2017-06-20 13:36:00

Le Pape François rend hommage à Don Milani, un éducateur qui rendait leur dignité aux pauvres


(RV) Après avoir salué la mémoire de Don Mazzolari, le «curé des lointains», en Lombardie, le Pape François s’est rendu en pèlerinage privé en Toscane, pour rendre hommage au père Lorenzo Milani. Ce prêtre de Barbiana, dans le diocèse de Florence, mort en 1967, était un «éducateur passionné», promoteur de nouvelles formes d’éducation pour les jeunes issus des classes populaires.

Accueilli par le cardinal Giuseppe Betori, archevêque de Florence, et par le maire de Vicchio, la commune dont dépend ce hameau, le Pape s’est d’abord recueilli sur la tombe de ce curé de campagne emblématique de l’après-guerre en Italie avant de s’adresser à plusieurs anciens élèves de Don Milani, à des prêtres du diocèse de Florence, ainsi qu’à quelques jeunes.

Dans un long discours, le Saint-Père est revenu sur l’exemple de Don Milani, sur sa conception de la mission éducative et la «dimension sacerdotale» de ce prêtre parfois incompris de ses confrères.

«Redonner aux pauvres la parole»

La passion éducative de Don Milani peut se comprendre à l’aune d’une intention: celle de «réveiller chez les personnes l’humain pour les ouvrir au divin». L’école n’était pas pour lui quelque chose en marge de sa mission de prêtre mais elle constituait bel et bien le «moyen concret» de la mener à bien.

«Redonner aux pauvres la parole, parce que sans la parole, il n’y a pas de dignité, et donc pas de liberté ou de justice: voilà ce qu’enseignait Don Milani», a affirmé le Pape. Et ce qui était vrai à l’époque du prêtre l’est encore aujourd’hui: «c’est la parole qui pourra ouvrir la voie à une pleine citoyenneté dans la société, à travers le travail, et à la pleine appartenance à l’Église, avec une foi consciente».

Éducateur: «une mission d'amour»

Le Pape a également tenu à remercier les éducateurs pour leur dévouement auprès des jeunes générations. Ce service n’est pas exempt de difficulté mais doit avant tout être vécu comme une mission: «une mission d’amour, car on ne peut enseigner sans aimer». Et François d’insister sur l’importance d’enseigner la nécessité d’ une «conscience libre, capable de se confronter avec la réalité» et qui permette «de prendre sur soi les efforts et les blessures des personnes, de fuir tout égoïsme pour servir le bien commun».

Le Pape a encore rappelé l’appel à la responsabilité qui concerne les jeunes et surtout les adultes, «appelés à vivre la liberté de conscience de manière authentique, comme recherche du vrai, du beau et du bien, prêts à payer le prix que cela comporte»: une référence implicite à Don Milani, qui défendit avec force la non-violence et  l’objection de conscience dans une lettre mémorable adressée aux aumôniers militaires; et lui valut des poursuites en justice.

Le Pape aux prêtres: «Faisons aimer l’Église»

Le Pape s’est adressé ensuite aux prêtres présents, certains ayant connu et côtoyé Don Milani; le Saint-Père s’est attardé sur la dimension éminemment sacerdotale du prêtre de Barbiana, enracinée dans une foi profonde et une soif inextinguible d’Absolu. «Sans cette soif d’Absolu, on peut être de bons fonctionnaires du Sacré, mais on ne peut être des prêtres, des prêtres vrais, sincères, capables de devenir des hommes de foi», a martelé le Pape.

Il a ensuite invité ses confrères à aimer l’Église, suivant l’exemple de Don Milani, qui, malgré les incompréhensions, demeura fidèle et attaché à l’institution. «Faisons aimer l’Église, en la montrant comme une mère attentive à tous, surtout envers les plus pauvres et les plus fragiles».

François est enfin revenu sur la symbolique de son pèlerinage à Barbiana. Don Milani avait plusieurs fois demandé à son évêque d’honorer solennellement son apostolat, qui risquait sans cela de se voir réduit à un «fait privé». «Mon geste est une réponse à cette demande», a expliqué le Pape. Le Cardinal Silvano Piovanelli et d’autres archevêques de Florence avaient déjà fait montre de leur reconnaissance à Don Milani. «Aujourd’hui, c’est l’évêque de Rome qui le fait». «Cela n’annule pas toutes les amertumes qui ont accompagné la vie de Don Milani, mais il dit que l’Église reconnait dans cette vie une façon exemplaire de servir l’Évangile, les pauvres et l’Église même».

(SBL-MA)








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