2017-04-30 11:30:00

Conférence de presse du Pape François dans le vol retour d'Égypte


(RV) Comme à son habitude, le Pape François, s’est mis à disposition des journalistes du vol papal dans l’avion qui le ramenait de son voyage intense de 27 heures en Égypte. Répondant aux questions, le Saint-Père a abordé plusieurs sujets. Voici un condensé thématique de ses propos :

Les relations avec les orthodoxes

«J’ai toujours entretenu des relations d’amitié avec les orthodoxes» dit le Saint-Père, expliquant qu’à Buenos Aires il assistait régulièrement aux Vêpres orthodoxes «2h40 de prière dans une langue que je ne comprenais pas, mais on priait» dit-il en plaisantant. Lorsque la communauté orthodoxe argentine avait nécessité d’assistance légale, nous les aidions : «Nous avons toujours eu des relations fraternelles. Nous sommes des églises sœurs». Avec le Pape Tawadros II, François avoue entretenir une relation d’amitié spéciale : «C’est un Pape qui fera avancer l’Église, au nom du Christ, dit François. Il démontre un grand zèle apostolique. C’est un des plus ’fanatiques’ pour trouver une date commune de la célébration de Pâques. Moi aussi je le souhaite, mais c’est lui qui me dit ‘luttons, luttons’». C’est un homme de Dieu ajoute François en expliquant que lorsque Tawadros était encore loin de l’Égypte, il allait nourrir des personnes handicapées. Sur l’unité du baptême (question incluse dans la déclaration commune signée au Caire, ndr) «nous avançons» dit François avant d’ajouter : «C’est une question historique. Au temps des premiers conciles, il n’y avait qu’un baptême». Le Saint-Père explique que la situation s’est compliquée lorsque les coptes orthodoxes voulaient épouser un ou une catholique, précisant que l’Église catholique ne reconnaissait pas leur baptême orthodoxe. «C’est nous qui avons commencé, dit-il, mais aujourd’hui une porte s’est ouverte et espérons de pouvoir surmonter ce problème». Un problème qui ne se vérifie pas avec l’Église orthodoxe russe, explique aussi le Pape, puisque leur baptême est reconnu par l’Église catholique. Les relations avec le Patriarche Kyrill (Patriarche orthodoxe russe de Moscou, ndr) «sont bonnes», dit François, en appréciant la sensibilité de la Russie au sujet des chrétiens d’orient. Poursuivant sur la prière œcuménique au Caire, François se dit convaincu que l’unité se construit en marchant ensemble, à travers les œuvres de charité, et en faisant l’effort de faire ensemble «tout ce qui peut être fait ensemble… prier ensemble, travailler ensemble». Pour François «Il n’existe pas d’œcuménisme statique».

 

Les « populismes démagogiques », la France et l’Europe

Interrogé sur les propos tenus à l’Université al Azhar, lors de son intervention à la Conférence internationale sur la Paix organisée par l’Imam Al Tayeb, François élargit sa réponse à l’Europe : «Chaque pays est libre de faire les choix qu’il pense lui convenir au mieux» dit le Pape, mais ne se prononce pas sur les enjeux de l’élection présidentielle française du 7 mai : «Je ne comprends pas la situation politique intérieure», se justifie-t-il. En revanche «c’est vrai que l’Europe court le risque de sa dissolution» poursuit-il, invitant à méditer sur ce risque et sur une des peurs qui alimente aujourd’hui les pays de l’Union européenne : l’immigration. «N’oublions pas que l’Europe est faite de migrants, de plusieurs siècles d’immigration. C’est un problème que nous devons bien étudier en respectant les opinions honnêtes». François souligne la nécessité d’une «grande politique». Revenant sur la France, «j’ai essayé d’instaurer des bonnes relations avec le Président (François Hollande, ndr), avec lequel nous avons eu un conflit, mais ensuite nous avons échangé clairement, dans le respect de ses opinions». Quant aux Candidats : «Je ne connais pas leur histoire, dit François, je sais que l’un représente une droite forte, mais l’autre, je ne sais pas d’où il vient. Je ne peux donc pas exprimer une opinion sur la France».

Les camps de réfugiés

Réaffirmant ce qu’il avait déjà dit lors de sa visite à Lesbos, en Grèce, François regrette que certains camps, et même en Italie, soient comparables à des «camps de concentration»: « Le seul fait d’être enfermé, sans pouvoir rien faire, c’est comme un lager ».

La crise nord-coréenne

Interrogé sur la situation tendue dans la péninsule coréenne, avec la menace nucléaire de Pyongyang en mesure d’atteindre le Japon ou les États-Unis, François souligne le caractère essentiel de l’action diplomatique, en s’appuyant sur des pays comme la Norvège par exemple, qui offrent leur médiation : «J’appelle toujours à une résolution des problèmes par la Diplomatie, par le dialogue. Parce que c’est l’avenir de l’humanité». Une guerre élargie, ajoute le Pape, «détruirait une bonne partie de l’humanité et de la culture», qui invite à s’interroger sur les zones de conflits : le Proche-Orient, l’Afrique, le Yémen. «Arrêtons-nous» lance François, en rappelant le devoir des Nations Unies de reprendre le contrôle de la situation.

La crise vénézuélienne

Le Saint-Père confirme une intervention du Saint-Siège à Caracas, suite à une requête déposée par les quatre chefs d’États médiateurs dans cette crise. Mais cette intervention n’a pas donné de suite, précise le pape, car les propositions ont été diluées ou n’ont pas été acceptées. «Nous connaissons tous la situation difficile du Venezuela, un pays que j’aime beaucoup», dit François, et ajoute qu’une nouvelle tentative de médiation est en cours, bien que le contexte soit délicat et que des oppositions nettes apparaissent. «Tout ce qui peut être fait doit être fait, conclut le Souverain Pontife, avec les garanties nécessaires».

Le cas de Giulio Regeni

Giulio Regeni est un étudiant italien de 28 ans retrouvé mort en Egypte au début du mois de février 2017. Son corps portait des traces de sévices. Le Pape François a récemment brièvement rencontré les parents de la victime. Dans l’avion, il a précisé que la diplomatie vaticane avait évoqué la question avec les autorités égyptiennes, sans donner plus de détails, désireux de rester réservé sur l’action du Saint-Siège.

(JCP)








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