2017-04-29 16:31:00

Méditation pour le troisième Dimanche de Pâques


Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du troisième dimanche de Pâques 

(RV) Nous connaissons bien l’Evangile de Luc proclamé en ce troisième dimanche de Pâques. Trois jours après la mort de Jésus en croix, deux disciples se mettent en route vers Emmaüs. Ils ont le visage sombre, et ils ne cessent de ruminer, tout en marchant, l’effondrement de leurs espoirs : ce Jésus en qui ils avaient mis leur espérance est mort lamentablement sur une croix. Un inconnu s’approche d’eux, et – tout en marchant avec eux – il se met à leur expliquer la Bible : ce qui est arrivé à Jésus est bien ce qui a été annoncé dans l’Ecriture. Les deux disciples sont étonnés ; ils invitent cet inconnu à rester à l’auberge avec eux ; lorsque cet inconnu rompt le pain avec eux, alors ils le reconnaissent : c’est Jésus, vivant ! Sans tarder, ils retournent à Jérusalem pour raconter aux autres disciples ce qui s’était passé : le Seigneur est vraiment ressuscité !

Arrêtons-nous aujourd’hui sur trois points particuliers de ce récit.

Notons tout d’abord que, sur la route qui mène à Emmaüs, les deux disciples ne reconnaissent pas Jésus en cet inconnu qui les rejoint et se met à leur commenter l’Ecriture. Les deux disciples devaient pourtant connaître le visage de Jésus, et le son de sa voix devait leur être familier. Le Ressuscité (puisque nous savons, nous, qu’il s’agit du Ressuscité) ne se présente pas comme le Jésus qu’ils avaient connu. La vie du Ressuscité est donc une vie insolite et différente, une vie autre ; elle n’est pas le prolongement de la vie que Jésus menait lorsqu’il parcourait avec ses disciples les routes de Galilée. La vie du Ressuscité, celle de Jésus comme celle de ceux qui, par le baptême, ont été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, est donc une vie nouvelle. Peut-être pourrait-on dire qu’il s’agit de la vraie vie, la vie d’hommes et de femmes qui, quel que soit leur âge, se reconnaissent enfants d’un même Père. Cette reconnaissance est rendue possible parce que le Ressuscité, tel un inconnu, nous rejoint sur nos routes humaines.

Notons ensuite que la rencontre faite sur la route se prolonge – très humainement – par une invitation à passer la soirée ensemble dans une auberge. Etonnés par les paroles qui sont sorties de la bouche de cet inconnu, les deux disciples insistent pour que cet inconnu demeure avec eux. Leur curiosité a été éveillée et ils veulent en savoir plus. Cela ne nous arrive-t-il pas, à nous aussi, lorsque nous rencontrons des personnes qui, par leurs paroles ou leurs manières d’agir, suscitent en nous le désir d’approfondir, auprès d’eux, ce que nous pressentons être un message de vie, de vraie vie. Ces témoins de la vraie vie, ces passeurs de l’Evangile, nous avons besoin de nous laisser instruire par eux, comme cela a été le cas des disciples d’Emmaüs, profondément intrigués par la sagesse dont a fait preuve cet étranger en qui ils n’avaient pas encore reconnu Jésus.

Notons enfin que c’est à la fraction du pain que les yeux des deux disciples s’ouvrent et qu’ils reconnaissent Jésus. Mais lorsqu’ils le reconnaissent, il a disparu. Cette scène ne peut pas ne pas rappeler, aux deux disciples d’Emmaüs comme à nous, les gestes posés par Jésus lors du dernier repas pascal. En la rapportant, l’évangéliste Luc semble vouloir nous dire que nous ne pouvons pas mettre la main sur Jésus ressuscité, que sa présence parmi nous n’est en aucun cas celle d’un gourou, d’un magicien ou d’un chef (aussi charismatique soit-il) mais plutôt celle d’un appel : l’appel à découvrir que, dans la foi, nous vivons déjà de la vie du Ressuscité, vivant parmi nous (quelles que soient les tribulations du temps présent).

Que nos cœurs s’ouvrent donc pleinement à l’accueil de la vie du Ressuscité !

(KS)








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