(RV) Le Pape François a reçu ce matin les membres de la Commission de protection des mineurs, qu’il avait institué en 2014 pour lutter contre la pédophilie dans l’Église. Cette rencontre était organisée en préambule de l'assemblée plénière de cette commission, dont les membres arrivent au terme d'un premier mandat de trois ans.
Le Pape François, qui s'est exprimé sans ses notes, a commencé son intervention en remerciant les membres de la Commission pour leur travail.
Il a affirmé que l'Église a pris conscience tard du problème des abus sur mineurs commis par des membres du clergé, et «quand la conscience arrive tard, les moyens pour résoudre les problèmes arrivent tard». «Mais, grâce à Dieu, a-t-il ajouté, le Seigneur a suscité des hommes prophètes dans l'Église» pour faire émerger le problème et «le voir en face».
À la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui s'occupe des abus, «il y a de nombreux cas qui n'avancent pas», a reconnu le Pape. Ce dicastère cherche donc à embaucher plus de personnel dédié à l'étude de ces dossiers. Si ensuite, il y a les preuves d'un abus, ce sera suffisant pour ne pas accepter de recours, a précisé François. Non pas par aversion, a-t-il expliqué, mais simplement parce que la personne qui accomplit ce délit est malade. Si elle se repent et est pardonnée, «après deux ans, elle rechute». Le Pape a donc affirmé qu'il ne signerait aucune grâce en la matière.
Le texte remis aux participants confirme la "tolérance zéro"
En plus de cette intervention improvisée en italien, le Pape a remis aux 18 participants de l’Assemblée plénière de cette commission présidée par le cardinal O’Malley, archevêque de Boston, son discours officiel, écrit en espagnol, martelant la ligne de "tolérance zéro" que l’Église doit assumer.
«Le scandale des abus sexuels est véritablement une ruine terrible pour toute l’humanité, qui affecte de nombreux enfants, jeunes et adultes vulnérables dans tous les pays et dans toutes les sociétés», écrit le Pape dans ce texte. «Pour l’Église aussi cela a été une expérience très douloureuse. Nous ressentons de la honte pour les abus commis par les ministres sacrés, qui devraient être les plus dignes de confiance», reconnaît le Saint-Père, tout en rappelant la mission confiée par le Christ à l’Église, cet appel à protéger les plus fragiles.
Le Pape explique qu’en recevant des victimes au Vatican, il a pu prendre conscience de l’impact de ce «péché horrible» sur la vie de ces personnes. Des mesures fermes doivent donc s’appliquer à ceux qui ont trahi leur appel, pas seulement vis-à-vis des prêtres, mais de tous ceux qui travaillent dans les institutions de l’Église. Il faut appliquer à tous les niveaux le principe de «tolérance zéro» face aux abus sexuels, martèle le Saint-Père, qui souhaite que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et celle pour l’Évangélisation des Peuples puissent contribuer à une prise de conscience générale dans l’Église.
Le Pape salue nommément les efforts du cardinal O’Malley et de Marie Collins, cette femme victime d’abus en Irlande, qui après en avoir été l'un des membres fondateurs avait quitté la commission il y a quelques mois, mais qui a participé la semaine dernière à une formation pour les nouveaux évêques. L’Église doit être un lieu de compassion, un «hôpital de campagne», insiste encore François. Dans ce contexte, la commission doit continuer à «écouter avec intérêt les voix des victimes et des survivants», et «apprendre de leurs histoires personnelles de courage et de persévérance».
(CV)
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