2016-06-07 18:27:00

Philippines : le futur président affiche son mépris pour l'Église


(RV) Les rapports ne cessent de se détériorer aux Philippines entre le futur président et l’épiscopat. Élu le mois dernier à la tête du pays, Rodrigo Duterte dénonce les valeurs portées par le clergé catholique, coupable à ses yeux de la surpopulation de l’archipel. De leur côté les évêques ont lancé une campagne contre le rétablissement de la peine de mort, qui avait été abolie en 2006. Ces jours derniers le président qui doit entrer en fonction à la fin du mois a qualifié l’Église catholique d’institution la plus hypocrite du monde accusant publiquement les évêques d’être corrompus. L’épiscopat lui a répondu, dans un ton beaucoup plus mesuré.

Olivier Bonnel

Dans un message publié sur le site de son diocèse, le président de la Conférence épiscopale répond en exaltant «la vertu du silence qui ne doit pas être interprétée comme un signe de lâcheté». «La sagesse, écrit-il, c’est de savoir quand il faut parler et quand il faut se taire». Mgr Socrates Villegas invite les fidèles à comprendre le langage du silence. «Mon silence est celui de Jésus face à l’arrogance de Pilate, écrit-il, c’est le langage de la paix qui rejette la magie obscure de la vengeance. C’est le silence de l’attente vigilante que le destin s’accomplisse. C’est le silence du respect à l’égard de ceux qui nous considèrent comme des ennemis mais pour lesquels nous prions et auxquels nous souhaitons le bonheur.»

Il y a quelques mois, Rodrigo Duterte avait déjà copieusement injurié le Pape François lui reprochant d’avoir causé de gigantesques embouteillages dans les rues de Manille lors de sa visite aux Philippines au début de l’année. L’Église catholique s’est dite surprise de ce comportement violent et gratuit qui ne sied pas à un président. Un président qui s’en est également pris avec virulence aux Nations unies, les accusant d’être trop faibles pour régler par exemple la situation au Proche-Orient.

Jugeant ses déclarations dangereusement irresponsables, des experts des droits de l'homme de l’ONU l’ont exhorté lundi à arrêter d’inciter à la violence voire au meurtre, en particulier contre les journalistes et les trafiquants de drogue. De nombreuses ONG craignent des exécutions extrajudiciaires et la fin de l'État de droit.

(CV-RF avec Sir)

 

 








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