2016-04-22 17:11:00

Interdire l'alcool risque d'accentuer les discriminations en Inde


(RV) L’Église catholique indienne s’inquiète de l’interdiction de la production et vente de l’alcool dans l’état du Bihar, au nord-est du pays, l’un des plus pauvres de l’Inde. L’agence Églises d’Asie rapporte que le ministre-président de cet État, réélu en octobre dernier pour un troisième mandat avait fait état de la lutte contre l’alcool l’un des thèmes forts de sa campagne, après avoir rencontré des centaines de femmes qui militaient pour son interdiction. Selon ces femmes, l’alcool était la principale cause de la pauvreté, de la violence domestique et du harcèlement que les femmes subissent au sein des cellules familiales.

Depuis le 5 avril, il est désormais totalement interdit de vendre ou produire de l’alcool, et en cas d’infraction, les amendes peuvent aller jusqu’à des peines de prison ou une condamnation à mort. Si la mesure part d’une bonne intention, elle provoque de nombreuses oppositions sur le terrain. La distillation de l’alcool est en effet la seule ressource pour de très nombreuses communautés locales, parmi les plus pauvres. «L’histoire nous montre que l’interdiction totale d’alcool n’a jusqu’à présent, jamais été une réussite», déplore le père Philip Manthara, un jésuite qui travaille depuis une vingtaine d’années auprès des marginalisés du Bihar. Plutôt que d’interdire, l’État aurait selon lui besoin d’un vaste plan d’éducation pour sensibiliser les habitants aux dangers de l’alcool. Un plan qui prévoit également de les soigner lorsque c’est nécessaire.

La communauté des Musahars est particulièrement visée. Les Musahars appartiennent à une des classes les plus basses des Dalits, les intouchables. Seuls 7% d’entre eux sont lettrés, alors qu’en Inde, 64% de la population sait lire et écrire. D’après une étude menée par Caritas India, aucune école n’est présente dans les villages des Musahars.

(CV-OB avec Églises d’Asie) 








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