2006-10-08 14:12:53

Kongo: Bischofsappell zur Stichwahl


Mit Blick auf die bevorstehende Stichwahl am 29. Oktober haben die Bischöfe die Kandidaten zu einem transparenten Wahlkampf aufgerufen. Es sei wichtig, so die Bischöfe, dass die politischen Führer das Gemeinwohl suchten und nicht das eigene Interesse. In dem Dokument mit dem Titel „Die Wahrheit wird euch frei machen. Für einen transparenten Urnengang“ fordert die Bischofskonferenz außerdem eine verbesserte Organisation der Wahlen, um Zweifel an dem Wahlergebnis auszuschließen. An die internationale Gemeinschaft gerichtet kritisieren die Bischöfe, dass das Land einerseits unabhängig sei, dennoch gehe die Ausbeutung der Rohstoffe des Landes unter Schweigen der internationalen Gemeinschaft weiter. An die Wähler appelieren die Oberhirten, friedlich von ihrem Wahlrecht Gebrauch zu machen.
(rv 081006 mc)
Lesen Sie hier den Wortlaut der Erklärung« LA VERITE VOUS RENDRA LIBRES » (Jn 8, 32)
LE VERDICT DES URNES DANS LA TRANSPARENCE

 Message des Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté.1. A la veille des échéances électorales décisives pour l’avenir de notre pays, nous, Archevêques et Evêques, membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, réunis du 02 au 05 octobre en Assemblée plénière ordinaire à Kinshasa, tenons à adresser au peuple congolais un message d’espoir et un appel pressant aux futurs dirigeants de la IIIe République pour un sursaut patriotique.
2.  Pasteurs du peuple de Dieu qui nous est confié, nous voulons éclairer les consciences des fidèles et apporter, dans l’exercice de notre mission prophétique au sein de la société congolaise, notre contribution à l’édification d’un Etat de droit et à la reconstruction matérielle et morale de notre pays. Car le mandat du Seigneur qui nous envoie par le monde entier proclamer l’évangile  à toutes les créatures ( cf. Mc 16,15) concerne aussi tous les lieux où se décide la destinée de la nation.
Ce faisant, l’Eglise n’entend pas faire la politique. Mais elle « revendique la liberté d’exprimer son jugement moral sur cette réalité chaque fois que cela est requis par la défense des droits fondamentaux de la personne ou par le salut des âmes »[1].  Seul le combat pour la dignité de la personne humaine reste notre principale préoccupation[2]. En cette dernière étape du processus électoral, la CENCO, dans sa collégialité[3], invite la communauté nationale et internationale, pendant qu’il est encore temps, à conjurer le mal pour que les élections augurent des lendemains meilleurs, car le Congo est en danger.Elections présidentielle et législatives : le vote du 30 juillet 20063. Des inquiétudes réelles pesaient sur la tenue du scrutin du 30 juillet 2006. Il est d’autant plus heureux que les efforts de la Commission Electorale Indépendante (CEI) aient réussi le pari d’organiser les élections tant attendues par la nation congolaise. La CEI, la Police nationale, ainsi que l’ensemble des Forces de l’ordre et la Communauté internationale ont été félicités pour le bon déroulement du vote. Le peuple congolais, pour sa part, a fait preuve de dignité et de maturité politique en allant voter massivement dans le calme et la discipline. Nous en sommes fiers !
Nous félicitons, de manière particulière, ceux qui ont participé à l’éducation civique et électorale qui a permis à nos concitoyens d’opérer des choix responsables. Que cette mobilisation et cet enthousiasme soient maintenus tout au long du processus, afin que le peuple puisse désormais peser sur l’orientation politique de notre pays.
