2017-04-17 18:20:00

Au Pakistan, Asia Bibi fête Pâques en prison et en appelle au Pape


(RV) La chrétienne pakistanaise Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème, a de nouveau célébré la fête de Pâques en prison, jeudi 13 avril 2017, en compagnie de son mari Ashik et de son tuteur Joseph Nadeem. Ils ont partagé un repas frugal dans sa cellule avant qu’Asia Bibi, enfermée depuis 2010 et dont le procès en appel a été renvoyé sine die en octobre 2016, ne rédige une prière. «Je te prie Jésus de me donner la liberté, de briser mes chaines, de permettre à mon cœur de se libérer derrière ces barreaux», écrit-elle dans cette supplique confiée à Joseph Nadeem. Elle invoque la résurrection et demande à Dieu d’enlever les obstacles en soulageant ses indicibles souffrances. Comme elle l’avait fait à Noël, elle prie ensuite pour ses ennemis et pardonne à ceux qui lui ont fait du mal. Enfin, elle lance un appel au Pape, lui demandant de ne pas oublier de prier pour elle.

Paul Bhati, ancien ministre fédérale pakistanais pour l’harmonie nationale, a confié à notre confrère de la rédaction italienne de Radio Vatican Cecilia Seppia être persuadé que le Pape prie ainsi «pas seulement pour Asia Bibi mais pour tous les chrétiens et aussi pour les musulmans victimes d’injustice» car il a plusieurs fois affirmé que «notre foi honore la dignité de l’homme». «Quand un homme soufre, qu’il soit chrétien ou musulman, ce qui compte c’est la justice pour lui et sa liberté», poursuit celui qui est aussi le frère du ministre catholique Shabaz Bhatti, tué en 2011 par un islamiste. Il pense ainsi que «le Vatican et le Saint-Père ont fait leur possible» pour Asia Bibi, en maintenant toujours ouvert le dialogue et en soutenant de manière particulière les chrétiens persécutés au nom de leur foi.

«Il y a toujours cette mentalité de fermeture»

Le cas d’Asia Bibi n’est malheureusement pas isolé et malgré l’ouverture de discussions pour modifier la loi sur le blasphème, cette accusation continue de faire des victimes. Depuis 27 ans, 66 personnes ont été tuées dans des exécutions extrajudiciaires pour ce motif, dont un jeune musulman jeudi dernier. Les autorités s’en insurgent mais continuent dans le même temps à demander le retrait des contenus «blasphématoires» des réseaux sociaux. «Au Pakistan, il y a toujours cette mentalité extrême, de fermeture et de violations des droits de l’homme. Cette restriction sur les médias, sur Youtube, sur Internet, n’est rien d’autre qu’une façon de faire revenir le Pakistan en arrière de plusieurs années», reprend Paul Bhati, qui voit en l’instabilité du pouvoir l’une des causes de cet immobilisme.

Pourtant il se dit convaincu «qu’un jour ou l’autre la décision sera favorable» à Asia Bibi et que le Pakistan sera bientôt «reconnu comme un pays ami des minorités». En ce temps de Pâques, Paul Bhati lance un appel à l’unité des chrétiens et pour que chacun puisse vivre «en paix sans avoir peur d’une autre religion, d’une autre personne et puisse professer sa foi».

(SBL-CS)








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