2016-05-05 19:31:00

Veillée pour "essuyer les larmes" : des témoignages poignants de consolation


(RV) Trouver une parole de consolation. Lors de la veillée pour “essuyer les larmes” de ceux qui souffrent qui a eu lieu jeudi 5 mai, en la Basilique Saint-Pierre de Rome, trois témoignages de vie ont été écoutés par les fidèles présents. La cérémonie, présidée par le Pape François, est centrée sur l’une des sept œuvres de miséricorde spirituelle, en cette année jubilaire : la consolation des affligés.

Parmi ces trois témoignages de souffrances, Giovanna et Domenico ont fait part de leur douleur d’avoir perdu leur fils ainé, Antonio, qui s’est suicidé. Il est «désormais au Ciel depuis presque 5 ans, après avoir décidé, sans explication, de s’ôter la vie, à l’âge de 15 ans» partage la mère de famille avec émotion. C’est dans cette douleur que la famille a ressenti la main de Dieu, la force de l’Amour. Touchée par le «doigt de Dieu», explique-t-elle, elle est tombée sur un livre de sa bibliothèque, découvrant ainsi l’existence de «cette merveilleuse famille, "Enfants dans le Ciel", fondée par Andreana, mère, elle aussi, d’une fille au Ciel. J’ai pris contact avec elle, et c’est ainsi que s’est ouvert un merveilleux dialogue ; j’ai trouvé, avec mes proches, une famille spirituelle qui nous a ouvert les bras.»

« Courage, je suis là pour toi »

Son mari raconte à son tour : «le jour des funérailles d’Antonio, j’étais dans l’église, anéanti, confus, stupéfait, et je contemplais, incrédule, le corps merveilleux et inerte de mon fils. J’avais failli comme parent, comme époux, comme père, comme chrétien. Je n’étais rien. Et soudain, un homme a fait son entrée dans l’église, un inconnu. Il m’a vu, et sans me connaître, est venu vers moi et m’a serré dans ses bras. Il m’a dit : "j’ai vu l’avis de décès, moi aussi, j’ai vécu cette expérience avec ma fille, il y a 2 ans. Courage, je suis là pour toi". J’ai senti que cette étreinte venait directement du Ciel.»

Raffaele, le petit frère d’Antonio, 14 ans, se rappelle avec beaucoup d’émotion cet événement tragique. «J’avais seulement 9 ans, et ma sœur Chiara en avait à peine 5. Bien qu’étant enfant, je me suis tout de suite rendu compte de ce qui s’était passé, et je me suis senti perdu, seul. Cette expérience m’a traumatisé, et je me suis d’abord éloigné de Dieu, parce que je ne comprenais pas pourquoi il m’avait pris mon frère ainé. Il y avait tant de colère en moi.» Grâce à la consolation et la foi de ses parents, Raffaele a eu «une sorte de conversion» : «Je me suis rapproché de l’Église, et j’ai commencé à comprendre la vraie signification de l’Eucharistie.»

Aujourd’hui, dit-il «je me vois moi-même, les autres et le monde qui m’entoure avec un regard neuf. C’est Dieu qui me donne sa consolation, je le sens, et il m’encourage à poursuivre mon chemin, comme jeune de 14 ans, mais aussi comme chrétien dans la foi, redécouverte de manière plus forte et plus authentique, grâce à cette terrible expérience.»

Un journaliste chrétien pakistanais accueilli par l’Italie

Après un temps de prière, Qaiser Felix a témoigné à son tour de son parcours. Accompagné de sa femme et ses deux enfants, ce Pakistanais a été journaliste pendant de nombreuses années dans son pays, se faisant la voix de la minorité chrétienne au Pakistan, «pour raconter la vie difficile à laquelle ils sont astreints, discriminés en raison de la loi contre le blasphème, et souvent victimes de violences, jusqu’à l’assassinat. Mon travail me plaisait beaucoup, c’était pour moi plus qu’un métier pour nourrir ma famille, c’était ma bataille, je voulais donner la parole aux souffrances de la minorité chrétienne persécutée.»

