(RV) Dans un angle de la salle Clémentine, là même où Benoît XVI avait surpris le monde en annonçant sa renonciation, un chant porté par un chœur d’enfants s’élève. Il a ouvert cette fête souhaitée par le Pape François pour les 65 ans de sacerdoce de son prédécesseur. Le Pape émérite, toujours discret et humble, fragile mais bien présent dans son habit blanc, l’a préférée modeste. Assis à droite du Pape François, sur une chaise à l’écart face aux cardinaux de la curie, quelques évêques et invités. Son frère Georg ordonné avec lui en 1951 en Bavière, dans le sud de l’Allemagne, aurait voulu être présent. Manuella Affejee
Benoît XVI attentif a écouté François le remercier de continuer à servir l’Eglise « en vivant et témoignant de façon si intense et lumineuse de l’amour de Dieu qui remplit le cœur et nous permet de regarder l’avenir avec joie, même dans les années avancées de notre vie ». « Continuez à servir l’Eglise », « ne vous arrêtez pas de contribuer avec vigueur et sagesse à sa croissance ». François remercie Benoît XVI de son dévouement, de sa fidélité et de même de son sens « sain et joyeux » de l’humour qui lui font tant de bien, à lui et à toute l’Église.
Alerte et visiblement heureux Benoît XVI a applaudi, s’est levé, tendant le mains vers François pour l’accueillir : une accolade chaleureuse entre frères sous les applaudissements nourris des cardinaux.
Benoît XVI fut ému ensuite d’entendre le cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré Collège, revenir sur les souvenirs de son ordination évoqués en 2006 lors d’un voyage en Bavière . « Prostré à terre, enveloppé de la Litanie des saints, je me rendais compte que sur ce chemin nous ne sommes pas seuls, mais que la grande lignée des Saints cheminait avec nous, et que les saints encore en vie, c’est-à-dire que ceux d’aujourd’hui et de demain nous soutenaient et nous accompagnaient. Puis ce fut l’imposition des mains et le cardinal Faulhaber nous dit : ‘Jam non dico servos, sed amicos’, alors nous avons expérimenté le fait que l’ordination sacerdotale est comme une initiation dans la communauté des amis de Jésus, qui sont appelés à être avec Lui et à annoncer son message ».
« Eucharistomen »
Le Pape émérite a ensuite pris la parole. Une intervention brève, improvisée, mais pourtant dense et ciselée, centré sur le mot grec « Eucharistomen », Action de grâce.
Il a adressé des remerciements au Pape François qui à tous les moments de sa vie au Vatican lui a témoigné sa bonté ; bonté qui l’a surpris et porté intérieurement. « Plus que dans les jardins du Vatican, avec leur beauté, Sa bonté est le lieu où j’habite : Je me sens protégé ». Benoît XVI a souhaité que François puisse aller de l’avant, « avec nous tous », sur le chemin de la miséricorde de Dieu, qu’il puisse montrer à tous le chemin conduisant à Jésus. Le Pape émérite a remercié le cardinal Sodano de son amitié « présente et tangible » et de ses paroles qui lui sont allées « droit au cœur ». « Vous avez interprété l’essence de ma vision du sacerdoce ».
« Eucharistomen ». Avant de saluer tour à tour les cardinaux présents, Benoît XVI a rappelé la nouvelle dimension que le Christ a donné à la réalité du remerciement. Il a transformé la Croix, la souffrance et le mal de ce monde en bénédiction. « Faisant ainsi il a fondamentalement transsubstanté la vie et le monde, et nous a donné et nous donne chaque jour le Pain de la vraie, qui dépasse le monde par la force de son amour. Enfin, il a souhaité « nous insérer dans ce ‘merci’ au Seigneur pour recevoir réellement la nouveauté de la vie et aider à la transsubstantiation du monde : que ce soit un monde non de mort mais de vie ; un monde dans lequel l’amour triomphe de la mort. » (XS-MD)
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