Mit Blick auf die bevorstehende Stichwahl am 29. Oktober haben die Bischöfe die Kandidaten
zu einem transparenten Wahlkampf aufgerufen. Es sei wichtig, so die Bischöfe, dass
die politischen Führer das Gemeinwohl suchten und nicht das eigene Interesse. In dem
Dokument mit dem Titel „Die Wahrheit wird euch frei machen. Für einen transparenten
Urnengang“ fordert die Bischofskonferenz außerdem eine verbesserte Organisation der
Wahlen, um Zweifel an dem Wahlergebnis auszuschließen. An die internationale Gemeinschaft
gerichtet kritisieren die Bischöfe, dass das Land einerseits unabhängig sei, dennoch
gehe die Ausbeutung der Rohstoffe des Landes unter Schweigen der internationalen Gemeinschaft
weiter. An die Wähler appelieren die Oberhirten, friedlich von ihrem Wahlrecht Gebrauch
zu machen. (rv 081006 mc) Lesen Sie hier den Wortlaut der Erklärung« LA
VERITE VOUS RENDRA LIBRES » (Jn 8, 32) LE VERDICT DES URNES DANS LA TRANSPARENCE
Message des Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo
aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté.1. A la veille des échéances
électorales décisives pour l’avenir de notre pays, nous, Archevêques et Evêques, membres
de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, réunis du 02 au 05 octobre en Assemblée
plénière ordinaire à Kinshasa, tenons à adresser au peuple congolaisun
message d’espoir et un appel pressant aux futurs dirigeants de la IIIe
Républiquepour un sursaut patriotique. 2. Pasteurs du peuple de Dieu
qui nous est confié, nous voulons éclairer les consciences des fidèles et apporter,
dans l’exercice de notre mission prophétique au sein de la société congolaise, notre
contribution à l’édification d’un Etat de droit et à la reconstruction matérielle
et morale de notre pays. Car le mandat du Seigneur qui nous envoie par le monde
entier proclamer l’évangile à toutes les créatures ( cf. Mc 16,15) concerne aussi
tous les lieux où se décide la destinée de la nation. Ce faisant, l’Eglise n’entend
pas faire la politique. Mais elle « revendique la liberté d’exprimer son jugement
moral sur cette réalité chaque fois que cela est requis par la défense des droits
fondamentaux de la personne ou par le salut des âmes »[1]. Seul
le combat pour la dignité de la personne humaine reste notre principale préoccupation[2].
En cette dernière étape du processus électoral, la CENCO, dans sa collégialité[3],
invite la communauté nationale et internationale, pendant qu’il est encore temps,
à conjurer le mal pour que les élections augurent des lendemains meilleurs, car le
Congo est en danger.Elections présidentielle et législatives : le vote du 30
juillet 20063. Des inquiétudes réelles pesaient sur la tenue du scrutin du 30
juillet 2006. Il est d’autant plus heureux que les efforts de la Commission Electorale
Indépendante (CEI) aient réussi le pari d’organiser les élections tant attendues par
la nation congolaise. La CEI, la Police nationale, ainsi que l’ensemble des Forces
de l’ordre et la Communauté internationale ont été félicités pour le bon déroulement
du vote. Le peuple congolais, pour sa part, a fait preuve de dignité et de maturité
politique en allant voter massivement dans le calme et la discipline. Nous en sommes
fiers ! Nous félicitons, de manière particulière, ceux qui ont participé à
l’éducation civique et électorale qui a permis à nos concitoyens d’opérer des choix
responsables. Que cette mobilisation et cet enthousiasme soient maintenus tout
au long du processus, afin que le peuple puisse désormais peser sur l’orientation
politique de notre pays. 4. Le déploiement des observateurs tant nationaux
qu’internationaux a permis de relever des limites dans l’organisation du scrutin du
30 juillet 2006. De nombreux points positifs sont à mettre à l’actif du pouvoir
organisateur : participation massive de la population, multiplication des bureaux
de vote, dynamisme des agents électoraux, logistique disponible, bon déroulement des
opérations de vote et de dépouillement. Toutefois, plusieurscas d’irrégularités,
de manipulation sinon de fraude ont été aussi signalés par nombre de missions
d’observation : destruction du matériel de campagne ou du scrutin, couverture médiatique
inégale, difficultés lors des compilations des résultats, publication du résultat
dans un climat tendu. Dans l’ensemble, le scrutin a été apprécié comme pouvant
être pris en considération. A ce propos, nous attirons l’attention de tous sur les
remarques pertinentes émises par tous les bons observateurs en vue du prochain scrutin,
et pour que la vérité des urnes soit acceptée dans le calme et la sérénité.
