Méditation pour le 5ème dimanche de Carême

Le Père jésuite Davy Dossou nous introduit à la méditation avec les lectures du 5ème dimanche de Carême 

(RV) Bien aimés dans le Christ, notre marche vers pâques se poursuit lentement mais sûrement. Les textes de la liturgie de ce dimanche sont un message de bonne nouvelle et d’espérance de la part d’un Dieu Libérateur et Sauveur. Dans la première lecture, c’est le prophète Isaïe qui annonce devant un peuple qui vient de vivre une longue période de captivité le grand dessein de Dieu de renouveler toute chose: “voici que je fais un monde nouveau: il germe déjà. Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides pour désaltérer mon peuple, mon élu”. Aujourd’hui, le même message de Dieu à travers le prophète Isaïe a valeur d’évidence: il nous touche et nous interpelle personnellement. Victimes des conflits et des catastrophes qui sévit dans notre monde, ils sont nombreux, ces millions de nos semblables qui vivent dans la désespérance et le pessimisme radical. Dans cette vallée de désolation et de détresse où Dieu sait reconnaître les siens, la prophétie d’Isaïe sonne comme un hymne à l’espérance pour nous consoler, pour nous dire sans cesse que tout n’est pas encore perdu, que Dieu continue de donner vie et espérance aux cœurs meurtris . Nos frères et sœurs chrétiens et non chrétiens qui vivent ces situations ont besoin de nous. Ils ont besoin de notre tendresse, de notre amour, de notre proximité, de notre disponibilité pour leur montrer la source d’eau vive qui coule dans le désert de nos vies et de notre monde actuel.

L’Evangile de ce jour nous relate le procès de la femme adultère. Les scribes et les pharisiens amènent à Jésus une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. La faisant avancer vers Jésus, ils disent: “Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu?” Leur procès ne laisse aucune chance de sortie à la femme: elle doit, à tout prix, être lapidée. Cette femme soupçonnée d’adultère est la figure de chacun de nous. Elle l’est à double titre: d’une part, figure de la catégorie de tous ceux et de toutes celles qui sont victimes quotidiennement de l’acharnement, du rejet, de l’exclusion de la part de la société et d’autre part, figure de notre humanité pécheresse qui a été adultère par infidélité à Dieu. “Que celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre”. Jésus, par cette parole,  nous fait comprendre que nous sommes tous pécheurs, tous complices du péché. Avant de jeter l’opprobre sur les autres, de les stigmatiser, nous devons d’abord nous examiner la conscience et nous rendre compte que nous ne sommes pas moins pécheurs qu’eux. Si tant est que le péché doit être combattu et rejeté, le pécheur a cependant besoin de notre compassion. Il est lui aussi un fils d’Abraham qui a besoin de guérison et de salut. Nous devons l’aider à se détourner de sa voie de perdition pour embrasser celle de Dieu qui est Salut et Joie. Car il y a de la joie au ciel pour un pécheur qui se convertit que pour les 99 autres qui n’ont pas besoin de conversion. C’est à la miséricorde que Jésus nous invite aujourd’hui. Au lieu de nous réjouir de la perdition de notre frère et sœur, au lieu de chercher à le ridiculiser davantage, nous devons plutôt être animés de compassion et de miséricorde pour lui, tout comme le Christ a été miséricordieux envers nous en pardonnant nos péchés. Aujourd’hui et plus que jamais,  nous sommes envoyés, non pas pour être pharisiens et scribes, mais pour être les témoins et les messagers de l'amour et de la miséricorde  de Dieu dans ce monde qui en a tant besoin. Daigne le Seigneur nous accorder la grâce d’humilité, de compassion et de miséricorde. Que son amour apaise nos cœurs afin que nous devenions nous-mêmes amour et miséricorde pour nos prochains. (KS)