4. Le déploiement des observateurs tant nationaux qu’internationaux a permis de relever des limites dans l’organisation du scrutin du 30 juillet 2006. De nombreux points positifs sont à mettre à l’actif du pouvoir organisateur : participation massive de la population, multiplication des bureaux de vote, dynamisme des agents électoraux, logistique disponible, bon déroulement des opérations de vote et de dépouillement. Toutefois, plusieurs cas d’irrégularités, de manipulation sinon de fraude ont été aussi signalés par nombre de missions d’observation : destruction du matériel de campagne ou du scrutin, couverture médiatique inégale, difficultés lors des compilations des résultats, publication du résultat dans un climat tendu. Dans l’ensemble, le scrutin a été apprécié comme pouvant  être pris en considération. A ce propos, nous attirons l’attention de tous  sur les remarques pertinentes émises par tous les bons observateurs  en vue du prochain scrutin, et pour que la vérité des urnes soit acceptée dans le calme et la sérénité. L’Ecriture nous dit, en effet : « La vérité vous rendra libres » (Jn 8,32).Non à la violence pour  se maintenir ou accéder au pouvoir5. Nous condamnons toute violence, d’où qu’elle vienne, ainsi que  tout discours appelant à la haine, à la division et à l’exclusion. Nous tenons à exprimer notre profonde indignation et notre ferme condamnation des événements du 27 juillet  comme ceux du 20 au 22 août 2006 qui se sont produits à Kinshasa. Ces événements ont fait des morts et provoqué des destructions. Ils ont créé la panique et une grande inquiétude pour la poursuite normale du processus électoral. Ils ont semé un doute grave sur la volonté des hommes au pouvoir d’abandonner la logique des armes pour s’engager dans celle de la démocratie. Notre peuple a clairement montré qu’il refuse la guerre, car il a déjà trop souffert des violences. Que personne ne ramène la guerre dans le pays.
6. Il est impérieux que les causes qui ont conduit à ces violences soient élucidées si l’on veut garantir la crédibilité et une chance d’issue heureuse du scrutin du 29 octobre 2006. Les deux candidats à la magistrature suprême doivent donner la preuve de leur engagement à se débarrasser des milices armées prêtes à prendre la population en otage. Sans cette preuve, il y aurait à craindre que le peuple ne participe à un scrutin qui le replongerait dans  la violence.
 Pour notre part, le refus du dialogue positif et consensuel sur les règles du jeu[4], l’intégration non achevée de l’armée, l’exclusion, les irrégularités lors du scrutin, la soif du pouvoir pour le pouvoir, les  frustrations accumulées depuis de nombreuses années, l’intoxication de l’opinion par certains médias et l’intolérancesont parmi les causes majeures de ces violences[5]. Il est temps qu’avec le peuple, les décideurs politiques et des organismes indépendants, nous évitions d’hypothéquer le destin de notre pays.Non à la balkanisation de la République Démocratique du Congo 7. Face à la menace du  prétendu « clivage entre l’est et l’ouest du pays », idéologie savamment entretenue dans certains milieux, avec le peuple nous disons non à toute tentative de balkanisation du Congo pour le fragiliser et l’exploiter à souhait. Aussi voulons-nous réaffirmer que l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne sont pas négociables[6]. Nous demandons à notre peuple de demeurer vigilant pour barrer la route à tous ceux qui veulent diviser les Congolais pour des intérêts inavoués.
En outre, nous invitons nos concitoyens à se défaire des mentalités et des comportements par lesquels, même sans le vouloir, ils risquent de faire le jeu de la balkanisation, notamment par la discrimination et l’exclusion sur base d’identité ethnique ou régionale. Nous devons relever le défi de l’unité et de la cohésion nationale.Campagne et élections dans la transparence8. Pour apaiser les esprits, la prochaine campagne électorale devra être axée sur les projets de société et les programmes de gouvernement des uns et des autres, afin de permettre à chaque citoyen de choisir librement son candidat. A ce sujet, le peuple congolais a  besoin aujourd’hui de l’unité, de la paix, du bien-être collectif (santé, éducation, infrastructures de base), du fonctionnement normal de l’Etat. Il mérite un avenir meilleur, par rapport à ce qu’il a connu au cours des dernières décennies.
