2016-10-03 15:28:00

Colombie : l'Accord de paix rejeté par les électeurs


(RV) L’Accord de paix signé en Colombie le 26 septembre, à Carthagène, entre le gouvernement et la guérilla des Farc, a finalement été rejeté par les électeurs colombiens. Le référendum organisé ce dimanche 2 octobre a eu pour résultat une victoire surprise du "non", qui a reçu 50,24% d’appui, pour 49,76% pour le "oui". L’abstention, très forte, s’élève à 63% du corps électoral.

Une douche froide pour tous ceux qui s’étaient investi dans ce processus, mais l’Église catholique, qui avait soutenu cet accord, appelle à une poursuite du processus de paix.

L’Église de Colombie a exprimé un appel à la guérilla des Farc (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) pour qu’elles maintiennent leur décision de faire avancer la paix.

Le président de la conférence épiscopale colombienne, Mgr Luis Augusto Castro, a demandé aux politiques «beaucoup de prudence», et qu’ils continuent à travailler pour la réconciliation, selon la radio locale Caracol. Les déclarations des deux parties après le résultat semblent aller dans ce sens : le cessez-le-feu reste en vigueur.

L’accord signé à Carthagène le 26 septembre, qui faisait suite à près de quatre ans de négociations à Cuba, avait été soutenu par le Saint-Siège. Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État, avait participé aux festivités lors de la signature de l’accord, tout en précisant lors d’une homélie qu’il ne s’agissait que du «début d’un processus de changement qui requiert l’apport et le respect de tous les Colombiens». «C’est dans les blessures du cœur humain que se trouvent les causes profondes du conflit qui a déchiré ce pays ces dernières décennies», avait précisé le cardinal Parolin. Des blessures qui ont donc certainement contribué à la victoire du "non" dans ce référendum.

Le voyage du Pape François prévu en Colombie en début d’année prochaine était conditionné à ce référendum et semble donc désormais très incertain. Mais pour certains Colombiens, la visite du Pape François devrait être maintenue, justement pour apporter un réconfort à la population.

Incertitudes sur l'avenir

Le pays affronte donc une période de grande incertitude politique, ce gouvernement et les Farc ont signé lundi cet accord de paix, et les deux parties n’avaient pas prévu ce qui se passerait si le peuple colombien le rejetait. Le président colombien lui-même Juan Manuel Santos, avait admis ne pas tenir de plan B, parce qu’il n’imaginait pas que ce résultat puisse arriver. «Moi, je suis sûr que le "oui" va gagner», avait-il affirmé avant le vote.

Le chef de l’État avait averti qu’une victoire du non serait «catastrophique», en expliquant que, dans ce cas, on reviendrait à «ce qu’il y avait au début de ce gouvernement : le conflit armé». Quelques heures après le scrutin, les deux parties ont annoncé que le cessez-le-feu devait rester en vigueur, laissant à entendre que l’accord du 26 septembre, même avec d’éventuelles corrections qui tiendraient compte du résultat de ce référendum, devait rester une base valable pour le dialogue.

Les partisans de l’ex-président Alvaro Uribe, tenant d’une ligne dure et opposé à cet accord jugé trop complaisant avec la guérilla, estiment au contraire que le « non » est en réalité une voir pour rouvrir les négociations avec les Farc et corriger ce texte de fond en comble. Mais Alvaro Uribe ne souhaite pas pour autant une reprise des hostilités. L’ancien chef de l’État de 2002 à 2010 a déclaré qu’il était en faveur de la paix et s’est montré disposé à participer à une nouvelle négociation avec la guérilla.

La guerre civile de Colombie est l’une des plus longues de l’histoire : entre 1964 et 2016, elle aurait fait près de 300 000 morts et six millions de déplacés. Outre les Farc, d’autres groupes marxistes armés comme l’ELN (Armée de Libération Nationale) étaient encore actifs ces derniers mois, mais cherchaient à s’associer aux négociations de paix, espérant trouver leur place dans la future vie politique et institutionnelle du pays.

(CV)








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