2016-04-12 16:53:00

Les évêques du Kenya s'engagent contre les divisions ethniques


(RV) Près de six mois après la visite du Pape François dans le pays, les évêques du Kenya lancent un vibrant appel contre la corruption et les alliances politiques basées sur les ethnies : dans une longue déclaration rendue publique au terme de son assemblée plénière à Nairobi, la Conférence épiscopale exhorte le gouvernement kenyan à «déraciner ces pratiques pour sauver la nation». Elle fait état de «tendances dangereuses qui devraient inquiéter et étonner tous ceux qui ont à cœur ce pays ; les idéaux et les principes pour lesquels les générations précédentes ont lutté et donné leur vie partent à la dérive».

Les évêques kenyans décrivent la corruption comme un cancer qui dévore le pays, y compris la magistrature, avec des conséquences dramatiques sur le tissu social : pauvreté, insuffisance des soins de santé et des structures scolaires, chômage des jeunes, diffusion des pots-de-vin, pourrissement des institutions. Les scandales de corruption se sont en effet multipliés au cours des derniers mois au Kenya, y compris au sein du gouvernement et de ses nombreuses institutions, fragilisant l’environnement des affaires.

Fin novembre, cinq ministres impliqués dans des affaires de corruption ont été démis leurs fonction et une sixième a démissionné. L’impunité ajoutée à une culture ethnicisante a créé une sorte d’écosystème de corrompus constitué de tous ceux qui bénéficient directement ou indirectement du pillage frénétique des caisses publiques. Ce fléau a également déréglé les rouages de l’appareil judiciaire et constitue le plus grand obstacle au développement, alors qu’une partie de la population croupit dans la pauvreté.

Autre motif d’inquiétude pour les évêques : la radicalisation ethnique que l’on retrouve au sein des alliances politiques. Celles-ci, déplorent-ils, «ne sont plus fondées sur des idéaux partagés mais sur des agrégations claniques. Le tribalisme est pratiqué sans vergogne surtout au niveau local avec des favoritismes au niveau de l’embauche.»

Dans la perspective des élections générales prévues en 2017, les évêques du Kenya demandent à la Commission électorale indépendante de surveiller le déroulement du scrutin car les alliances ethniques pèsent généralement lourd sur le résultat. Si ce rendez-vous électoral est lui aussi gangréné par la corruption et l’incompétence, avertit l’Église catholique, c’est la démocratie et le développement qui seront menacés.

(CV-RF)

 








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