L’Ecriture nous dit, en effet : « La vérité vous rendra libres » (Jn 8,32).Non
à la violence pour se maintenir ou accéder au pouvoir5. Nous condamnons toute
violence, d’où qu’elle vienne, ainsi que tout discours appelant à la haine, à la
division et à l’exclusion. Nous tenons à exprimer notre profonde indignation et notre
ferme condamnation des événements du 27 juillet comme ceux du 20 au 22 août 2006
qui se sont produits à Kinshasa. Ces événements ont fait des morts et provoqué
des destructions. Ils ont créé la panique et une grande inquiétude pour la poursuite
normale du processus électoral. Ils ont semé un doute grave sur la volonté des hommes
au pouvoir d’abandonner la logique des armes pour s’engager dans celle de la démocratie.
Notre peuple a clairement montré qu’il refuse la guerre, car il a déjà trop souffert
des violences. Que personne ne ramène la guerre dans le pays. 6. Il est
impérieux que les causes qui ont conduit à ces violences soient élucidées si l’on
veut garantir la crédibilité et une chance d’issue heureuse du scrutin du 29 octobre
2006. Les deux candidats à la magistrature suprême doivent donner la preuve de leur
engagement à se débarrasser des milices armées prêtes à prendre la population en otage.
Sans cette preuve, il y aurait à craindre que le peuple ne participe à un scrutin
qui le replongerait dans la violence. Pour notre part, le refus du dialogue
positif et consensuel sur les règles du jeu[4], l’intégration
non achevée de l’armée, l’exclusion, les irrégularités lors du scrutin, la soif du
pouvoir pour le pouvoir, les frustrations accumulées depuis de nombreuses années,
l’intoxication de l’opinion par certains médias et l’intolérance, sont parmi
les causes majeures de ces violences[5]. Il est temps qu’avec
le peuple, les décideurs politiques et des organismes indépendants, nous évitions
d’hypothéquer le destin de notre pays.Non à la balkanisation de la République
Démocratique du Congo 7. Face à la menace du prétendu « clivage entre l’est
et l’ouest du pays », idéologie savamment entretenue dans certains milieux, avec
le peuple nous disons non à toute tentative de balkanisation du Congo pour le fragiliser
et l’exploiter à souhait. Aussi voulons-nous réaffirmer que l’intégrité territoriale
et la souveraineté nationale ne sont pas négociables[6].
Nous demandons à notre peuple de demeurer vigilant pour barrer la route à tous
ceux qui veulent diviser les Congolais pour des intérêts inavoués. En outre, nous
invitons nos concitoyens à se défaire des mentalités et des comportements par lesquels,
même sans le vouloir, ils risquent de faire le jeu de la balkanisation, notamment
par la discrimination et l’exclusion sur base d’identité ethnique ou régionale. Nous
devons relever le défi de l’unité et de la cohésion nationale.Campagne et élections
dans la transparence8. Pour apaiser les esprits, la prochaine campagne électorale
devra être axée sur les projets de société et les programmes de gouvernement des uns
et des autres, afin de permettre à chaque citoyen de choisir librement son candidat.