En 2007, Qaiser Felix reçoit le prix international attribué par l’association des journalistes catholiques, et en devient le secrétaire national pour l’Asie du Sud. Devenu une personnalité connue pour ses articles, «certains groupes terroristes qui considéraient mes paroles comme une attaque contre le pays et l’islam» l’ont menacé, lui, sa femme et ses enfants. Malgré ses appels à l’aide, il lui a été conseillé d’immédiatement de quitter son travail de journaliste et de fuir : «Tous me donnèrent cette réponse lapidaire et sans appel : "C’est fini. Laisse ton travail et la ville. Mets ta famille en sécurité, et fuis le plus vite possible".»

«Parachuté» à Rome, comme réfugié politique, Qaiser Felix ne peut poursuivre son activité de journaliste. Mais il «n’a jamais baissé les bras», pour «réinventer» sa vie en Italie et trouver «des petits boulots» pour envoyer de l’argent à sa famille restée au Pakistan, jusqu’à son arrivée à Rome en 2011. «Aujourd’hui, grâce aux pères jésuites, ma femme et moi travaillons dans un institut universitaire à Venise. Mes enfants vont à l’école. Ils sont doués, ils ont appris l’italien, vite et bien, et leur futur est ici, désormais» raconte-t-il.

C’est la foi qui a été son «ancre de salut» pendant «ces moments de ténèbres», et ces amis et collègues «la providence de Dieu».
C’est aussi pour les «frères chrétiens persécutés restés au pays» que Qaiser Felix a voulu témoigner «de la vie et de la grandeur de Dieu miséricordieux». «En ce moment si important, permettez-moi de rappeler ceux qui sont restés au pays, tous ces frères chrétiens persécutés, ces hommes et ces femmes qui risquent chaque jour leur vie, des violations des droits humains et des persécutions. Ne les laissons pas seuls. Ils ont besoin de notre prière, et de notre aide.»

Sauvé de la dépression par la conversion de son frère

Le dernier témoignage poignant est celui de Maurizio Fratamico, un animateur à succès, remplissant des salles de spectacle «avec des milliers de personnes», croyant au «mythe du succès, de la célébrité, du divertissement, de l’avoir» et obtenant tout ce qu’il voulait. Mais jamais le bonheur. «J’avais tout ce qui me semblait utile et nécessaire à mon bonheur, et pourtant, je me sentais seul, vide, pas aimé, et ma vie n’avait aucun sens.»

Maurizio a un frère jumeau. À cette époque, lui aussi «vivait les mêmes expériences», «nous partagions le même idéal, les mêmes succès et échecs, dans ce monde éphémère et doré des villages touristiques.» Et un jour, son frère lui annonce qu’il s’est converti. «Il avait rencontré Dieu dans les yeux d’une petite fille pauvre du Cap-vert, où il travaillait.» C’est racontant cette expérience de Dieu que Maurizio «a débuté un autre chemin», à la recherche lui aussi, «de cette joie».

Maurizio a rencontré Dieu à son tour à travers les jeunes «qui ont éprouvé tant de difficultés», accueillis par la communauté Nuovi Orizzonti. Une expérience à la fois douloureuse et de renaissance, qu’il a vécue en versant de nombreuses larmes. «Il a fallu tout un parcours de connaissance de soi, et de guérison de cœur, pour me retrouver, et trouver Dieu dans mon cœur.» C’est «grâce à ses larmes», qu’il a retrouvé le chemin de la foi et est aujourd’hui, avec sa femme, un «instrument de l’amour du Père».

«Nous vivons au sein de la communauté Nuovi Orizzonti, nous dédiant aux autres avec nos talents artistiques, pour porter cette étreinte qui a changé nos vies, et témoigner partout qu’il est possible de vivre sur la terre comme au ciel, et que cette joie que Jésus-Christ est nu nous apporte existe bel et bien.»
Après ces témoignages de souffrances et de consolation, le Pape François a prononcé une méditation.

Après chaque témoignage, introduit par des lectures bibliques, une bougie allumée a été portée devant la relique de Notre-Dame des Larmes de Syracuse, dans lequel, les larmes humaines qui sont coulée du bas-relief en 1953 ont été recueillies.

(BH-MA)








All the contents on this site are copyrighted ©.