2016-04-18 19:20:00

Congo : Mgr Portella appelle au courage face aux épreuves


Mgr Louis Portella Mbuyu, évêque de Kinkala, a adressé aux chrétiens de son diocèse un message d’encouragement face aux épreuves de bombardement et de déplacements qu’a connu début avril la population du Département du Pool.

Dans ce message, Mgr Portella invite ses chrétiens à ne pas se laisser entrainer par le découragement ou le désespoir, mais à se confier à la miséricorde de Dieu. L’évêque de Kinkala invite par ailleurs la population à trois démarches principales : d’abord à prier le Dieu de miséricorde, pour qu’il pardonne les fautes de tous, dirigeants et population ; et qu’il fasse prévaloir la paix véritable et définitive dans le pays. Deuxièmement, Mgr Portella invite à la réflexion, afin de tirer les leçons de l’histoire et de découvrir ce dont chacun est capable d’être et de faire pour le Pays. Mgr Portella invite enfin à se tourner vers l’avenir, en se pardonnant les uns aux autres et en ne se laissant pas bloquer et paralyser par le mal subi ; mais aussi en se redonnant réciproquement courage, dans le sens d’une plus grande solidarité et d’un plus grand dynamisme pour le développement du pays.

Mgr Portella conclu son message en s’adressant aux jeunes. Il les invite à ne pas se laisser abattre devant l’incertitude de l’avenir ; à ne pas se laisser manipuler par les forces politiques pour ne pas compromettre leur avenir ; et à travailler pour subvenir à leur vie.

 

Voici, en intégralité, le message de Mgr Louis Portella Mbuyu

 

Message d’exhortation de son Excellence Monseigneur Louis PORTELLA MBUYU, Evêque du Diocèse de Kinkala, aux chrétiens du Diocèse de Kinkala face aux épreuves des bombardements et des déplacements des populations dans le Département du Pool.

 

Appel à l’espérance.

 

« Oui, j'en ai l'assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les principautés, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur, notre Seigneur ». (Rm 8, 38-39)

 

Bien chers frères,

Nous voici encore dans l’épreuve.

Nous avions pourtant pensé, après les tribulations que nous avons connues il y a presque dix-huit (18) ans que c’était une page tournée définitivement et que le cri de cœur de la population congolaise qui avait retenti partout dans le pays : "Plus jamais ça !" était un engagement devant Dieu et devant les hommes de préserver la paix "envers et contre tout".

Et voilà, contre toute attente, que le bruit des bombes s’est encore fait entendre, provoquant le déplacement forcé et précipité des populations de tous âges exposées à toutes les intempéries de la saison.

Certains parmi nous ont dû, au fond de leur cœur, se poser la question d’une malédiction de la part de Dieu, comme il est écrit dans le livre du Prophète Jérémie :

« As-tu donc rejeté Juda ?

Es-tu pris de dégoût pour Sion ?

Pourquoi nous frapper sans remède ? » (Jr 14, 19) 

 

Mais non, mes bien chers frères !

Dieu ne maudit jamais. Sa miséricorde est infinie, comme nous l’a rappelé le Pape François en cette année jubilaire de la Miséricorde.

Comme le dit le Psaume 102 (103) :

 

« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour…

Il ne nous traite pas selon nos péchés, ne nous rend pas selon nos offenses…

Mais l’amour du Seigneur pour qui le craint est de toujours à toujours » (Ps 102 (103), 8. 10. 17).

 

Dieu ne peut être indifférent à l’égard de nos souffrances. Comme le dit le Pape François :

« La miséricorde de Dieu est sa responsabilité envers nous. Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et nous voir heureux, remplis de joie et de paix ». (Misericordiae Vultus, n°9).

Forts de cette assurance, et, comme le dit l’auteur de l’épitre aux Hébreux :

« Les yeux fixés sur Jésus Christ l’initiateur de notre foi et qui la mène à la perfection » (He 12, 1-2),

ne nous laissons donc pas entraîner au découragement, au désespoir.

C’est un moment de grâce où le Seigneur nous invite à nous ressaisir, à nous réveiller.

 

Oui, sachant qu’

« il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu." » (Ac 14, 22),

nous sommes invités à trois démarches principales :

 

1°. D’abord, prier.

 

Invoquer le Dieu de miséricorde infinie, pour qu’Il nous pardonne nos fautes, pour qu’Il pardonne les fautes de nos dirigeants, pour qu’Il fasse prévaloir la paix véritable et définitive dans notre pays.

Car, comme le dit le Psaume 85 :

 

« Ce qu’il dit c’est la paix, pour son peuple et ses fidèles, qu’ils ne reviennent jamais à leur folie ». (Ps 85, 9)

Que dans nos paroisses, dans nos mabûndu, dans nos bintuâdi, dans nos mbôngi, dans nos familles, nous ne cessions de supplier le Seigneur pour la paix véritable, dans l’amour, la vérité et la justice.

 

2°. Ensuite, réfléchir.

 

Il convient de réfléchir pour tirer les leçons de notre histoire, pour déceler ce qui nous rend vulnérables, pour redécouvrir ce dont nous sommes capables d’être et de faire pour nous-mêmes et pour notre cher pays auquel nous sommes tous fiers et heureux d’appartenir.

Dans ce sens, écoutons cette interpellation du Pape François, dans son Message du Carême 2014 :

« Lorsque le pouvoir, le luxe et l’argent deviennent des idoles, ils prennent le pas sur l’exigence d’une distribution équitable des richesses. C’est pourquoi, il est nécessaire que les consciences se convertissent à la justice, à l’égalité, à la sobriété et au partage ».

 

3°. En fin, nous tourner vers l’avenir.

 

Comment ?

En nous pardonnant les uns aux autres et en ne nous laissant pas bloquer et paralyser par le mal que nous avons subi.

En nous redonnant réciproquement courage, dans le sens d’une plus grande solidarité, d’un plus grand dynamisme pour le développement de notre région.

 

Dans cette perspective, je m’adresse particulièrement aux jeunes :                     Ne vous laissez pas abattre devant cet avenir qui vous semble incertain et quasi bouché. Ne vous laissez pas manipuler par aucune force politique pour que rien ne compromette votre avenir. Prenez conscience pour comprendre les enjeux du moment. Soyez toujours courageux et cherchez à travailler, même avec des petits moyens, pour subvenir à votre vie.

Ecoutez ce que déclare le Psaume 27 :

« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage, espère le Seigneur ». (Ps 27, 14)

 

Bref, comme nous y invite l’Apôtre Paul, dans sa lettre aux Romains,

 

« Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien ». (Rm 12, 21)

 

Rappelons-nous ces paroles de l’Apôtre Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens :

 

« Au moment favorable, je t'ai exaucé ; au jour du salut, je t'ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut ». (2 Co 6, 2) 

 

Oui, transformons ce moment d’épreuves en un "moment favorable" pour l’avenir de notre région et de notre pays.

 

« Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière. Que le Seigneur soit avec vous tous ». (2 Thés 3, 16)

 

Donné à Kinkala, le 13 Avril 2016

† Mgr Louis PORTELLA MBUYU

Evêque de Kinkala








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