2017-08-30 19:12:00

L'Église brésilienne s'insurge contre la suppression d'une réserve naturelle en Amazonie


(RV) Le 23 août, le gouvernement de Michel Temer acvait supprimé par décret la réserve naturelle de Renca, qui inclut neuf zones protégées dans la forêt amazonienne, pour permettre l’extraction de minerais de la part des compagnies nationales et étrangères privées. Sa décision a été annulée par un tribunal fédéral, mais il est probable que l'exploitation de cette réserve soit tout de même ouverte dans les prochains mois, compte tenu du lobbying intensif mené par les partis et entreprises proches du pouvoir exécutif.

Cette aire instituée en 1984 se trouve dans les États de Amapa et Para, au nord-est du pays, et elle est considérée comme riche en or et autres minéraux précieux. La décision est contestée par l’Église, ainsi que par les mouvements écologiques et certains partis de l’opposition,

Le Réseau ecclésial pan-amazonien (Repam), dirigé par le cardinal brésilien Claudio Hummes, très proche du Pape François, a exprimé sa ferme opposition au projet. Cette zone de 46 450 km2, grande comme le Danemark, risque de subir des pertes irrémédiables pour sa biodiversité, avec un impact désastreux sur les populations locales.

Le décret qui abolit la Renca est une offense contre la démocratie brésilienne, affirme le Repam, car le gouvernement n’a consulté que les entreprises concernées par ces extractions, et non pas les populations indigènes, ce qui est pourtant requis par l’article 231 de la Constitution fédérale, et par la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail.

Déjà, l’exploitation abusive des ressources de l’Amazonie a eu des conséquences catastrophiques pour le Brésil, ces dernières décennies : la déforestation, la pollution, l’exploitation aveugle des ressources hydriques à cause de la consommation élevée d’eau nécessaire pour l’extraction des minéraux, et leur contamination avec des substances chimiques, l’augmentation de la violence, de la drogue et de la prostitution, l’aggravation des conflits pour la terre, l’agression incontrôlée des cultures et des modes de vie des communautés indigènes et traditionnelles, avec des grandes exemptions fiscales, mais des bénéfices dérisoires pour les populations de la région.

Des risques environnementaux et sociaux incalculables, observe le Repam, menacent ce «poumon de la planète» qu’est l’Amazonie, comme le rappelle le Pape François dans sa lettre encyclique Laudato Si’, dans laquelle il dénonçait des «propositions d’internationalisation de l’Amazonie, qui servent seulement les intérêts économiques des multinationales». À Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, le 9 juillet 2015, le Pape avait affirmé : «Nous disons "Non" à une économie d’exclusion et de l’iniquité dans laquelle l’argent domine au lieu de servir. Cette économie tue. Cette économie est excluante. Cette économie détruit la Mère Terre.»

Dans Laudato Si’, le Pape avait aussi averti que «le drame d’une politique focalisée sur des résultats immédiats, soutenue aussi par des populations consuméristes, rend nécessaire de produire de la croissance à court terme».

Au contraire, «les habitants du lieu doivent avoir une place privilégiée dans le débat», insistait-il dans cette encyclique, en estimant qu’ils sont les mieux placés pour «prendre en considération les finalités qui dépassent l’intérêt économique immédiat».

(CV)








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