(RV) Le Pakistan est un pays à forte majorité musulmane où les chrétiens sont minoritaires
et discriminés, parfois même persécutés, et où sévit une loi sur le blasphème trop
souvent utilisée pour régler des comptes personnels. Dans ce même pays, des paysans
musulmans ont contribué à une collecte de fonds lancée pour construire une nouvelle
église catholique.
Cela s’est passé dans la région du Pendjab, dans un village où il n’y a que huit familles
chrétiennes. Leur lieu de culte, une chapelle en boue séchée, a été détruit par les
pluies violentes de la dernière mousson. Contraints de prier chez eux, les catholiques
ont demandé l’aide des autres villageois pour construire une église. Si la plupart
des dons sont modestes, il y en a d’autres qui ne passent pas inaperçus : un musulman
a donné environ 2000 roupies le dimanche de Pâques, un homme d’affaires, lui aussi
musulman, a offert 30 000 roupies. Les murs extérieurs ont déjà pu être érigés grâce
à la contribution de tous.
«C’est le dialogue de vie» commente le père Aftab James Paul, un prêtre qui
effectue régulièrement des visites pastorales dans ce village. Le Père Paul a dirigé
pendant neuf ans la commission pour le dialogue interreligieux du diocèse pakistanais
de Faisalabad. Il souligne que ce geste réconfortant n’est pas le premier du genre.
En 2005, une autre église catholique avait été financé avec la contribution de fidèles
musulmans. Mais quatre ans plus tard, hélas, au même endroit, des chrétiens accusés
de blasphème furent brûlés vifs et quatre églises furent entièrement détruites. «Nous
avons trop de préjugés», commente le Père Paul.
Au Pakistan, les chrétiens représentent un peu plus de 2% de la population à grande
majorité musulmane sunnite. Intimidations , faible niveau de vie, emplois subalternes
et mal payés, femmes enlevées et converties de force à l’islam. Depuis les années
1990, cible facile et vulnérable, ils vivent un véritable calvaire. Jusqu’ici, l’État
pakistanais n’a eu ni la volonté politique ni les moyens de les protéger.
La situation des chrétiens pakistanais est au cœur des préoccupations du Pape François.
Ce jeudi 5 mai au soir, un journaliste catholique pakistanais ayant fui son pays pour
mettre sa famille en sécurité s’est exprimé devant le Saint-Père. Il figurait parmi
les trois témoins invités à prendre la parole lors de la veillée convoquée pour essuyer
les larmes de ceux qui souffrent dans le monde.
(BH-RF avec Osservatore romano)
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