2016-09-24 12:17:00

Émotion et compassion du Pape face aux victimes de l'attentat de Nice


(RV) Moment d’émotion ce samedi 24 septembre 2016 dans la salle Paul VI du Vatican. Le Pape François a reçu les familles des victimes de l’attentat de Nice du 14 juillet dernier. Le Saint-Père leur a fait part de son émotion, a rendu hommage à toutes les personnes qui s’étaient mobilisées pour venir en aide aux victimes, mais surtout il a appelé à «une authentique conversion du cœur» qui ne laisse pas de place à la haine. Le compte-rendu d'Olivier Bonnel

Le Pape s’est tout d’abord excusé de parler en Italien, expliquant que son français n’était pas bon. «C’est une grande émotion pour moi de vous rencontrer, vous qui souffrez dans votre corps ou dans votre âme parce qu’un soir de fête la violence vous a frappés aveuglément, vous ou l’un de vos proches, sans considération d’origine ou de religion» a déclaré le Saint-Père aux familles des victimes. «Je veux partager votre peine» leur a-t-il dit.

Compassion, proximité et prière, le Souverain Pontife a aussi affirmé qu’il priait pour les personnes parfois atrocement mutilées dans leur chair et dans leur âme, et celles encore hospitalisées. «Le drame qu’a connu la ville de Nice a suscité, de toutes parts, de belles initiatives de solidarité et d’accompagnement» a expliqué le Pape qui a ainsi remercié les responsables qui accompagnent ces familles, la communauté catholique, salué à travers l’évêque de Nice Mgr Marceau, mais aussi une association interreligieuse.

«On ne peut répondre aux assauts du démon que par les œuvres de Dieu»

Le Pape a dit se réjouir  de voir qu’à Nice les relations interreligieuses sont bien vivantes. Cela ne peut que contribuer à panser les blessures de ces dramatiques événements. Le Saint-Père a invité aussi à «une authentique conversion du cœur» alors que la tentation de se replier sur soi-même, ou bien de répondre à la haine par la haine et à la violence par la violence est grande. C’est là le message que l’Évangile de Jésus nous adresse à tous. On ne peut répondre aux assauts du démon que par les œuvres de Dieu qui sont pardon, amour et respect du prochain, même s’il est différent».

«L’établissement d’un dialogue sincère et de relations fraternelles entre tous, en particulier entre ceux qui confessent un Dieu unique et miséricordieux, est une urgente priorité, a rappelé le Saint-Père, que les responsables, tant politiques que religieux, doivent chercher de favoriser et que chacun est appelé à mettre en œuvre autour de soi». Après avoir pris la parole, le Saint-Père a pris le temps de saluer les proches des victimes, échangeant quelques mots.

Ne pas céder au désespoir

Avant que le Pape ne prenne la parole, Mgr André Marceau, l’évêque de Nice a expliqué qu’il ne fallait pas céder au désespoir ou à la haine. «Que Dieu élimine de nos cœurs tout projet de terreur et qu’il nous aide à être ses artisans de paix» a-t-il dit. 86 œillets ont par ailleurs été offerts au Pape, représentant les 86 victimes de l’attentat du 14 juillet.

L'attaque de Nice survenue le jour de la fête nationale française, a fait 86 morts et 434 blessés. Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un chauffeur-livreur d’origine tunisienne s’était élancé, à bord d’un camion, dans la foule réunie sur la promenade des Anglais pour assister au traditionnel feux d’artifice.

Christian Estrosi, ancien maire de Nice, actuel président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la métropole Nice-Côte d'Azur, présent salle Paul VI ce samedi avait évoqué cette rencontre programmée avec le Pape dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le 30 août dernier, deux semaines avant sa confirmation par la Salle de presse du Saint-Siège.  

Délégation interreligieuse

L'imam Boubekeur Bekri, vice-président du conseil régional du culte musulman dans le sud-est de la France, a participé à la rencontre avec un groupe de musulmans. «En tant que musulman et croyant, je pense qu'on est dans le droit fil de la pensée du croyant, de la capacité de converger les uns vers les autres», a-t-il confié à l'AFP. «Nous y allons avec beaucoup de respect», a souligné Boubekeur Bekri, en évoquant «l'humanisme intense» du Pape François, exprimé par exemple lors de sa visite aux réfugiés principalement musulmans sur l'île grecque de Lesbos. Un tiers des 86 personnes tuées à Nice le 14 juillet étaient de confession musulmane.

Maurice Niddam, président du consistoire de Nice, n'accompagne pas des victimes juives, mais il a voulu soutenir cette démarche: «Ce Pape est très humain, très proche du peuple, ouvert aux autres confessions. Quand il parle de victimes d'actes de terrorisme, ce n'est pas de la sensiblerie, il est sincèrement blessé», a-t-il précisé.