A ce sujet, le peuple congolais a besoin aujourd’hui de l’unité, de la paix, du bien-être
collectif (santé, éducation, infrastructures de base), du fonctionnement normal de
l’Etat. Il mérite un avenir meilleur, par rapport à ce qu’il a connu au cours des
dernières décennies. 9. La transparence doit demeurer une exigence particulière
de la CEI. Cette institution est appelée à améliorer l’organisation des prochaines
échéances électorales, afin que la vérité des urnes triomphe et que le résultat soit
accepté sans contestation par toutes les parties. La CEI veillera à éviter toute cause
de démotivation de ses agents électoraux. Ceux-ci, à leur tour, feront preuve d’impartialité
et de neutralité. Nous invitons à un déploiement conséquent des observateurs nationaux
et internationaux. Leur présence vigilante et sans complaisance aux bureaux de vote
et de dépouillement, aux centres locaux de compilation des résultats pourra rassurer
le peuple congolais et les acteurs politiques en compétition. Accepter le verdict
des urnes10. Nous sommes conscients que les présentes élections démocratiques
organisées après 40 ans, en République Démocratique du Congo, ne seront pas idéales.
Mais cela n’est pas une raison pour les bâcler. Le pays ne doit épargner aucun effort,
avec l’aide appréciée de la Communauté internationale, pour créer les conditions maximales,
susceptibles de garantir la transparence et la crédibilité du scrutin. C’est à ce
prix que les acteurs politiques s’inclineront devant le verdict des urnes et éviteront
les contestations.Quelques recommandationsAux nouveaux dirigeants : appel
aux vertus 11. L’exercice de l’autorité implique la dimension morale, l’appel
aux vertus qui favorisent la pratique du pouvoir dans un esprit de service, d’intégrité,
d’honnêteté et de rassemblement de tous les citoyens ; une autorité exercée par
des personnes capables d’assurer de façon authentique le bien commun comme finalité
de leurs propres actions, et non le prestige ou l’obtention d’avantages personnels[7].
Les vainqueurs éviteront le triomphalisme et les vaincus accepteront la défaite
pour former une vraie opposition politique capable d’assurer l’alternance démocratique.
Les nouvelles autorités sont invitées ainsi à s’investir dans la bonne et efficace
gouvernance, à bannir la pratique de la corruption, de la vénalité et du détournement
des deniers publics. Le système d’audit régulier à tous les niveaux devrait
entrer dans la culture congolaise. A la Communauté internationale :
le Congo n’est pas sous tutelle 12. La Communauté internationale mérite
des félicitations pour les efforts fournis afin que notre pays devienne un Etat de
droit, fonctionnant normalement. Nous lui demandons de continuer à soutenir la
jeune démocratie et son programme de reconstruction nationale, en ne privilégiant
que l’intérêt supérieur du peuple congolais dans la solidarité internationale. Un
Congo intégralement développé sera le gage et le garant de relations internationales
solides et durables. Nous reprenons volontiers les réflexions courageuses
et pertinentes d’un Episcopat frère au sujet de notre pays : « …avec vous, nous sommes
conscients du danger que ce soutien international n’entraîne des tentations de mise
sous tutelle ou d’imposition de choix qui ne sont pas ceux du peuple congolais, dont
la souveraineté, en dépit de sa fragilité actuelle, doit être absolument respectée.
Avec vous, nous lançons un appel à tous les pays, dont le nôtre, qui veulent soutenir
réellement la RDC et la région des Grands Lacs, à s’abstenir de tout ce qui favorise
le commerce des armes légères dans la région et à renforcer le contrôle des ventes
de ces armes qui se poursuivent »[8]. Même si Kinshasa est déclaré
« ville sans armes »,celles-ci continuent à circuler à grande échelle dans
le pays. En outre, le silence de la Communauté internationale sur le pillage encore
persistant des ressources du Congo nous étonne et nous inquiète ! Au
peuple congolais : appel à un vote massif et responsable 13. Nous demandons
aux Congolaises et Congolais d’aller voter massivement le 29 octobre prochain pour
manifester clairement et librement leur choix du Président de la République et
des députés provinciaux dont le rôle sera déterminant dans les institutions provinciales.
Le peuple, souverain primaire et véritable détenteur du pouvoir en démocratie,
doit être respecté dans sa décision. Il se montrera encore digne et évitera de
céder à l’intoxication et à la manipulation par certains médias et agitateurs politiques.
Il se gardera de toute incitation à la violence. L’Eglise catholique réaffirme
une fois de plus sa neutralité vis-à-vis des personnes et des partis politiques
en tant que tels. Elle ne soutient ni candidat ni parti ni regroupement politique. 14.
