei Euch und Friede
von Gott, unserem Vater, und dem Herrn Jesus Christus» (2 Kor 1,2).
Im Phanar,
am 30. November 2006
Benedikt XVI. Bartholomaios I.
Benedetto XVI
in Turchia – Discorso7 – Originale (inglese) Visita di preghiera Cattedrale
Armena Apostolica Cattedrale Armena Apostolica di S. Maria,
Istanbul-30/11/06 –Ore 17.45 Turchia (16.45 Italia)
L’indirizzo di saluto
al Papa del Patriarca Mesrob (in inglese) è stato distribuito con la CSD 2243
Dear
Brother in Christ,
I am pleased to have this opportunity to meet Your Beatitude
in this very place where Patriarch Kalustian welcomed my predecessors Pope Paul VI
and Pope John Paul II. With great affection I greet the entire Armenian Apostolic
community over which you preside as shepherd and spiritual father. My fraternal greeting
goes also to His Holiness Karekin II, Catholicos of Holy Etchmiadzin, and the hierarchy
of the Armenian Apostolic Church. I give thanks to God for the Christian faith and
witness of the Armenian people, transmitted from one generation to the next, often
in very tragic circumstances such as those experienced in the last century.
Our
meeting is more than a simple gesture of ecumenical courtesy and friendship. It is
a sign of our shared hope in God’s promises and our desire to see fulfilled the prayer
that Jesus offered for his disciples on the eve of his suffering and death: “that
they may all be one. As you, Father, are in me and I in you, may they also be one
in us, so that the world may believe that you have sent me” (Jn 17:21).
Jesus gave his life on the Cross to gather into one the dispersed children of
God, to break down the walls of division. Through the sacrament of Baptism, we have
been incorporated into the Body of Christ, the Church. The tragic divisions which,
over time, have arisen among Christ’s followers openly contradict the Lord’s will,
give scandal to the world and damage that most holy cause, the preaching of the Gospel
to every creature (cf. Unitatis Redintegratio, 1). Precisely by the witness
of their faith and love, Christians are called to offer a radiant sign of hope and
consolation to this world, so marked by conflicts and tensions. We must continue
therefore to do everything possible to heal the wounds of separation and to hasten
the work of rebuilding Christian unity. May we be guided in this urgent task by the
light and strength of the Holy Spirit.
In this respect I can only offer
heartfelt thanks to the Lord for the deeper fraternal relationship that has developed
between the Armenian Apostolic Church and the Catholic Church. In the thirteenth
century, Nerses of Lambron, one of the great Doctors of the Armenian Church, wrote
these words of encouragement: “Now, since we all need peace with God, let its foundation
be harmony among the brethren. We have prayed to God for peace and continue to do
so. Look, he is now giving it to us as a gift: let us welcome it! We asked the Lord
to make his holy Church solid, and he has willingly heard our plea. Let us climb therefore
the mountain of the Gospel faith!” (Il Primato della Carità, Ed. Qiqajon, p.
81). These words of Nerses have lost nothing of their power. Together let us continue
to pray for the unity of all Christians, so that, by receiving this gift from above
with open hearts, we may be ever more convincing witnesses of the truth of the Gospel
and better servants of the Church’s mission.