La compassion du Pape pour la France

Le Saint-Père avait réagi au lendemain de l’attentat, condamnant de tels actes, il avait exprimé sa profonde tristesse et sa proximité spirituelle au peuple français. Le dimanche 17 juillet 2016, au terme de la prière de l’Angélus place Saint-Pierre, le Pape François avait de nouveau manifesté sa douleur suite «au massacre qui (…) a fauché tant de vies innocentes, y compris tant d’enfants».

«Que Dieu, accueille toutes les victimes dans sa paix, soutienne les blessés et console les proches; qu’Il disperse tout projet de terreur et de mort, pour qu’aucun homme n’ose plus verser le sang de son frère» avait déclaré le Saint-Père, souhaitant étreindre de façon «paternelle et fraternelle tous les habitants de Nice et toute la nation française».

 

Traduction en français du discours du Pape

Mes chers frères et soeurs, je m’excuse de parler italien, mais mon français n’est pas bon (paroles prononcées en français)

C’est une grande émotion pour moi de vous rencontrer, vous qui souffrez dans votre corps ou dans votre âme parce qu’un soir de fête la violence vous a frappés aveuglément, vous ou l’un de vos proches, sans considération d’origine ou de religion. Je veux partager votre peine, une peine qui se fait encore plus vive lorsque je pense aux enfants, parfois aux familles entières, dont la vie a été arrachée à l’improviste et de façon si dramatique. Soyez tous assurés de ma compassion, de ma proximité et de ma prière.

Chères familles, j’invoque Notre Père du ciel, notre Père à tous, pour qu’il accueille vos défunts bien-aimés auprès de lui afin qu’ils trouvent sans tarder le repos et la joie de la vie éternelle. Pour nous chrétiens, le fondement de notre espérance c’est le Christ mort et ressuscité. L’Apôtre Paul nous l’affirme : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; sur lui  la mort n’a plus aucun pouvoir» (Rm 6,8-9). Que la certitude de la vie éternelle, qui est aussi celle de croyants d’autres religions, soit une consolation pour toute votre vie, et un puissant motif de persévérance afin de continuer courageusement votre route ici-bas.

Je prie aussi le Dieu de miséricorde pour toutes les personnes blessées, parfois atrocement mutilées dans leur chair ou dans leur âme, et je n’oublie pas toutes celles qui n’ont pas pu venir ou qui sont encore hospitalisées. L’Église vous demeure proche et vous accompagne avec son immense compassion. Par sa présence à vos côtés en ces moments si lourds à porter, elle demande à Dieu de vous venir en aide et de mettre en votre cœur des sentiments de paix et de fraternité.

Le drame qu’a connu la ville de Nice a suscité, de toutes parts, de belles initiatives de solidarité et d’accompagnement. Je remercie toutes les personnes qui, sur le moment, ont porté secours aux victimes, ou qui aujourd’hui encore, et pour longtemps sans doute, se dévouent à soutenir et accompagner les familles. Je pense, bien sûr, à la Communauté catholique et à son Evêque, Monseigneur André Marceau, mais aussi aux services de soins et au monde associatif, en particulier, à l’association Alpes-Maritimes Fraternité ici présente, qui rassemble des représentants de toutes les confessions religieuses, ce qui est un très beau signe d’espérance. Et je me réjouis de voir que chez vous les relations interreligieuses sont bien vivantes, ce qui ne peut que contribuer à panser les blessures de ces dramatiques événements.

En effet, l’établissement d’un dialogue sincère et de relations fraternelles entre tous, en particulier entre ceux qui confessent un Dieu unique et miséricordieux, est une urgente priorité que les responsables, tant politiques que religieux, doivent chercher de favoriser et que chacun est appelé à mettre en œuvre autour de soi. Alors que la tentation de se replier sur soi-même, ou bien de répondre à la haine par la haine et à la violence par la violence est grande, une authentique conversion du cœur est nécessaire. C’est là le message que l’Évangile de Jésus nous adresse à tous. On ne peut répondre aux assauts du démon que par les œuvres de Dieu qui sont pardon, amour et respect du prochain, même s’il est différent.

Chers frères et sœurs, je vous assure encore une fois de ma prière et de toute la tendresse du successeur de Pierre. Je prie aussi pour votre cher pays et pour ses responsables afin que soit édifiée sans relâche une société juste, pacifique et fraternelle. En signe de ma proximité, j’invoque sur chacun de vous le secours de la Vierge Marie et l’abondance des Bénédictions divines.

 Le Seigneur bénisse vous tous (paroles prononcées en français)








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