(RV) Le Pape François a présidé, ce jeudi 2 février 2017, une messe à la basilique Saint-Pierre à l’occasion de la Fête de la Vie consacrée, en ce jour qui, dans la liturgie, commémore la Présentation de Jésus au Temple.
Un an après la clôture de l’Année de la Vie consacrée et deux mois après la fermeture de la Porte Sainte du Jubilé de la Miséricorde, cette célébration a été l’occasion pour le Pape d’exprimer un nouvel appel à ce que les religieux et consacrés vivent au milieu de leur peuple, en assumant leurs héritages mais sans se scléroser dans une attitude défensive par rapport aux bouleversements de la société.
Le compte rendu de Manuella Affejee :
«Le chant de Syméon est le chant de l’homme croyant qui, à la fin de ses jours, peut affirmer : c’est vrai, l’espérance en Dieu ne déçoit jamais», a répété le Pape, en rappelant que «ce chant d’espérance, nous l’avons reçu en héritage de nos pères», Lui-même s’incluant en tant que jésuite dans la grande famille des consacrés («nous, les consacrés», a-t-il ajouté, hors texte, dans son homélie), le Pape François a développé une réflexion presque poétique sur l’articulation entre héritage, désir spirituel et vocation prophétique : «Cela nous fait du bien d’accueillir le rêve de nos pères pour pouvoir prophétiser aujourd’hui et retrouver ce qui un jour a enflammé notre cœur. Rêve et prophétie ensemble. Mémoire de la façon dont ont rêvé nos anciens, nos pères et mères et courage pour poursuivre, prophétiquement, ce rêve», a déclaré le Pape.
François a ensuite dénoncé «la tentation de la survie» qui rend «stérile» la vie consacrée. «Un mal qui peut s’installer peu à peu en nous, dans nos communautés. L’attitude de survie nous fait devenir réactionnaires, peureux ; elle nous enferme lentement et silencieusement dans nos maisons et dans nos schémas.»
Tout comme saint Jean-Paul II, qui face à des milliers de prêtres rassemblés à Ars en 1986 dénonçait la routine sclérosée des «fonctionnaires de Dieu», le Pape François a déclaré aux religieux et consacrés que «la tentation de la survie nous fait oublier la grâce, elle fait de nous des professionnels du sacré mais non des pères, des mères ou des frères de l’espérance que nous avons été appelés à prophétiser. Ce climat de survie endurcit le cœur de nos aînés en les privant de la capacité de rêver et, ainsi, stérilise la prophétie que les plus jeunes sont appelés à annoncer et à réaliser.»
Dans un contexte de «transformation multiculturelle» qui peut être déstabilisante, il est important que «la personne consacrée soit insérée avec Jésus dans la vie, dans le cœur de ces grandes transformations», «non par une attitude défensive, non poussés par nos peurs, mais les mains à la charrue, en cherchant à faire croître le grain souvent semé au milieu de l’ivraie. Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie avoir un cœur contemplatif, capable de discerner comment Dieu marche dans les rues de nos villes, de nos villages, de nos quartiers», a exhorté le Saint-Père.
Il a enfin appelé les consacrés à accompagner Jésus «pour qu’il rencontre son peuple, pour qu’il soit au milieu de son peuple, non pas dans la lamentation ou dans l’anxiété de celui qui a oublié de prophétiser parce qu’il ne prend pas en charge les rêves de ses pères, mais dans la louange et dans la sérénité ; non pas dans l’agitation mais dans la patience de celui qui se fie à l’Esprit, Seigneur des rêves et de la prophétie. Et ainsi, nous partageons ce qui nous appartient : le chant qui naît de l’espérance», a conclu le Saint-Père.
(CV)
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