2016-08-27 16:14:00

Pape François : la Miséricorde doit être au cœur de toute action pastorale


(RV) Le monde fragmenté d’aujourd’hui a besoin de pasteurs qui sachent se montrer miséricordieux, car cela transforme les cœurs des hommes et renforce des parcours d’espérance. «Montrer miséricorde», cela devrait être le propulseur de toute action pastorale et missionnaire.

C’est l’idée que développe le Pape François dans un message vidéo adressé aux évêques, prêtres, religieux et laïcs qui participent à Bogota en Colombie à un congrès jubilaire organisé du 27 au 30 aout 2016, dans le cadre de l’Année de la miséricorde, par le Conseil épiscopal latino-américain, le Celam et la commission pontificale pour l’Amérique latine, en collaboration avec les évêques américains et du Canada.

Blandine Hugonnet revient pour nous sur le message vidéo du Pape qui s’appuie sur les propos de l’apôtre Paul à Timothée : «le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs. Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience».

Que dit Paul à Timothée ? En se disant pécheur, l’apôtre ne cherche pas à se victimiser, il ne cherche pas non plus à se glorifier quand il dit qu’il lui a été fait miséricorde… Il lui a été fait miséricorde. Le Pape souligne l’emploi passif du verbe. Malgré son passé, il s’est laissé transformer par la miséricorde de Dieu et son cœur en a été chamboulé à tel point qu’il souhaite partager son expérience. Cela montre, explique le Pape, combien loin d’être «une idée, un désir, une théorie» ou même une idéologie, la miséricorde est «une manière concrète de toucher» la fragilité de l’autre, de se faire plus proches des autres :

«C’est une manière concrète de se rapprocher des personnes là où elles se trouvent, de donner le meilleur de nous-mêmes pour que les autres puissent se sentir ‘soignés’, loin de l’idée que dans leur vie la dernière parole doit dite. Soignés pour que ceux qui se sentent écrasés par le poids de leurs péchés, se sentent soulagés parce qu’ils reçoivent une nouvelle possibilité».

L’action de Dieu «part du cœur pour arriver à ses mains» sans peur de  toucher ou de caresser, sans se scandaliser ou condamner, sans abandonner personne. Et ainsi, poursuit le Pape, «la manière dont nous traitons les autres ne doit pas être guidée par la peur» qui distingue, sépare, divise et provoque un sentiment de culpabilité et de peine, mais au contraire par l’espérance.

«Agir sur la base de l’espérance dans le changement prédispose à la confiance et à l’apprentissage pour se remettre debout, en cherchant constamment à créer de nouvelles opportunités». Cela permet de regarder vers le futur.

Il faut que notre cœur batte, préparant nos mains à l’action. Et cela nécessite de la créativité prévient le Pape, car il n’existe «aucun modèle» ni aucune «recette». Cela requiert une «saine liberté d’esprit qui permet de comprendre ce qui est le mieux pour l’autre, pour qu’il puisse comprendre». «Cela nous fait sortir de derrière nos murs».

Le Pape met les membres du Celam en garde. On pourrait être scandalisé, c’est assez «automatique» par la parabole du fils prodigue, par la tendresse du père qui étreint son fils qui l’a trahi. Mais cela arrive parce qu’une «logique séparatiste nous envahit» et nous pousse à fracturer un peu plus notre réalité sociale entre bons et en mauvais. Derrière cela, poursuit le Pape, il y a «une perte de mémoire», «un Alzheimer spirituel», on oublie comment Dieu nous a fait miséricorde.

«La miséricorde n’est pas  une théorie à brandir : "Ah ! Maintenant, c’est la mode de parler de miséricorde en raison du Jubilé, donc on la suit." Non, ce n’est pas une théorie à brandir afin que notre condescendance soit applaudie, c’est plutôt l’histoire de nos péchés dont il faut nous rappeler. Lesquels ? Les nôtres, les miens, les tiens. C’est un amour qu’il faut louer. Lequel ? Celui de Dieu qui m’a montré sa miséricorde».

Dans une culture «fragmentée», «du rejet» et contaminée par l’exclusion, toute l’action de l’Église, se «joue» sur cela : c’est notre «unique devoir», prendre soin les uns des autres avec miséricorde. Il faut être des pasteurs qui soignent pour «renforcer les parcours d’espérance» et non qui «maltraitent». Cela doit apparaitre dans nos catéchèses, dans nos séminaires, dans nos activités missionnaires, dans nos plans pastoraux, conclut le Pape. Car, sans cela notre pastorale sera «tronquée à mi-chemin».

(CV-MA)

 








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