(RV) Le nonce apostolique en Ukraine exprime toute son inquiétude face aux combats dans l’Est de l’Ukraine et s’insurge face au silence de la communauté internationale. Mgr Claudio Gugerotti, qui s’est rendu les 15 et 15 février 2017 dans la région orientale, dit avoir rencontré une population exténuée par des combats qui n’ont jamais cessé malgré les accords de Minsk, selon des propos rapportés par l'agence d'information catholique italienne SIR. Mgr Claudio Gugerotti évoque le sort d’hommes et de femmes «destinés à mourir dans le silence, dans l'indifférence générale».
Chaos et sentiment d'abandon à Avdiyivka
Le nonce apostolique en Ukraine a notamment visité Avdiyivka, ville sous contrôle
gouvernemental, située près de la ligne de front, théâtre de bombardements massifs
depuis la fin du mois de janvier, qui ont fait des dizaines de morts, de blessés et
de nombreuses destructions. Mgr Gugerotti dépeint un cadre très sombre : des maisons
endommagées et une ville en partie inhabitée, parce que les gens ont fui. «Chaque nuit,
on entend des bombardements», relate-t-il. «Il n’existe aucune stabilité». Le
sentiment de la population dans la région, affirme le nonce, est «de se sentir abandonnée». Le
conflit ukrainien est un événement «oublié» et probablement «cela dérange
d’en parler».
«Un enseignant a fondu en larmes devant moi, en me demandant : “Dites au Pape
de faire tout le possible pour nous libérer de cette guerre absurde et inutile”. Les conflits
gelés deviennent en quelque sorte une défaite pour tout le monde où personne n’est vainqueur»,
poursuit Mgr Gugerotti. «Alors on préfère ne pas les porter à l’attention de l’opinion
publique. Mais le premier martyre de cette population est le silence international» déclare
le nonce apostolique en Ukraine soulignant l’attention que le Pape François accorde
à ce dossier. Il suit la situation de façon «constante» précise t-il.
Prendre le problème au sérieux
Mgr Gugerotti note ensuite que les composantes de ce conflit sont «complexes,
insaisissables et qu’il est extrêmement difficile, ne serait-ce que de faciliter la
construction d'un dialogue». «Nous avons besoin d'une bonne volonté qui consente aux
deux parties de s’ouvrir réciproquement». Il est par ailleurs nécessaire, souligne
le nonce, «que les puissances et organisations internationales prennent le problème
au sérieux». Et enfin, observe-t-il, «nous avons besoin des bons outils pour
que les décisions ou accords pris soient mis en pratique. L'OSCE, par exemple, a révélé
que lors des récents combats, des armes interdites par les accords de Minsk ont été
utilisées par les deux parties». «Il est donc inutile, affirme Mgr Gugerotti, de
signer un accord s’il est immédiatement ignoré».
(MD-HD)
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