9. La transparence doit demeurer une exigence particulière de la CEI. Cette institution est appelée à améliorer l’organisation des prochaines échéances électorales, afin que la vérité des urnes triomphe et que le résultat soit accepté sans contestation par toutes les parties. La CEI veillera à éviter toute cause de démotivation de ses agents électoraux. Ceux-ci, à leur tour, feront preuve d’impartialité et de neutralité. Nous invitons à un déploiement conséquent des observateurs nationaux et internationaux. Leur présence vigilante et sans complaisance aux bureaux de vote et de dépouillement, aux centres locaux de compilation des résultats pourra rassurer le peuple congolais et les acteurs politiques en compétition. Accepter le verdict des urnes10. Nous sommes conscients que les présentes élections démocratiques organisées après 40 ans, en République Démocratique du Congo, ne seront pas idéales. Mais cela n’est pas une raison pour  les bâcler. Le pays ne doit épargner aucun effort, avec l’aide appréciée de la Communauté internationale, pour créer les conditions maximales, susceptibles de garantir la transparence et la crédibilité du scrutin. C’est à ce prix que les acteurs politiques s’inclineront devant le verdict des urnes et éviteront les contestations.Quelques recommandationsAux nouveaux dirigeants : appel aux vertus
11. L’exercice de l’autorité implique la dimension morale, l’appel aux vertus qui favorisent la pratique du pouvoir dans un esprit de service, d’intégrité, d’honnêteté et de rassemblement de tous les citoyens ; une autorité exercée par des personnes capables d’assurer de façon authentique le bien commun comme finalité de leurs propres actions, et non le prestige ou l’obtention d’avantages personnels[7]. Les vainqueurs éviteront le triomphalisme et les vaincus accepteront la défaite pour former une vraie opposition politique capable d’assurer l’alternance démocratique. Les nouvelles autorités sont invitées ainsi à s’investir dans la bonne et efficace gouvernance, à bannir la pratique de la corruption, de la vénalité et du détournement des deniers publics. Le système d’audit régulier à tous les niveaux devrait entrer dans la culture congolaise.
A  la Communauté internationale : le Congo n’est pas  sous tutelle
12. La Communauté internationale mérite des félicitations pour les efforts fournis afin que notre pays devienne un Etat de droit, fonctionnant normalement. Nous lui demandons de continuer à soutenir la jeune démocratie et son programme de reconstruction nationale, en ne privilégiant que l’intérêt supérieur du peuple congolais dans la solidarité internationale. Un Congo intégralement développé sera le gage et le garant de relations internationales solides et durables.
Nous reprenons volontiers les réflexions courageuses et pertinentes d’un Episcopat frère au sujet de notre pays : « …avec vous, nous sommes conscients du danger que ce soutien international n’entraîne des tentations de mise sous tutelle ou d’imposition de choix qui ne sont pas ceux du peuple congolais, dont la souveraineté, en dépit de sa fragilité actuelle, doit être absolument respectée. Avec vous, nous lançons un appel à tous les pays, dont le nôtre, qui veulent soutenir réellement la RDC et la région des Grands Lacs, à s’abstenir de tout ce qui favorise le commerce des armes légères dans la région et à renforcer le contrôle des ventes de ces armes qui se poursuivent »[8]. Même si Kinshasa est déclaré « ville sans armes », celles-ci continuent à circuler à grande échelle dans le pays. En outre, le silence de la Communauté internationale sur le pillage encore persistant des ressources du Congo nous étonne et nous inquiète !
Au peuple congolais : appel à un vote massif et responsable
13. Nous demandons aux Congolaises et Congolais d’aller voter massivement le 29 octobre prochain pour manifester clairement et librement leur choix du Président de la République et des députés provinciaux dont le rôle sera déterminant dans les institutions provinciales. Le peuple, souverain primaire et véritable détenteur du pouvoir en démocratie, doit être respecté dans sa décision. Il se montrera encore digne et évitera de céder à l’intoxication et à la manipulation par certains médias et agitateurs politiques. Il se gardera de toute incitation à la violence.
L’Eglise catholique réaffirme une fois de plus sa neutralité vis-à-vis des personnes et des partis politiques en tant que tels. Elle ne soutient ni candidat ni parti ni regroupement politique.
