2016-08-13 19:46:00

Méditation pour le 20ème Dimanche du Temps ordinaire


(RV) Le Père jésuite Raphaël Bazebizonza nous introduit à la méditation avec les lectures du 20ème dimanche du temps ordinaire : 

Nous écoutons aujourd’hui une parole qui provoque en nous une secousse et qui doit être expliquée, sinon elle pourrait engendrer des malentendus. En effet, alors qu’il monte à Jérusalem, Jésus fait une déclaration pour le moins surprenante : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fût allumé » (Lc 12, 49). Qu’est-ce que cela signifie ? De quel feu s’agit-il ? Comment, en effet, comprendre que Jésus, qui a empêché Jean de faire descendre du feu (Lc 9, 54) pour détruire le village de Samaritains qui avaient refusé de les accueillir change maintenant de langage ? Je suis venu apporter un feu. Bien plus, Jésus ajoute : « Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées, trois contre deux et deux contre trois ils se diviseront… ». J’apporte la division.

A première vue, cette déclaration nous semble contradictoire, et s’oppose aux valeurs annoncées par le Messie : la justice, l’amour, la paix. L'Évangile du Christ est le message par excellence de paix; Jésus lui-même, comme écrit saint Paul, « est notre paix » (Ep 2, 14), mort et ressuscité pour créer dans le monde et dans le cœur humain le goût de la rencontre et la joie du vivre-ensemble. Comment comprendre alors ces paroles ? À quoi le Seigneur se réfère-t-il lorsqu'il dit être venu apporter – selon le récit de saint Luc – la « division », ou – selon celui de saint Matthieu – l'épée » (Mt 10, 34) ?

La réponse à cette question est donnée cinquante jours après la résurrection, à la Pentecôte, lorsque les disciples, réunis au Cénacle avec Marie notre Mère, virent apparaître des langues de feu; … Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint » (Actes des Apôtres 2, 3-4). Le feu dont parle le Seigneur, c’est son Esprit, l’Esprit Saint versé au creux de nos mains et dans nos cœurs. C’est Jésus lui-même qui l’apporte et nous en fait don. Il ne l’a pas arraché aux dieux, comme Prométhée, selon le mythe grec. C’est un feu qu’il a reçu des mains de son Père dès la création du monde pour « renouveler la face de la terre » et des pauvres créatures que nous sommes en nous purifiant du mal et en nous libérant de la domination du péché et de la mort (cf. Ps 103/104,29-30). Ce « feu » pur, nous chrétiens, nous le recevons, dans les sacrements, dans le bain de la miséricorde dans lequel nous plonge le Seigneur. Ce feu, c’est le feu de l’amour que nous appelés à vivre avec le prochain, pour prolonger dans le monde l’œuvre rénovatrice du Christ. L’amour comme feu est comme le buisson qui est embrasé, mais qui ne se consume pas (cf. Ex 3, 2). C’est une flamme qui brûle, mais ne détruit pas ; qui au contraire, en s’embrasant, purifie et transforme.

Et pour cela, elle doit nous diviser, c'est-à-dire balayer en nous et autour de nous les pesanteurs qui nous tirent vers le bas, nous excommuniant. Nous qui préférerons demeurer comme nous sommes, nous qui ne voulons pas perdre quelque chose de nous-mêmes, nous qui avons peur de renoncer à quelque chose auquel nous sommes attachés, le Seigneur nous appelle à nous laisser toucher par son feu pour la transformation du monde et de nos vies. Amen. (JPB)








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