Notre grand souhait est que le double scrutin du 29 octobre prochain se déroule dans
l’ordre, la discipline, le calme et la sérénité. Et par la suite, nous espérons et
attendons de tous, citoyens congolais comme partenaires étrangers, que lors de la
proclamation des résultats des scrutins, l’accueil de ces résultats se fasse et s’exprime
de manière paisible.Perspectives d’avenirTâches prioritaires 15.
La IIIe République sera fondée sur des valeurs. L’Eglise-Famille
de Dieu qui est en République Démocratique du Congo continuera à jouer son rôle de
sentinelle, « à temps et à contretemps » (2 Tm 4,2), pour rappeler à tous les valeurs
républicaines de l’Etat congolais à sauvegarder à tout prix, les valeurs morales
de la vie sociale, et les valeurs évangéliques, piliers de la paix et de
la concorde nationale (la vérité, la justice, l’amour et la liberté)[9].
La crise éthique est profonde et multiforme dans notre société. Il est temps de s’attaquer
à la racine du mal pour sauver le Congo. Les nouvelles institutions ne suffisent pas,
à elles seules, pour opérer tous les changements souhaitables : il faut une nouvelle
mentalité, un changement radical dans les comportements personnels, sociaux et politiques.
« A vin nouveau, outres neuves » (Mc 2, 22). Dans ce sens, le rôle
des fidèles laïcs comme sel de la terre et lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14) est
immense. Ils seront dans la société congolaise des messagers de la transcendance de
Dieu, de l‘unité et de la solidarité nationale, du développement et du respect des
droits humains. Le Congo a besoin de responsables politiques saints, hommes et
femmes[10], selon les mots du Pape Jean-Paul II d’heureuse
mémoire. En effet, la politique est un art noble et une vocation[11]. 16.
Au-delà des élections, un grand chantier nous attend. L’Eglise, mère et éducatrice,
entend poursuivre sa mission de formation des consciences pour une citoyenneté responsable.
Elle jouera un rôle actif comme levain dans la pâte (cf. Lc 13, 20-21) : « Les Congolais
souhaitent vivement qu’à côté et au-delà des aides humanitaires d’urgence,
on se préoccupe dès maintenant, en même temps, non seulement de la ‘Réduction de
la Pauvreté’, mais de Plans et Programmes de ‘relance économique’, et de
‘développement positif croissant’. Plans et Programmes qu’il faut commencer
à définir et à mettre en œuvre dès le lendemain de la mise en place des Institutions
et des Cadres responsables de la IIIe République »[12]. Relations
régionales et internationales 17. L’entrée dans l’ère de la IIIe
République, c’est le moment, d’une part, de rétablir sans tarder et de renforcer
les rapports de bonne entente, de confiante et franche collaboration avec tous
les pays voisins de la République Démocratique du Congo ; de renouer avec la participation
active dans les structures de l’Union Africaine ; et d’autre part, d’intensifier
les Relations internationales au profit mutuel et équitable de tous les partenaires.Conclusion18.
Avec une réelle volonté politique de nos dirigeants élus, le Congo peut relever
en peu de temps les défis de la stabilité et de sa reconstruction, de l’unité et de
la souveraineté nationale, de la paix et de la justice, de la tolérance et de la liberté,
du pardon et de la réconciliation. 19. Nous croyons en la puissance de Dieu, maître
de notre histoire. Aussi demandons-nous aux chrétiens et à tous les croyants d’organiser
des prières (messe, adoration du Saint-Sacrement, chapelet, jeûne et pèlerinage),
pendant trois jours (les 25, 26, et 27 octobre 2006), pour l’issue heureuse
du scrutin du 29 octobre, et pour la paix juste et durable dans notre pays. En ce
mois du Rosaire, nous confions à la protection maternelle de la Vierge Marie, Reine
de la paix et notre Dame des victoires, et à l’intercession des bienheureux Anuarite
et Bakanja, l’avenir de notre pays pour que les prochaines élections se déroulent
dans la vérité, la dignité et le calme. Que Dieu bénisse et protège la République
Démocratique du Congo ! Fait à Kinshasa, le 05 octobre 2006