14. Notre grand souhait est que le double scrutin du 29 octobre prochain se déroule dans l’ordre, la discipline, le calme et la sérénité. Et par la suite, nous espérons et attendons de tous, citoyens congolais comme partenaires étrangers, que lors de la proclamation des résultats des scrutins, l’accueil de ces résultats se fasse et s’exprime de manière paisible.Perspectives d’avenirTâches prioritaires
15. La IIIe République sera fondée sur des valeurs. L’Eglise-Famille de Dieu qui est en République Démocratique du Congo continuera à jouer son rôle de sentinelle, « à temps et à contretemps » (2 Tm 4,2), pour rappeler à tous les valeurs républicaines de l’Etat congolais à sauvegarder à tout prix, les valeurs morales de la vie sociale, et les valeurs évangéliques, piliers de la paix et de la concorde nationale (la vérité, la justice, l’amour et la liberté)[9]. La crise éthique est profonde et multiforme dans notre société. Il est temps de s’attaquer à la racine du mal pour sauver le Congo. Les nouvelles institutions ne suffisent pas, à elles seules, pour opérer tous les changements souhaitables : il faut une nouvelle mentalité, un changement radical dans les comportements personnels, sociaux et politiques. «  A vin nouveau, outres neuves » (Mc 2, 22). Dans ce sens, le rôle des fidèles laïcs comme sel de la terre et lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14) est immense. Ils seront dans la société congolaise des messagers de la transcendance de Dieu, de l‘unité et de la solidarité nationale, du développement et du respect des droits humains. Le Congo a besoin de responsables  politiques saints, hommes et femmes[10], selon les mots du Pape Jean-Paul II d’heureuse mémoire. En effet, la politique est un art noble et une vocation[11].
16. Au-delà des élections, un grand chantier nous attend. L’Eglise, mère et éducatrice, entend poursuivre sa mission de formation des consciences pour une citoyenneté responsable. Elle jouera un rôle actif comme levain dans la pâte (cf. Lc 13, 20-21) : « Les Congolais souhaitent vivement qu’à côté et au-delà des aides humanitaires d’urgence, on se préoccupe dès maintenant, en même temps, non seulement de la ‘Réduction de la Pauvreté’, mais de Plans et Programmes de ‘relance économique’, et de ‘développement positif croissant’. Plans et Programmes qu’il faut commencer à définir et à mettre en œuvre dès le lendemain de la mise en place des Institutions et des Cadres responsables de la IIIe  République »[12].
Relations régionales et internationales
17. L’entrée dans l’ère de la IIIe République, c’est le moment, d’une part, de rétablir sans tarder et de renforcer les rapports de bonne entente, de confiante et franche collaboration avec tous les pays voisins de la République Démocratique du Congo ; de renouer avec la participation active dans les structures de l’Union Africaine ; et d’autre part, d’intensifier les Relations internationales au profit mutuel et équitable de tous les partenaires.Conclusion18.  Avec une réelle volonté politique de nos dirigeants élus, le Congo peut relever en peu de temps les défis de la stabilité et de sa reconstruction, de l’unité et de la souveraineté nationale, de la paix et de la justice, de la tolérance et de la liberté, du pardon et de la réconciliation.
19. Nous croyons en la puissance de Dieu, maître de notre histoire. Aussi demandons-nous aux chrétiens et à tous les croyants d’organiser des prières (messe, adoration du Saint-Sacrement, chapelet, jeûne et pèlerinage), pendant trois jours (les 25, 26, et 27 octobre 2006), pour l’issue heureuse du scrutin du 29 octobre, et pour la paix juste et durable dans notre pays. En ce mois du Rosaire, nous confions  à la protection maternelle de la Vierge Marie, Reine de la paix et notre Dame des victoires, et à l’intercession des bienheureux Anuarite et Bakanja, l’avenir de notre pays pour que les prochaines élections se déroulent dans la vérité, la dignité et le calme.
Que Dieu bénisse et protège la République Démocratique du Congo !       Fait à Kinshasa, le 05 octobre 2006







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