2017-09-27 12:51:00

L'hommage vibrant du Pape François à la figure de saint Vincent de Paul


(RV) À l’occasion de la mémoire liturgique de saint Vincent de Paul, ce 27 septembre, et dans le contexte du 400e anniversaire de la famille spirituelle “vincentienne”, le Pape François a adressé une lettre à l’intention des personnes qui, dans différents mouvements spirituels et caritatifs, suivent son exemple.

Né en 1581 près de Dax et décédé en 1660 à Paris, Vincent de Paul fut un prêtre dévoué à la cause des pauvres, des exclus, des esclaves, des galériens, plaidant leur cause auprès des puissants de son temps. C’est en 1617 qu’il allait fonder la confrérie des "Dames de la Charité", avec des dames aisées de la ville de Châtillon-sur-Chalaronne, dans l’Ain. Ce fut le point de départ d’une série de fondations d’œuvres spirituelles et de congrégations, avec notamment en 1625 la Congrégation de la Mission (communément appelée les Lazaristes) puis en 1633 la Congrégation des Filles de la Charité. La famille vincentienne était vouée à s’étendre sur le long terme: plusieurs siècles plus tard, au XIXe siècle, Frédéric Ozanam allait se saisir de ses intuitions en créant les conférences Saint-Vincent-de-Paul.

Dans sa lettre en hommage au grand saint français, le Pape François salue un homme «en chemin», «en constante recherche de Dieu», qui avait su «se laisser toucher par le regard d’un homme assoiffé de miséricorde et par les visages d’une famille en besoin de tout». «Le regard de Jésus l’avait secoué, en l’invitant à ne plus vivre pour lui-même, mais à la servir sans réserve dans les pauvres, que saint Vincent allait ensuite appeler "seigneurs et maîtres". Sa vie s’est ainsi transformée en un temps de service, jusqu’au dernier souffle, rappelle le Pape François dans ce message. Une parole de l’Écriture lui avait transmis le sens de sa mission : "Le Seigneur m’a envoyé pour apporter aux pauvres l’heureuse annonce”.»

«Enflammé par le désir de faire connaître Jésus aux pauvres, il s’est dédié intensément à l’annonce, spécialement à travers les missions au peuple, et soignant de manière particulière la formation des prêtres», rappelle le Saint-Père. Saint Vincent avait fondé les "Charités" pour que des personnes plus aisées prennent soin des plus pauvres, «en vivant en communion et en mettant à disposition leurs propres biens avec joie, dans la certitude que Jésus et les pauvres sont le trésor précieux, et, que, comme il aimait le répéter, "quand tu vas vers les pauvres, tu rencontres Jésus"».

Évoquant le «grain de moutarde» semé en 1617, qui ensuite a fait germer plusieurs congrégations et fait de la famille vincentienne un «grand arbre», le Pape rappelle que saint Vincent avait conscience que la fécondité de ses œuvres ne dépendait pas de lui seul, mais ne pouvait se construire que dans l’Église, dans le Peuple de Dieu. «J’aime bien à ce sujet rappeler son intuition prophétique de valoriser les extraordinaires capacités féminines, apparues dans la finesse spirituelle et dans la sensibilité humaine de sainte Louise de Marillac», précise François dans son message.

Le Pape souhaite aux vincentiens que «cette année de remerciement au Seigneur et d’approfondissement du charisme soit l’occasion de se désaltérer à la source». «Quand vous rencontrez des existences fragiles, désagrégées par des passés difficiles, vous êtes à votre tour appelés à être des rochers : non pas pour sembler durs (…), imperméables aux souffrances, mais pour devenir des points d’appui sûrs, solides face aux intempéries, résistants face aux adversités». «Que le Seigneur vous répande dans le monde comme des semences qui germent dans une terre aride, comme un baume de consolation pour celui qui est blessé, comme un feu de charité pour réchauffer tellement de cœurs gelés dans l’abandon et endurcis parce que rejetés.»

Rappelant que la charité est «la voie maîtresse de la doctrine sociale de l’Église», François précise, en citant la Constitution conciliaire Lumen Gentium, que «l’Église entoure d’un soin affectueux ceux qui sont affligés par la faiblesse humaine, reconnaît dans les pauvres et dans les souffrants l’image de son fondateur, pauvre et souffrant (…) et cherche à servir le Christ en eux». «Saint Vincent a traduit tout cela avec sa vie et parle donc encore aujourd’hui à chacun de nous et à nous comme Église. Son témoignage nous invite à être toujours en chemin, prêts à nous laisser surprendre par le regard du Seigneur et par sa Parole.» Évoquant la Journée mondiale des pauvres organisé ce 19 novembre, François espère que l’exemple de saint Vincent de Paul aidera chacun à «donner de l’espace et du temps aux pauvres, aux nouveaux pauvres d’aujourd’hui, aux trop nombreux pauvres d’aujourd’hui, à faire nôtres leurs pensées et leurs malaises, parce qu’un christianisme sans contact avec celui qui souffre devient un christianisme désincarné, incapable de toucher la chair du Christ.»

Le Pape précise enfin, à la conclusion de son message aux Vincentiens, qu’il «demande pour l’Église et pour vous la grâce de trouver le Seigneur Jésus dans le frère affamé, assoiffé, dépouillé de vêtements et de dignité, malade et emprisonné, mais aussi rempli de doutes, ignorant, obstiné dans le péché, affligé, agressif, acariâtre et offensant. Et de trouver dans les plaies glorieuses de Jésus la vigueur de la charité, la béatitude de la semence qui en mourant donne la vie, la fécondité de la roche blessée d’où jaillit l’eau, la joie de sortir de soi-même et d’aller dans le monde, sans nostalgie du passé, mais avec la confiance bien reposée en Dieu, en étant créatifs devant les défis d’aujourd’hui et de demain parce que, comme le disait saint Vincent, "l’amour est créatif à l’infini".»

(CV)








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